LA RESISTANCE DE LA MARINE ROYALE
7 Octobre 2020 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE
Durant la guerre de Succession d’Autriche qui se termine en 1748 par le traité d’Aix-La-Chapelle, la Marine Royale résiste bien à une Royal Navy toujours supérieure en nombre.
Pendant ce conflit, l’escorte des convois marchands fut une des réussites majeures de la Marine Royale, face au blocus anglais. Sur les quarante-quatre vaisseaux disponibles en mai 1744, Maurepas en déploie vingt-et-un, soit presque la moitié, sous forme de petites escadres dans l’Atlantique ou aux Antilles pour protéger le commerce colonial. De plus, nombre de planteurs ont recours au pavillon neutre néerlandais pour fournir l’Europe, si bien que, ajouté à une politique réussie des convois, le commerce colonial français atteindra, à la fin de la guerre, 60% du trafic du temps de paix.
Il s’y ajoute la guerre de course. Il y aurait eu environ quatre cents armements corsaires qui ont permis d’obtenir mille quatre-cents prises et quatre-cent-cinquante rançons grâce aux corsaires basés en France métropolitaine, soit l'équivalent de deux ans de commerce colonial. À ces chiffres il faut ajouter l’émergence de la course antillaise, qui se développe à partir de Saint-Domingue et de la Martinique. De 1744 à 1747, cinquante corsaires martiniquais saisissent plus de trois-cent-cinquante navires pour 10 millions de livres tournois, permettent le ravitaillement des iles et gênent considérablement le commerce colonial anglais. Les Espagnols, qui pratiquent aussi la course, saisissent environ mille navires.
Finalement, plus de trois-mille-quatre-cents navires anglais seront capturés pendant le conflit pour une valeur minimale de 120 millions de livres tournois, tandis que la course anglaise se révèlera plus décevante : la guerre de course ne fut donc en rien une activité́ marginale durant la guerre de Succession d’Autriche.
En Méditerranée la situation évoluera aussi progressivement en faveur des Français même si les opérations y resteront secondaires. La Royal Navy mouille régulièrement sur les côtes provençales, mais sans pouvoir reprendre le blocus de Toulon levé́ en 1744.
Cette guerre fut donc très décevante pour l'Angleterre, qui ne parvint pas, malgré́ sa supériorité́ navale, à s'emparer des colonies françaises, hormis Louisbourg, et à étouffer son commerce. Mais en 1747, la Royal Navy changera d’amiraux et de stratégie, en mettant en place une nouvelle escadre, le Western Squadron, chargée de surveiller les côtes françaises de l'Atlantique et le port de Brest en particulier, ce qui aboutira à̀ de grandes batailles navales, les batailles du cap Ortegal en mai 1747 et du cap Finisterre en octobre 1747.
La première bataille mit aux prises les six vaisseaux de La Jonquière aux quatorze d'Anson, la seconde les huit vaisseaux de Létanduère aux quatorze de Hawke. Les deux divisions françaises succomberont après des combats acharnés, révélant au passage la qualité́ des nouveaux vaisseaux français de 74 canons alors que les Anglais essuyèrent de lourdes pertes. Ces deux batailles vont cependant avoir des répercussions considérables sur l'organisation de la Royal Navy et finalement, influer fortement sur la préparation du conflit suivant. Côté français, à la suite de ces bataille, Maurepas renforce l'escorte qui passe à huit vaisseaux, dont quatre de force (un 80 canons et trois de 74).
Début 1748, le rapport de force avec la Royal Navy est devenu trop déséquilibré pour être tenable. Avec vingt-trois vaisseaux et frégates pris, coulés ou naufragés, les deux dernières années de la guerre et malgré les lancements. La Marine Royale est passée de soixante-dix-neuf vaisseaux et frégates en 1745 à cinquante en 1748. En outre, vingt-sept vaisseaux sont en très mauvais état ou hors de service et 35000 marins français ont été capturés.
La paix d'Aix-la-Chapelle (18 octobre 1748) arriva juste à̀ temps pour empêcher un effondrement de la Marine Royale dont heureusement l'Angleterre n'eut pas conscience.
À SUIVRE