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Le blog d'André Boyer

L'EFFONDREMENT COLONIAL DE LA FRANCE

11 Janvier 2021 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

PONDICHÉRY APRÉS LE SIÈGE DE 1761

PONDICHÉRY APRÉS LE SIÈGE DE 1761

Peut-on avancer que la Royal Navy ait pris un ascendant psychologique sur la Marine Royale ? Les évenements de la fin de la Guerre de Sept ans peuvent le laisser croire.

 

Si la Marine Royale dispose encore d'une quarantaine de vaisseaux, ces derniers sont bloqués et sans équipage, en face d'une Royal Navy qui aligne cinq escadres complètes.

Grinçant, Louis XV se risque à faire de l’humour noir : "il n'y a plus en France d'autre marine que celle du peintre Vernet." Les Ministres de la Marine valsent. Machault d'Arnouville est renvoyé en février 1757, Peiresc de Moras exerce pendant seize mois et Massiac pendant cinq mois. Berryer reste en place de novembre 1758 à octobre 1761, mais c'est la période la plus noire de la Marine Royale car s’ajoutent aux défaites le quasi arrêt des lancements de navires à partir de 1758 .

C'est un ministère en pleine déroute que trouve le duc de Choiseul en 1761. Les comptoirs africains sont progressivement perdus : Saint-Louis tombe en avril 1758, avant les postes de traite échelonnés sur la rivière du Sénégal et plus au sud ceux de Gambie, celui de Ouidah et enfin Gorée en décembre 1758.

Les Antilles résistent plus longtemps. Quelques renforts ont été apportés par l'escadre de Bart en 1755, relayée par Perier de Salvert en 1756, puis celle de Bauffremont et de Kersaint en 1757. En janvier 1759, l'escadre anglaise de Morre débarque ses sept mille soldats sur la Guadeloupe, en subissant deux mille hommes, car l'île résiste.  

Bompar arrive dans les Antilles en mars 1759 avec huit vaisseaux et trois frégates, mais le gouverneur de la Martinique, Beauharnais, reste inerte pendant des semaines et lorsqu'il réagit pour secourir la Guadeloupe, il est trop tard, l’île vient de capituler en mai 1759 et les petites îles des Saintes, Marie-Galante et la Dominique tombent dans la foulée.

La révolte des esclaves de la Jamaïque explique le répit dont bénéficie la Martinique en 1760-1761, mais, le 7 janvier 1762, l’île est assaillie par trente-cinq vaisseaux qui pilonnent Fort-Royal et couvrent le débarquement de dix huit mille tuniques rouges. Or le successeur de Beauharnais, Le Vassor de La Touche, n’a que mille soldats à lui opposer. Le 28 janvier, il doit abandonner Fort-Royal. Replié sur Saint-Pierre, il signe une suspension d'armes le 13 février et se rend le 1er mars.

Choiseul a pourtant envoyé l'escadre de Blénac-Courbon avec huit vaisseaux et un fort renfort de cinq mille cinq cent soldats qui arrivent après la capitulation, mais ce renfort permet du moins de sauver Saint-Domingue.

Louisbourg étant tombée en 1758, le gouvernement français estime que la partie perdue au Canada et cesse pratiquement d'y envoyer des renforts. On a vu qu’en juin 1759, Québec était attaquée par une énorme flotte de vingt-deux vaisseaux, vingt-deux frégates et soixante-dix bâtiments de charge portant dix mille soldats embarqués, qui remonte sans encombre le Saint-Laurent alors qu'on pensait côté français que c'était presque impossible à cause des courants violents et des nombreux bancs de sable. Mais côté anglais on avait fait discrètement un relevé cartographique précis du fleuve, confiée à un jeune officier encore inconnu, James Cook.

On sait que Québec capitule en septembre 1759.

En avril 1760, un renfort symbolique de cinq navires marchands porteurs de vivres, de munitions et de quatre cent soldats escortés par une frégate de 26 canons quitte Bordeaux pour secourir le chevalier de Lévis qui tente de contre-attaquer devant Québec. Mais on a vu aussi qu'il n’y eut pas de miracle. Montréal, attaquée par trois armées anglaises capitule en septembre 1760.

Choiseul tente encore en 1762 un effort désespéré pour reprendre pied en Amérique du Nord afin de disposer de gages pour négocier la paix. Ternay, à la tête d'une division de cinq navires portant un corps de sept cent hommes réussit à atteindre Terre-Neuve et à débarquer à Saint-Jean en juin 1762. La ville est prise et Ternay détruit ou capture 470 navires de pêche provoquant un million et demi de livres de pertes pour les Anglais. Le petit corps expéditionnaire est finalement défait à la bataille de Signal Hill, marquant la fin du conflit en Amérique du Nord et la perte définitive du Canada Français. Reste cependant la Louisiane.

En Inde où parvient d'Aché au printemps 1758, ses renforts permettent à Lally-Tollendal de prendre Gondelour en mai, ce qui semble compenser la chute de Chandernagor. D'acné, qui dispose d'une division navale mixte, soit un 74 canons de guerre et huit navires de la Compagnie des Indes, renforcée de trois autres vaisseaux de 64 canons, il livre contre Pocock une bataille qu’il gagne difficilement dans les eaux de Négapatam le 3 août 1758. Comme d'Aché doit se retirer sur l'Île-de-France à l'approche de la mousson d'hiver, à l’inverse de l'escadre anglaise qui peut hiverner dans  sa base de Bombay, les forces françaises privées de soutien naval échouent à prendre Madras en février 1759, alors que les Anglais qui ont reçu d’importants renforts passent à l'offensive dans le Carnatic.

Pendant ce temps à l'Île-de-France, la Compagnie des Indes déploie des efforts gigantesques pour armer la division navale en faisant venir du ravitaillement de Madagascar et du Cap. Le 10 septembre 1759, d'Aché revient sur les côtes indiennes avec des renforts et de l'argent. Il livre un nouveau combat victorieux pour repousser Pocock, mais à peine a-t-il mouillé devant Pondichéry qu'il s'empresse, inquiet, de se réfugier dans les Mascareignes.  

La côte de Coromandel étant abandonnée à la Royal Navy, le sort des établissements français de l'Inde est scellé. Pondichéry, assiégé par seize vaisseaux et quinze mille hommes, capitule en janvier 1761 après dix mois de siège et la ville est ravagée de fond en comble. Mahé tombe le mois suivant. Ne reste plus à la France que l'archipel des Mascareignes où se sont repliés les vaisseaux français. Tandis que D'Aché rentre en mars 1761, d'Estaing fait, depuis l'Île-de-France, une brillante campagne corsaire avec deux navires dans le golfe Persique et à Sumatra, où il saccage de nombreux comptoirs anglais.

L'entrée en guerre de l'Espagne en 1761 sauve l'Île-de-France d'un débarquement anglais massif, mais la marine espagnole ne fait pas le poids car elle ne peut empêcher la Royal Navy de s’emparer de La Havane le 13 août 1762, de faire la conquête de la Floride, puis de prendre Manille le 22 septembre 1762.

 

La Royal Navy dominait le monde en 1763, lors du traité de Paris, et les prises furent en conséquence.

 

À SUIVRE

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