S'ÉVADER DE SA CONDITION ANIMALE?
6 Janvier 2021 , Rédigé par André Boyer
Je vous souhaite une excellente année 2021, avec le sentiment que les circonstances vont devenir plus favorables qu’en 2020, au moins en matière de Covid-19.
Mais ce Covid-19, nous n’avons pas fini d’en subir les conséquences et d’en tirer les leçons. L’une d'elles concerne le rôle de l’homme dans les événements qui se sont déroulés depuis le début de l’épidémie.
Bertrand Alliot* nous livre une des clefs de ce rôle en nous exhortant à ne jamais oublier que l’homo sapiens n’est qu’une espèce animale comme les autres. Cela signifie que croire que les règles qui s’imposent aux autres espèces ne vaudraient pas pour l’homme, ou présumer que ce dernier est capable de les contourner ou de s’en affranchir, n’est qu’illusion.
Il suffit d’observer les chroniqueurs du quotidien dénoncer les errements des hommes politiques comme s’ils étaient des héros capables de maitriser le Covid, pour finir, en bout de chaine, par constater que les résultats sont approximativement les mêmes partout et que, finalement, les mêmes mesures se sont imposées à tous les décideurs.
Dans cette situation, où est la liberté du politique ? Et où est la liberté de l’homme, qui a été soumis à la nécessité, comme toutes les autres espèces ? Peut-on vraiment considérer que l’homme vaut mieux que l’animal ?
Au moment où l’homme, ce héros de l’histoire, se trouve placé devant son destin d’espèce avec la pandémie du Covid-19, va-t-il, comme tous les autres êtres vivants, endurer sans les comprendre les assauts des éléments adverses ? Ou va-t-il, armé de sa clairvoyance, se révéler un être d’exception, parmi tous les animaux, capable d’organiser la meilleure défense possible contre le Covid-19 ?
Les résultats sont mitigés. D’un côté, l’homme a su s’organiser collectivement tout en lançant une gigantesque recherche de vaccin à l’échelle planétaire. Et il a mis en place un système qui lui a permis de se protéger du virus en attendant de trouver la parade.
Oui, on peut avancer que l’espèce humaine a su faire face au sort qui l’a frappé. Mais d’un autre côté elle ne l’a fait que le dos au mur, comme les autres espèces. À quoi servirent les innombrables mises en garde contre les risques de pandémie ? Quand a t-on décidé de limiter les échanges pour diminuer ce risque ? Même après que la pandémie ait débuté, les mesures de protection sont restées partielles et ont été appliquées tardivement.
Finalement, en quoi la capacité de l’homme à calculer, à prévoir, à anticiper a-t-elle été mise à contribution ? En rien.
Or, il me semble que c’est bien cette capacité du cerveau humain à voir et à maitriser le monde qui sépare l’homme des autres espèces animales. Parce qu’à part cela, l’irruption de l’espèce humaine sur Terre n’a rien d’inédit. L’homme utilise les ressources que lui offre la planète, il recompose son environnement, il fait disparaitre de nombreuses espèces, comme n’importe quelle autre espèce.
Car le cerveau de l’homme lui a permis de s’évader des contraintes d’une vie active asservie par ses besoins et ses désirs pour conquérir un espace de liberté qui lui a permis de disposer de temps pour s’adonner à la vie contemplative?
Or n’est-ce pas justement cette part contemplative de sa vie qui a permis à l’homme de comprendre qu’il était asservi aux dures contraintes que lui imposait la nature, à commencer par sa mort ? Et juste retour des choses, c’est au cours de ce temps d’observation et de réflexion qu’il a conçu les outils qui lui ont permis de vivre plus confortablement, de travailler moins et de disposer d’encore plus de temps contemplatif.
Cependant, la partie animale de l’homme l’a poussé et le poussera toujours à rechercher toujours plus de confort, en d’autres termes à consommer de plus en plus.
Or, malgré une part croissante de sa vie consacrée au contemplatif qui a permis de multiplier les alertes issues de travaux scientifiques toujours plus considérables, on a pu constater que l’homme était incapable d’anticiper les risques de pandémie, parce qu’il accordait la priorité à son confort sur sa lucidité.
C’est pourquoi l’épisode du Covid-19 sera peut être porteur, d’une vision plus lucide de la capacité de l’homme à affronter les événements à venir.
À SUIVRE
D’après Bertrand Alliot, Une histoire naturelle de l’homme, L’Artilleur, Paris, 186 pages, 2020