L'IRAN RENAÎT, L'IRAN SE RÉFORME
9 Août 2021 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE
Du début du XVIe siècle remonte la renaissance d’un Iran autonome qui avait disparu pendant presque un millénaire, à partir des conquêtes arabes du VIIe siècle.
Sous l’impulsion d’Ismail Ier, premier souverain safavide, l’Iran décida de se convertir au chiisme, afin de s’affirmer religieusement face à̀ la domination des Ottomans sunnites. Il fallut alors, comme aujourd’hui avec le régime des mollahs, faire cohabiter l’idéologie messianique du Chiisme avec les exigences administratives d’un État territorial.
Les Safavides durent faire face aux Ouzbeks, qui attaquaient le Khorasan et aux Ottomans qui se confrontaient aux Iraniens dans le Caucase et en Anatolie. Ce conflit avec les Ottomans se poursuivit jusqu’en 1639, date du traité de Qasr-i-Chirin qui a défini les frontières entre l’Iran et la Turquie jusqu’au début du XXe siècle.
L’apogée des Safavides fut atteinte sous le Shah Abbas Ier le Grand (1587-1629) qui parvint à réduire les menaces extérieures, à réorganiser l’armée et l’administration tout en soutenant les institutions religieuses. Il développa le commerce et les arts, notamment dans sa nouvelle capitale Ispahan qu’il dota de magnifiques palais et mosquées.
Puis vint, comme toujours en Iran, le déclin de la dynastie safavide, du fait de la faiblesse des souverains et avec ce déclin vinrent la défaite et l’occupation étrangère, face à des tribus afghanes qui prirent Ispahan après 1722. Mais le triomphe des afghans fut de courte durée.
Se substituant à la dynastie safavide, un chef de tribu nommé Tahmasp Quli chassa les Afghans et prit le pouvoir en 1736 sous le nom de Nâdir Shâh. Il reconquit alors le territoire iranien d’origine en englobant la Géorgie et l’Arménie comme l'Afghanistan, menant campagnes militaires sur campagnes militaires qui le conduisirent jusqu’à̀ Delhi en 1739, dont il ramena des trésors fabuleux, tel le trône du Paon.
Mais Nadir Shah était impopulaire du fait des guerres incessantes et des lourds impôts qu’elles entrainaient. Il fut finalement assassiné en 1747, provoquant une période d’anarchie qui dura jusqu’en 1795, lorsque Mohammad Shah Qajar prit le pouvoir, installant la dynastie des Qâdjârs qui se maintint jusqu’en 1925.
Les guerres ottomano-persanes reprirent sporadiquement et sans résultat décisif jusqu'aux Traités d'Erzurum de 1823 et 1847, tandis que l'expansion de l'Empire russe provoquait quatre guerres russo-persanes entre 1722 et 1828 qui entrainèrent la perte des provinces du Caucase.
L’Iran retrouva progressivement l’indépendance, l’ordre, la stabilité́ et l’unité́ jusqu’à ce que, à la fin du XIXe siècle, les pressions de la Russie et la Grande-Bretagne s'exercent sur le pays. C’est alors que l’Iran fut obligé d’abandonner ses territoires en Asie centrale et que la Grande-Bretagne envoya des troupes en Iran pour l’empêcher de récupérer des territoires afghans perdus sous le règne depuis les Safavides.
L’interférence de la Russie et de la Grande-Bretagne dans les affaires internes de l’Iran se produisit alors que le pouvoir était, comme d’habitude, devenu faible. Elle eut pour effet de moderniser le système fiscal iranien et de réduire l’influence du clergé́ chiite sous l’impulsion du premier ministre Amir Kabir qui fonda en 1851 Dar-ol Fonoun, le premier établissement d’enseignement supérieur en Iran, avant d’être assassiné parce qu’il gênait la famille du Shah.
La réforme des institutions se poursuivit cependant. En 1871, Mirza Hosein Khan Moshir od-Dowleh, nouveau premier ministre du Shah, mit en place un gouvernement de style européen qui marqua fortement le début du mouvement de réforme en Iran.
Puis les souverains qâdjârs suivants provoquèrent la colère populaire par les concessions qu’ils firent aux puissances étrangères, comme celle du pétrole remis à une société anglaise, la Persian Oil Company, en 1901.
À SUIVRE