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Le blog d'André Boyer

MOSSADEGH JOUE ET PERD

11 Septembre 2021 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

MOSSADEGH JOUE ET PERD

Au printemps de 1953, Mossadegh essaie de contester le droit du Chah à agir sur le pouvoir exécutif, en clair à l’écarter du pouvoir.

 

Les mois passent et le pétrole iranien ne se vend toujours pas. Parce qu’il soupçonne que nombre de députés sont stipendiés par des puissances étrangères, Mossadegh décide de dissoudre le Parlement en procédant par référendum. Ce dernier, qui a lieu le 3 août 1953, approuve la dissolution du parlement à une large majorité conduisant à la tenue prochaine d'élections que le Premier Ministre espère remporter largement.  

Le 2 août 1953, Mossadegh interdit au Chah de recevoir des visiteurs étrangers sans son autorisation préalable. Cependant, le 11 août 1953, le Chah quitte Téhéran avec son épouse et une petite suite se rend dans une de ses résidences années près de la mer Caspienne, où se trouve une de ses résidences d'été́. Quatre jours plus tard, il signe un décret impérial qui renvoie Mossadegh et le remplace par le Général Zahedi.

Le décret est porté à Mossadegh par le commandant de la garde impériale, le colonel Nassiri. Mossadegh ordonne l'arrestation de ce dernier, ce qui provoque  la fuite du Chah, qui gagne Rome, en passant par Bagdad.

Mossadegh prétendait que seul le parlement avait le droit de révoquer le Premier ministre, mais il occultait le fait que la dissolution du Parlement donnait au Chah le droit de le déposer. En outre, il pensait que Mohammad Reza Shah Pahlavi n'oserait pas le faire, car il ignorait que la décision du chah avait été prise en collaboration avec les services secrets américains et britanniques.

En effet, après que Mossadegh ait refusé en janvier 1953 la proposition d’Einsenhower et de Churchill, Washington craignait que Mossadegh ne se tourne vers l'Union Soviétique. Il décida de remplacer Mossadegh en organisant un coup d’état (opération TP-AJAX). La Garde Impériale avait été chargée par le Chah d'occuper les endroits stratégiques, tandis que Mossadegh diffusait à la radio un message qui dénonçait un coup d'État contre le gouvernement, mettait en place un conseil de régence et organisait des manifestations en sa faveur.

Mais, le 19 août 1953, des manifestants pro-Chah défilèrent dans les rues de Téhéran. Ils furent rejoints par des unités policières et militaires qui prennent d’assaut le quartier général de l'état-major de l'armée, tandis que la publication par la presse de copies du décret impérial, qui avait été caché par Mossadegh, le déstabilisait. S’y ajoutait la position des forces religieuses menées par les ayatollahs Kashani, Bouroudjerdi et Behabahni qui appelaient à soutenir le Chah et Zahedi. À Tabriz, Ispahan et Chiraz, les manifestants occupaient les bâtiments publics et les stations de radio locales annonçaient leur soutien au Chah Mohammad Reza Pahlavi.

Des affrontements armés eurent lieu entre les partisans de Mossadegh et les forces de Zahedi devant la résidence de Mossadegh où il s’était barricadé, faisant plus de 200 morts. Mossadegh et ses plus fidèles partisans s'enfuirent, avant que la maison ne soit incendiée. Apprenant la fuite de son rival, le général Zahedi apparut enfin et se rendit maitre de la capitale.

Cinq jours plus tard, alors que le Chah rentrait en Iran,  Mossadegh se rendit. Il fut inculpé de haute trahison et déféré́ devant un tribunal militaire.

Le 22 décembre 1953, il fut condamné à mort, condamnation que le Chah réduisit à trois ans d’emprisonnement. Libéré en décembre 1956, il est assigné à résidence dans son village ancestral d’Ahmadabad, dans la province de Qazvin. Plus tard, lorsque le Chah lui fera savoir, qu’il se devait de rester en dehors de la politique, Mossadegh répondit, avec quelque amertume : « Je serais fou de vouloir à nouveau me battre pour un peuple qui ne s'est pas battu pour moi quand j'en ai eu besoin ! »

Mossadegh était un homme politique plein d'énergie et charismatique. Fervent nationaliste, il ne lui manquait probablement qu'une appréciation réaliste des rapports de force.  Sa destitution permit la reprise des négociations sur la question pétrolière et l'arrivée massive des Américains dans le grand jeu pétrolier du pays. Mais Mossadegh avait rendu toute dénationalisation du pétrole iranien impossible. C’est pourquoi, en 1954,un consortium international fut créé́ pour gérer la production pétrolière de l'Iran, dont le pays restait propriétaire.

 

Mirza Mohammad, dit Mohammad Mossadegh, décéda à son domicile le 7 mars 1967. Il fut enterré sous la salle à manger de sa propriété́ familiale, où son corps se trouve toujours.

 

À SUIVRE

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