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Le blog d'André Boyer

LES PLANTES COMMUNIQUENT!

25 Février 2022 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

LES PLANTES COMMUNIQUENT!

Les plantes ont des sens qui s’apparentent à la vision, à l’odorat ou au toucher. Avec leurs sens, elles perçoivent leur environnement et communiquent, notamment en alertant les plantes voisines ou par l’intermédiaire des champignons organisés en réseaux.

 

Si les plantes n’ont ni yeux ni oreilles, ni cerveau, elles disposent en revanche d’un très grand nombre de photorécepteurs constitués de petites molécules photosensibles enchâssées dans de grosses protéines et présents dans toutes les cellules vivantes de la plante.  

Les végétaux perçoivent ainsi leur environnement lumineux grâce à trois grandes familles de photorécepteurs : les phytochromes, spécialisés dans la perception des radiations rouges et infrarouges, les phototropines dans le bleu et les cryptochromes dans les ultraviolets. Grâce aux phytochromes, la plante distingue les plantes voisines et l’ombre qu’elles peuvent lui faire, ce qui lui permet de déclencher une réponse de croissance adaptée, sous forme de fuite hors de la zone d’ombre.

Les phototropines et les cryptochromes quant à elles, sensibles à la lumière bleue, sont responsables des mouvements d’orientation des plantes vers une source lumineuse. Elles sont également à l’origine du réveil quotidien de la plante, lorsque à l’aube, les premiers rayons lumineux frappent les feuilles.

Les plantes sont également sensibles au toucher. On observe depuis longtemps les feuilles de la dionée qui se referment rapidement sur un insecte ou la sensitive Mimosa pudica, qui replie ses folioles sous la caresse. Toucher une plante régulièrement, la brosser, lui taper sur la tête diminue sa croissance en hauteur et augmente son épaisseur, la rendant plus trapue et solide face aux sollicitations mécaniques.

Les plantes disposent elles-mêmes d’un sens mécanique qui leur permet de percevoir l’orientation de la gravité et donc leur inclinaison par rapport à la verticale : une tige placée à l’horizontale se courbe et se redresse à la verticale à mesure qu’elle croît. Ce sens gravitropique passe par la sédimentation de gros grains d’amidon dans des cellules spécialisées (des statocystes), situées dans les pointes racinaires ou les tiges, à l’image de notre oreille interne qui assure la perception de la gravité à l’aide de petits cailloux de calcaire (les otolithes) pris dans un gel et reposant sur des cils mécanosensibles.

Les plantes disposent aussi de la chémoperception, qui est la perception des substances chimiques en solution (le goût) ou volatiles (l’odorat). Par ces sens, impliquant des récepteurs spécialisés, les plantes attaquées par un herbivore émettent dans l’air des bouquets de senteurs chimiques qui induisent la mise en œuvre de défenses biochimiques dans toutes leurs feuilles, mais aussi chez les plantes voisines non attaquées.

La sensibilité́ des plantes n’est pas uniquement tournée vers l’extérieur. De nombreux signaux circulent également à l’intérieur de la plante et fonctionnent comme des relais d’information des signaux extérieurs. Ce peut être des hormones de croissance, des petites molécules informatives comme des sucres, et même des courants électriques.

Par toutes les cellules vivantes de leur corps, les plantes sont donc sensibles et capables de communiquer. La réaction de la plante à une attaque d’herbivore l’illustre. La feuille grignotée répond à l’agression en synthétisant une kyrielle de substances visant à repousser l’attaquant. Elle se charge notamment de tannins ou d’enzymes perturbant la digestion de l’animal. En outre, de petites substances volatiles sont produites et émises dans l’air, qui sont perçues par les plantes voisines de la plante agressée, lesquelles réagissent en synthétisant à leur tour des molécules de défense préventive.

Mais la communication la plus spectaculaire reste souterraine. En forêt, les racines des arbres vivent en association étroite avec des champignons du sol, formant des organes chimères, les mycorhizes. Les fines racines des arbres sont parcourues par des filaments, les hyphes. Les zones de contact qu’ils établissent avec les cellules végétales des champignons à l’intérieur des racines forment une très grande surface d’échanges que traversent diverses substances de l’arbre vers le champignon et vice versa.

Les mycorhizes constituent des organes de symbiose entre le champignon et l’arbre qui améliorent la nutrition minérale de ce dernier, en augmentant le volume de sol exploré, grâce aux hyphes qui se déploient beaucoup plus largement que les seules racines. Les champignons absorbent l’eau et les éléments minéraux du sol, tout en mobilisant ses ressources grâce à la sécrétion d’enzymes: par exemple, des phosphatases fongiques découpent les polyphosphates du sol en petits phosphates simples qui sont ensuite absorbés par les hyphes et gagnent les tissus conducteurs de l’arbre. Quant à l’arbre, il fournit au champignon une part non négligeable de sa production photosynthétique.

On a même observé que des substances carbonées fabriquées par un arbre se retrouvent dans l’arbre voisin à travers les hyphes des champignons mycorhiziens. Il est vrai que le sol d’une forêt est peuplé de centaines de souches fongiques différentes qui déploient jusqu’à un kilomètre de filaments par centimètre cube de sol. Les filaments des champignons du sol forment ainsi un réseau interconnecté, comparable à un réseau internet. Les substances carbonées émises véhiculent des informations d’une plante à l’autre, qui joueraient un rôle dans la germination et le développement des plantules, comme dans les défense des plantes contre les attaques.

Du fait de cet impressionnant réseau de communication, faut-il attribuer une intelligence aux plantes ? Si l’intelligence consiste à percevoir le monde et y répondre de façon adaptée, les plantes sont intelligentes, au même titre que tous les êtres vivants, bactéries, vers de terre ou êtres humains.

 

Mais n’abusons pas de l’anthropomorphisme, en acceptant tout simplement que les plantes, qu’elles communiquent ou pas, restent des espèces différentes de celles des hommes...

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