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Le blog d'André Boyer

LA RÉVOLTE DES PARLEMENTS

15 Juillet 2022 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

LA RÉVOLTE DES PARLEMENTS

Louis XIV avait tellement abusé du système royal qu'il craquait  de toutes parts sous le règne de Louis XV. À l'intérieur du royaume, le mécontentement s'amplifiait et se manifestait fortement.

 

Le train de vie de la cour était critiqué. Louis XV en vint même à subir une tentative d’assassinat. L'ambassadeur d'Autriche écrivait à Vienne : « Le mécontentement public est général. Toutes les conversations tournent autour du poison et de la mort. Le long de la galerie des glaces apparaissent des affiches menaçant la vie du roi ».

Affecté par cette impopularité, Louis XV décida d’abandonner toutes les tentatives de réformes et de renvoyer ses ministres les plus décriés. Il se tourna alors vers une mesure plus populaire, du moins dans les cercles parisiens, qui consistait à dissoudre l’ordre des Jésuites, attaqués par les Jansénistes et les Encyclopédistes. 

Mais il ne pût en rester à des mesures destinées à satisfaire l’opinion publique éclairée, celle que l’on appellerait aujourd’hui le microcosme de la pensée unique. Il lui fallut se résoudre à rétablir l’autorité royale. Les membres du Parlement se mirent en grève à la suite de l’Affaire de Bretagne: en 1764, sur requête des états de la province, le parlement de Rennes refusa la levée de centimes additionnels ;  en réponse, le Conseil du roi cassa l’arrêt rendu par le parlement de Rennes qui répliqua en se mettant en grève avant de démissionner.

C'est alors que le Roi accepta de céder en rétablissant le Parlement de Rennes dans ces droits et que ce dernier décida de se venger sur la personne du lieutenant de Bretagne en l’inculpant d’abus de pouvoir. Le Parlement de Bretagne était allé trop loin, car le Roi ne pouvait pas accepter qu’un Parlement régional fasse le procès de son représentant, c’est-à-dire indirectement du pouvoir royal lui-même. Il intervint pour arrêter la procédure entamée par le parlement de Rennes par lettres patentes. En réponse, tous les Parlements de France se solidarisèrent avec le Parlement de Rennes pour déclarer nulles les lettres patentes royales.

Par l’entremise du chancelier Maupeou, le roi fit sommer les parlementaires de rentrer dans l’obéissance. En grande majorité, ces derniers refusèrent ce qui entraina leur déchéance et leur exil. On voit jusqu'à quelles extrémités la révolte s'était développée. Mais le Roi avait compris la leçon et la justice jusqu'alors administrée par des magistrats dont la charge était héréditaire devint une institution publique, avec des fonctionnaires payés par l'État. Elle l’est toujours. C’est ainsi qu’après une véritable fronde des magistrats qui toucha l’ensemble du royaume, le Roi finit par obtenir la fin de la rébellion des Parlements. Malheureusement, à peine installé sur le trône, Louis XVI fit une imprudente marche arrière qui le conduisit jusqu'à l'échafaud.

Louis XV suivit, relativement aux affaires étrangères, le même chemin que celui qu'il avait parcouru avec les affaires intérieures. Il commença par rechercher la paix à tout prix, en pratiquant une politique d'alliance avec l’Angleterre, tout en se réconciliant avec l'Espagne.

Cependant il intervint sans grand succès dans la guerre de Succession de Pologne, ce qui permit tout de même à terme l’intégration de la Lorraine dans le royaume de France.

Il joua ensuite le rôle peu risqué de médiateur, avant d’entrer en conflit avec l’Autriche, aux cotés de la Prusse, dans la guerre de Succession d’Autriche. Les troupes françaises remportèrent de grands succès militaires. Mais, sans doute pour faire pardonner les atrocités du règne de Louis XIV, Louis XV se comporta chevaleresquement en rendant à l’Autriche les conquêtes de ses troupes, ce qui ne contribua guère à sa popularité en France, d'où l'expression qui est restée "Travailler pour le Roi de Prusse".

Cette impopularité ne fit que s’accroître lorsqu’un renversement d’alliance conduisit Louis XV à combattre sans succès les Anglais et les Prussiens au cours de la Guerre de Sept ans, qui se termina par la perte du Canada et de l'Inde au profit des Britanniques*.

Finalement, lorsque Louis XV mourut, le 10 mai 1774, victime de la variole, ce fut dans l’indifférence ou dans l’hostilité, tant ses actes à la tête du pouvoir avaient paru illégitimes, même si cette illégitimité tenait plus à la structure de l’Etat qu’à ses actes personnels. Le dernier acte avant la Révolution restait encore à jouer.

 

Louis XV annonçait bien Louis XVI : un roi trop faible pour un pouvoir trop lourd.

 

* Voir la longue série de billets que j'ai consacré à l'aspect canadien du conflit entre la France et le Royaume-Uni.

 

À SUIVRE

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