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Le blog d'André Boyer

LOUIS XVI LAISSE LE POUVOIR LUI ÉCHAPPER

9 Septembre 2022 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

LOUIS XVI LAISSE LE POUVOIR LUI ÉCHAPPER

Plus personne ne croyait, en 1789, à l’origine divine du pouvoir du roi de France. Il fallait en trouver une autre, que l’on garde ou non le roi en devanture.

 

Ce fut une nouvelle abstraction, forgée par les têtes pensantes du tiers-état afin de justifier leur future mainmise sur le pouvoir royal : la Nation. Dans son article 3, la Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen proclame, dès le 26 août 1789 : « Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément ».

C’est ainsi que le pouvoir central royal, à bout de souffle, a passé le flambeau à la République, porteuse de l’idéologie qui a  pour mission de garder intact le vrai trésor, la concentration du pouvoir au sommet de l’État, une idéologie aujourd’hui contestée en France.

Il reste à traiter du rôle de Louis XVI. Deux thèses opposées peuvent être avancées à son égard : soit il a pris le pouvoir au mauvais moment et Leviathan s’est empressé de le broyer et de le dévorer. En d’autres termes, quels que soient ces actes, il n’aurait pas résisté à la Révolution, c’est juste pas de chance pour lui et les siens. Soit ses actes l’ont condamné. Je retiendrai plutôt cette seconde thèse, même si la force du mouvement des Lumières ne peut pas être sous-estimée.

Louis XVI a été en effet l’un des principaux acteurs de la Révolution, sinon le principal. Dès son avènement en 1774, il cède face aux Parlements en les rétablissant dans les pouvoirs que Louis XV avait rognés. Il en résulta que les Parlements s’opposèrent par la suite à la suppression des corvées et des corporations, y voyant l’annonce de la fin de la société d’Ordres. Ils s‘opposèrent de même à Necker lorsqu’il tenta de mettre en place un système de régie pour la perception des impôts, y voyant une atteinte aux pouvoirs que Louis XVI venait de leur redonner. Renvoyant Necker pour appeler Calonne qui tenta pour la troisième fois d’équilibrer les finances de l’État, Louis XVI se heurta encore aux élites traditionnelles qui firent chuter Calonne en 1787. Car les dettes accumulées dans la guerre américaine plombaient les finances du Royaume.

La guerre américaine : Louis XVI a aidé de manière déterminante les Insurgents en Amérique contre les Anglais, mais il n’en a tiré rien d’autre que la diffusion des idées libérales et des dettes. En soutenant la guerre d’indépendance des colonies d’Amérique, Louis XVI s’est en effet engagé dans un traquenard idéologique où il s’agissait de délier des sujets de leur obéissance envers un souverain européen au nom de principes universels. Et il n’a en contrepartie pratiquement obtenu aucun avantage territorial qui aurait pu justifier l’endettement considérable du Royaume.

Il ne restait plus qu’à engager une bataille frontale contre les Parlements qui représentaient les privilégiés ou à remettre son sort entre les mains des États Généraux. Fuyant ses responsabilités, il choisit la seconde solution, s’enferrant dans l’engrenage naissant de la Révolution, alors qu’il est en même temps privé du soutien des « privilégiés » et déconsidéré aux yeux des « patriotes ».

La prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, ruina tous ses efforts pour contrôler le jeu politique. Dès octobre 1789, Il fut pris en otage par la foule parisienne qui l’obligea à accepter les décrets d’août 1789 et à s’installer à Paris avec sa famille. La situation lui échappa ensuite jusqu’au 21 juin 1791, date à laquelle la famille royale tenta de quitter Paris dans l’espoir de passer sous la protection de l’empereur d’Autriche. Ramené de force à Paris, il soutint, dans un dernier effort de résistance, un affrontement armé entre l’aile radicale de la Révolution et les défenseurs du roi, qui tourna à son désavantage et marqua la fin de la monarchie, puis son exécution le 21 janvier 1793.

La monarchie succombait provisoirement, avant de réapparaître pour un petit tiers de siècle en 1814. Mais l’État centralisé, qui était l’apport fondamental de la monarchie française depuis Philippe le Bel ne disparaissait pas pour autant, au contraire.

Tombant des mains débiles de Louis XVI, le pouvoir échut à des maîtres autrement plus énergiques, qui le sanctifièrent au nom de principes supposés universels, à la manière de la monarchie qui s’était adossée à l’onction divine. Pour plus de sûreté, à l’aide de vigoureux massacres à l’intérieur et de la guerre révolutionnaire portée à l’extérieur du pays, les nouveaux détenteurs du merveilleux pouvoir centralisé français firent savoir urbis et orbis qu’ils ne s’en laisseraient pas déposséder facilement.

 

Le Royaume de France était mort, la République Française venait de naitre, affirmant de la sorte la permanence de la France.

 

À SUIVRE  

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