Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog d'André Boyer

SANS ARGENT POINT DE SALUT

5 Mai 2023 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

SANS ARGENT POINT DE SALUT

Ce fut homérique, plus que je ne l’aurais cru. Il y eut en effet, à cette occasion, un affrontement direct entre le Président du Conseil d’Administration de la Fondation IECS et moi-même, directeur sortant de l’IECS et de la Fondation IECS.

 

Logiquement, je n’aurai pas dû me mêler de ma propre succession. Je partais, la suite ne me regardait plus. Mais, on ne se refait pas, j’estimais que j’avais une responsabilité dans la suite de l’histoire de l’IECS. Je recommandais à son Conseil d’Administration d’élire mon adjoint et ami, Kostas Nanopoulos comme directeur. Mais, vous vous en souvenez peut-être, l’une des premières demandes d’Henri Lachmann, Président de la Fondation, avait été de me demander de mettre Kostas Nanopoulos sur la touche et moi, au contraire, j’en avais fait mon plus proche collaborateur et, circonstance aggravante, mon ami. C’était donc une dernière provocation de ma part, du point de vue d’Henri Lachmann, de le proposer comme successeur.

Pas de mon point de vue, puisque Kostas travaillait étroitement avec moi depuis le début et c’était assurer la continuité du fonctionnement de l’IECS, dont tout le monde, y compris Henri Lachmann, convenait qu’il était satisfaisant.

Le Conseil d’Administration comprenait des représentants des enseignants, des administratifs et des étudiants, auxquels s’ajoutaient des représentants des entreprises et de la Fondation IECS. Cette dernière, sous l’impulsion d’Henri Lachmann, proposait comme candidat à la direction de l’IECS, le professeur Hans Tummers, un professeur allemand officiant dans une université rhénane, qui ne savait rien sur l’enseignement supérieur français ni sur les écoles de commerce, ni à fortiori sur l’IECS.

Le choix se portait donc entre un acteur majeur de l’IECS, bien connu de tous et un parfait étranger à l’école. Au départ j’étais assuré d’obtenir les voix de l’unanimité des représentants des enseignants, des administratifs et des étudiants de l’IECS en faveur de Kostas Nanopoulos, tandis qu’Hans Tummers aurait le soutien des représentants de la Fondation IECS et des entreprises, ce qui assurait une très confortable majorité à Kostas Nanopoulos.

Théoriquement.

Pratiquement, Henri Lachmann n’avait pas l’intention de jeter l’éponge, car c’était un redoutable chef d’entreprise, dont la qualité première était la combativité et non la recherche de compromis. Face à la coalition majoritaire, il fourbit deux armes, celles de la division à laquelle, pour faire bon poids, il rajouta l'arme absolue, la finance.

Aussi, lorsque le Conseil se réunit, Henri Lachmann ne s'adressa qu'aux étudiants en leur déclarant que s'ils voulaient avoir leurs diplômes, ils n'avaient qu'un seul choix possible, celui de Hans Tummers. S'ils votaient pour Kostas Nanopoulos, lui, Henri Lachmann, veillerait à ce que la Fondation IECS supprime toutes ses subventions à l'IECS.

Nous avons fait une suspension de séance. Les représentants des étudiants m'ont demandé des explications sur le rôle des subventions de la Fondation IECS et j'ai dû convenir que sans ses subventions, l'École aurait des difficultés à survivre. Les représentants étudiants m'ont alors informé qu'ils allaient être contraints de voter pour Tummers pour assurer leurs diplômes, renversant ainsi la majorité des votes en  sa faveur.

Effectivement, Hans Tummers fut élu, d'une seule voix de majorité et Henri Lachmann put rentrer chez lui, satisfait du résultat de sa manoeuvre. Pour ma part, je partais malheureux de laisser mes collègues à la merci d'un inconnu, mais après tout, je l'avais voulu puisque j'avais démissionné et ce résultat évitait sans doute à Kostas Nanopoulos pas mal d'ennuis, tant la direction d'une école est loin de ressembler à un fleuve tranquille.

 

Je ne dirais rien de plus sur la direction de Hans Tummers et de ses nombreux successeurs. Peut-être n'ont-ils eu, y compris moi-même, que peu d'influence sur le fonctionnement de l'école puisque l'IECS est toujours classée autour du 15e rang des Écoles de commerce françaises, comme au temps où j'en étais son directeur, il y a vingt-huit ans.

 

À SUIVRE

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article