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Le blog d'André Boyer

LA BAISSE DE FÉCONDITÉ EUROPÉENNE

1 Octobre 2023 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

ÉGLISE NOTRE DAME DE LA VISITATION À CHAMPLAIN

ÉGLISE NOTRE DAME DE LA VISITATION À CHAMPLAIN

En Europe, tous les taux de fécondité nationaux sont inférieurs à celui qui serait nécessaire au maintien de la population qui y vit.

 

En France, le taux de fécondité était de 1,9 pour 100 femmes en 2022, grosso modo stable depuis une trentaine d’années et donc inférieur au maintien de la population. Mais il est important de noter qu'il en est de même dans toute l’Europe, avec des taux particulièrement bas en Italie, en Grèce, en Roumanie et en Slovaquie.

De même, à l’est de l’Europe, la Russie connait un taux de 1,5% en 2020, de 1,38% en Biélorussie et de 1,22% en Ukraine, ce qui rend plus dramatique encore les pertes humaines dues à la guerre dans ce dernier pays. En 2020, deux cents écoles ont fermé en Pologne par manque d’effectifs. Pour sa part, le Portugal pourrait perdre la moitié de sa population d’ici à 2060. Déjà les territoires de l'est de l'Union Européenne ont perdu 6 % de leur population depuis 1990, soit 18 millions de personnes, soit l'équivalent de la population des Pays Bas.

De nombreux Européens pensent que cet affaissement démographique est une bonne nouvelle, parce qu'il correspond à leurs choix de vie : "nous aurons davantage d'espace", "nous polluerons moins", "les prix baisseront". Ils ne voient pas qu'en revanche, moins de jeunes, c'est aussi moins de contribuables pour payer leurs soins médicaux et leurs futures retraites, moins de consommateurs, moins de demande, moins de croissance et plus de pression migratoire.

Quoi qu'en pensent ses habitants, comme l'Europe est à l'origine de la Révolution Industrielle, que les sociétés européennes comptent parmi les plus laïques du monde et que les femmes y jouissent culturellement d'une grande égalité en droit, il est logique que cette Europe soit à l'avant garde la décroissance démographique. C'est pourquoi les taux de fécondité sont en baisse en Europe depuis presque deux siècles, c'est à dire depuis le début de la Révolution Industrielle. Pendant cette période, on a observé des variations, telles que l'accentuation de la baisse pendant la période qui entoure la crise de 1929 et au contraire le redressement provisoire de la natalité à partir de la fin de la guerre de 1940-1945, et même pendant cette guerre.  

Mais la tendance de fond, bicentenaire, est liée à des facteurs matériels comme l’urbanisation qui rend difficile, pour une famille, d’élever de nombreux enfants et à des facteurs socio-psychologiques, avec en tout premier lieu l’autonomie croissante des femmes qui a fait baisser le taux de fécondité, génération après génération, cette autonomie psychique s'appuyant sur l'autonomie physique atteinte dans les années 1960 avec la pilule contraceptive. 

Cette autonomie a été acquise contre la religion, qui offre un exemple éclatant de la dégradation de l’influence de la société sur la fécondité. Les catholiques comme les protestants étaient opposées à la contraception, ce qui donnait de grandes familles dirigées par mari et femme dans leurs rôles traditionnels respectifs de soutien de famille et d’épouse au foyer. Mais en Europe, la messe dominicale n’est désormais plus fréquentée que par une faible minorité de la population, l’influence de l’Église a baissé et l’union libre, sans mariage religieux, devient majoritaire. L'exemple de la France indique que la messe dominicale n'est fréquentée que par 6% des Français selon leurs déclarations* contre 31% en 1961.

Si l'on élargit nos observations en regardant vers le Québec, parce qu'il est particulièrement marqué par l'influence de l'Église sur la société, le taux de natalité y était de 39,5 pour 1000 en 1900, il était encore de 24 pour 1000 en 1962 pour s'effondrer brutalement en 4 ans, passant à 17 pour 1000 en 1968 : la "révolution tranquille" du gouvernement Jean Lesage était passée par là. Et ce taux de natalité a continué de baisser régulièrement par la suite pour n'atteindre plus que 9,3 pour 1000 en 2022, soit 80700 naissances, alors que la même année le Québec accueillait 70000 immigrés réguliers.

Sans l'immigration, l'immense Québec, trois fois la France, deviendrait en quelques dizaines d'années une zone quasi désertique, tout simplement parce que l'injonction faite aux familles et en particulier aux femmes de faire des enfants pour maintenir la société traditionnelle québécoise catholique n'est plus entendue, ni même plus du tout formulée...

Revenons à l'Europe pour constater que tous les chiffres vont dans le même sens: le taux de nuptialité (nombre de mariages civils pour mille habitants) baisse partout, avec un record de faiblesse pour la France: 2,3 pour 1000 habitants en 2021 alors qu'il était de 7,8 pour 1000 habitants en 1970. Quant au taux de divorce de ces mariages dont le nombre est déjà en chute libre, il dépasse désormais 50%.

 

Inutile de vous abreuver d'autres chiffres, puisqu'ils convergent dans le même sens que la donnée fondamentale que constitue la baisse de la fécondité en Europe.

 

Doit-on en conclure que la population européenne actuelle va disparaitre, submergée qu'elle va être par la population immigrée, à moins qu'il soit possible de pratiquer des politiques natalistes qui inverseront la tendance ?

 

A SUIVRE

 

* Jérôme Fourquet, L'archipel français, Seuil, 2019

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