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Le blog d'André Boyer

RÉFLEXIONS DE SCHOPENHAUER

17 Novembre 2023 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

RÉFLEXIONS DE SCHOPENHAUER

Depuis cinq semaines, je vous entretiens de Schopenhauer, un philosophe irritant par son supposé pessimisme. Lui répondait qu’il était simplement réaliste.

 

Réponse facile, car il est plus facile d’être pessimiste qu’optimiste lorsqu’on se donne la vie comme sujet d’étude. Cependant Schopenhauer pose, avec la volonté de vivre, un postulat presque incontestable du processus vital dans lequel nous sommes projetés à la naissance, et il en déduit logiquement le reste, la morale, la civilisation, les mœurs, l’égoïsme, le bonheur et notre capacité inégale à en être conscient et à en tirer les conséquences.

Ci-après, j’ai choisi de présenter quelques-unes des formules qui illustrent sa pensée, parmi lesquelles vous trouverez des pépites, comme sa réflexion en même temps profonde, banale et actuelle sur la nature de l’homme.

 

Amoureux

« Tout état amoureux, si platonique soit-il, trouve son unique racine dans l’instinct sexuel. » 

Le monde comme volonté et comme représentation

 

Bonheur

« Un simple coup d'œil nous fait découvrir les deux grands ennemis du bonheur humain : la douleur et l'ennui. »

Le monde comme volonté et comme représentation.

 

Chose en soi

« Chose en soi signifie ce qui existe indépendamment de notre perception, par conséquent ce qui existe par soi-même. »

Parerga et paralipomena.

 

Commencement et fin

« Quel contraste tout de même entre notre commencement et notre fin ! Le premier dans la folie du désir et l’extase de la volupté, l’autre dans la destruction des organes et l’odeur des cadavres. »

Parerga et paralipomena

 

Homme 

« L’homme est au fond une bête féroce. Nous ne le connaissons que dompté, apprivoisé par ce que nous appelons « civilisation » : aussi reculons nous d’effroi devant les explosions accidentelles de sa nature profonde. Que les verrous et les chaines de l’ordre légal tombent, que l’anarchie éclate, c’est alors que l’on voit ce qu’est vraiment l’homme »

Lichtstrahelen aus seinen Werken

 

Lire 

« Lire, c’est penser avec la tête d’un autre, au lieu de la sienne. »

Parerga et paralipomena

 

Philosophie

« Le philosophe ne doit jamais oublier qu’il pratique un art, et non une science. »

Parerga et paralipomena.

 

« Une philosophie, où l’on n’entend pas entre les lignes les pleurs et les grincements de dents et le terrible vacarme du meurtre général réciproque, n’est pas une philosophie ».

1858, Schopenhauer au cours d’une conversation avec Frédéric Morin.

 

Pitié

« Une pitié sans limites pour tous les êtres vivants, c’est le gage le plus ferme et le plus sûr de la conduite morale, et cela n’exige aucune casuistique. »

Lichtstrahelen aus seinen Werken (Pensées), J. Frauenstädt

 

Présent 

« Le présent seul est réel, tout le reste n’est qu’imaginaire. »

Parerga et paralipomena.

 

Professeur 

« Que bientôt les vers doivent ronger mon corps, c’est une pensée que je puis supporter ; mais que les professeurs rongent ma philosophie ! cela me donne le frisson. »

Cahiers manuscrits

 

Progrès 

« Le progrès c’est là votre chimère. Il est le rêve du XIXème siècle comme la résurrection était celui du Xème ; chaque âge a le sien. Quand, épuisant vos greniers et ceux du passé, vous aurez porté plus haut encore votre entassement de science et de richesse, l’homme doté de tant de biens en sera-t-il moins petit ? »

Parerga et paralipomena

 

Temps 

« Le temps est un dispositif de notre cerveau qui sert à donner à l’existence foncièrement illusoire des choses et de nous-mêmes une apparence de réalité par l’intermédiaire de la durée »

Parerga et paralipomena.

 

Toi-même 

« Tu dois comprendre la nature à partir de toi-même et non pas toi-même à partir de la nature. Voilà mon principe révolutionnaire ».

Cahiers manuscrits

 

Upanishad 

« L'Upanishad est, comme je l’ai dit, le produit de la sagesse suprême humaine. »

Parerga et paralipomena.

 

Vanité 

« Obtenir une chose désirée, c’est découvrir qu’elle est vaine ; nous vivons constamment dans l’attente du mieux, et souvent en même temps dans une aspiration pleine de repentir qui s’élance avec regret vers le passé. »

Parerga et paralipomena.

 

Vérité

« Chaque grande vérité, avant d’être trouvée, s’annonce par un pressentiment, un instinct, une image indécise comme dans un brouillard et un effort vain pour la saisir. »

Parerga et paralipomena

 

Vertu 

« La vertu ne s’enseigne pas, non plus que le génie. Espérer que nos systèmes de morale et nos éthiques puissent produire des gens vertueux, nobles et saints, est aussi insensé que d’imaginer que nos traités d’esthétique puissent produire des poètes, des sculpteurs, des peintres et des musiciens. »

Lichtstrahelen aus seinen Werken, J. Frauenstädt.

 

Vie 

« La vie est un décès constamment contrarié, une lutte permanente contre la mort qui finira par vaincre, c’est d’avance certain »

Parerga et paralipomena.

 

Vouloir 

« Vouloir sans motif, toujours souffrir, toujours lutter, puis mourir, et ainsi de suite dans les siècles des siècles, jusqu’à ce que la croûte de notre planète s’écaille en tout petits morceaux. »

Le monde comme volonté et comme représentation.

 

 

FIN PROVISOIRE

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R
Bonsoir, merci de ce partage. Je me suis actuellement attelé à comprendre les idées de ce philosophe, et compte tenu de mon jeune âge (17 ans) j’ai remarqué que ce philosophe semble répugner les juifs -et peut-être le judaïsme- quand dans sa conversation avec Frédéric Morin il dit que les juifs sont « pire que les hégéliens ». Ainsi, (pardonnez-moi mon inexpérience), cette question est peut-être puérile mais j’aimerais savoir s’il existe des éléments de réponse à cette haine, ou si au contraire je fais fausse route. J’espère que vous verrez ce message, bien que ce blog date de 2 ans.<br /> Merci pour votre expertise.<br /> Cordialement.
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A
Bonjour Raphaël, je vous suis très reconnaissant de ce message qui remet Schopenhauer à sa place. Même si j'ai essayé de présenter ce philosophe avec une certaine distance, je n'ai pu éviter de cacher mon intérêt pour une pensée à l'époque aussi neuve et aussi fortement dans l'air de notre temps. <br /> Son hostilité aux Juifs m'avait échappé, mais des recherches plus poussées me l'ont révélé et j'en ai cherché les sources. Il s'agit fondamentalement d'une hostilité au Dieu des Juifs, qui conduit à une vision de la vie opposée à la sienne. <br /> Cette haine du juif, ce dégoût pour l’Ancien Testament, est très caractéristique, c’est sans doute la clé de sa vision du monde. Il faut constater que ce sentiment est très partagé par les intellectuels de notre époque : les écologistes ne pardonnent pas à l’Ancien Testament son anti-panthéisme et la prééminence de l’homme sur la création, les féministes vomissent le patriarcat, les démocrates en rejettent l’anti-sentimentalisme et le ritualisme. <br /> Mais ce que Schopenhauer, comme Voltaire, n’accepte pas, c’est la transcendance radicale du Dieu biblique. Yahvé est un Dieu qui intervient dans l’histoire, qui dépouille l’homme de son aspiration à forger son propre destin, à édifier son propre bonheur. Quand on est Schopenhauer, on n’accepte pas de voir sa destinée remise entre les mains d’un Dieu qui parle à des bergers, car on tient à ses prérogatives, on se hausse de toute la hauteur de l’intelligence humaine, seule capable de prendre conscience d’elle-même et de déchirer le voile de Maya.<br /> On peut beaucoup aimer Schopenhauer et son chant des sirènes, mais on peut ensuite refuser de s’enfoncer dans sa solitude orgueilleuse. On peut laisser la vie se dérouler et se faire féconder par l’imprévu et par l’autre. On peut rencontrer des trésors d’humanité dissimulés chez les personnes les plus simples, et de chacun, apprendre quelque chose...<br /> Tous mes remerciements pour votre message salutaire. Ma réponse, sous un forme un peu plus détaillée, fera l'objet prochainement d'un billet intitulé "Schopenhauer, les Juifs et le sens de la vie. <br /> Amicalement, <br /> André Boyer