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Le blog d'André Boyer

LA FIN DE L'AVENTURE DE ROBESPIERRE

26 Décembre 2023 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

ROBESPIERRE, BLÈSSÈ ET ARRÈTÉ

ROBESPIERRE, BLÈSSÈ ET ARRÈTÉ

LA FIN DE L’AVENTURE DE ROBESPIERRE

 

Nous avons quitté le 24 novembre dernier (Robespierre perd la main), les évènements du 9 thermidor (27 juillet) 1794, alors que Louis Louchet, député de l’Aveyron, avait eu le premier le courage de demander un décret d’arrestation contre Robespierre…

 

C'est alors que Maximilien et Couthon essaient de se faire entendre, mais leurs voix sont couvertes par les clameurs.

Le président de séance met aussitôt aux voix la motion de Louchet, qui est déclarée adoptée à l’unanimité, tandis que toute l’Assemblée, debout, crie « Vive la République ! ».

Fréron monte alors à la tribune pour accuser Robespierre, Saint Just et Couthon de vouloir former « un triumvirat dictatorial ». À Fréron succède Barère qui propose d’adopter un décret provenant du Comité de Salut Public qui demande l’arrestation des deux frères Robespierre, de Saint-Just, de Couthon, de Le Bas mais aussi de Dumas, Hanriot, Boulanger, Lavalette, Dufresse, Daubigny et Sijas. Le décret est aussitôt voté, mis à exécution et les députés arrêtés sont conduits au Comité de Sûreté Générale vers 16 heures.

La réaction de la Commune de Paris ne tarde pas, avec la convocation immédiate de son Conseil Général à l’Hôtel de Ville où se rejoignent quatre-vingts personnes qui seront presque toutes guillotinées par la suite.

Ce Conseil Général de la Commune de Paris vote une « motion d’insurrection » tout en faisant sonner le tocsin pour appeler les patriotes aux armes. De son côté, le général de la Garde Nationale, Hanriot, court aux Tuileries avec ses aides de camp pour délivrer les prisonniers, mais ils sont arrêtés par les gendarmes qui les transfèrent vers 19 heures dans des prisons séparées, pour plus de sureté.

Robespierre qui a été conduit à la mairie de Paris, quai des Orfèvres, est libéré par les insurgés de la Commune, si bien qu’au coucher du soleil, le rapport des forces est en sa faveur, car les troupes à la disposition de la Commune s'avérent supérieures en nombre à celles de la Convention.

Vers 21 heures, une forte colonne de canonniers et de gendarmes à cheval, commandée par Jean-Baptiste Coffinhal*, le vice-président du Tribunal Révolutionnaire, délivre Hanriot, toujours retenu au Comité de Sûreté Générale.

Dans ces circonstances, Robespierre hésite. Dans un premier temps, il se refuse à diriger le soulèvement, par crainte d’être mis hors la loi par la Convention jusqu'à ce qu'il apprenne que c'est déja le cas sur proposition de Barère et qu'il se décide à agir, vers 23 heures.

Il se rend à la Commune, rejoint par Le Bas et Saint-Just qui ont également été libérés, pour soutenir la décision du Comité d’Exécution de la Commune qui donne l’ordre d’arrêter les députés Collot, Amar, Bourdon, Fréron, Tallien, Panis, Carnot, Dubois-Crancé, Vadier, Dubarran, Fouché, Granet et Bayle. Barère est curieusement oublié, alors qu’il est un acteur important de cette journée cruciale du 27 juillet 1794.     

La décision du Comité d’Exécution se révèle trop tardive, car c’était compter sans l’activité de Barras. Ce dernier a été chargé du commandement militaire de la Convention, dont il a renforcé les troupes par quelques sections bourgeoises, tandis que l’insurrection piétine du fait du mécontentement bougon de la masse des sans-culottes qui n’ont toujours pas digéré la décision de bloquer les salaires dans le cadre de la loi du maximum général. Comme quoi une loi économico-fiscale peut se révéler à l'usage fatale au pouvoir !

C’est ainsi que, pendant les délibérations des Jacobins, deux à trois mille sans culottes, renforcés d’une trentaine de canons, demeurent l’arme au pied place de Grève**. Sans ordres clairs, inactifs et hargneux, les sans culottes se dispersent progressivement dans la nuit, d’autant plus qu’il s’est mis à pleuvoir.

Aussi, lorsqu’à deux heures du matin, deux colonnes de la Convention, l'une conduite par Barras venant par les quais, et l'autre menée par l’adjoint de Barras, Bourdon, venant de la rue Saint-Martin, arrivent sur la place de Grève, ils la trouvent quasiment désertée.

Il ne leur reste plus qu'à pénétrer dans l’Hôtel de Ville, qui est sérieusement gardé. Mais les hommes de Bourdon sont aidés par un aide de camp d'Hanriot qui leur souffle le mot de passe. Aussi peuvent-ils entrer sans coup férir dans l’Hôtel de Ville, où ils rencontrent Le Bas qui se suicide d’une balle dans la tête dès qu’ils les voient, Augustin Robespierre qui se jette par la fenêtre sans autre dégât qu’une jambe cassée, Couthon, infirme, tombe (ou est poussé ?) dans l’escalier sans toutefois se blesser trop sérieusement et enfin Maximilien Robespierre qui reçoit une balle dans la mâchoire, sans que l’on sache encore aujourd’hui si c’est lui qui s’est tiré une balle de pistolet dans la bouche ou si c’est le gendarme Merda (oui, Merda) qui lui a tiré dessus.

Seul Saint-Just est fait prisonnier sans avoir été blessé.

Tous savent que c’est la fin…

*Cela ne lui portera pas bonheur. Recherché par la troupe de la Convention, il s’enfuit de l’Hôtel de Ville, se cache mais est dénoncé par l’un de ses débiteurs, arrêté, condamné et exécuté le 5 aout 1794. Juge, Confinhac, avant de condamner à mort Antoine Lavoisier, lui avait lancé « la République n’a pas besoin de chimistes ! ». Une rue porte tout de même son nom à Aurillac.

**Depuis 1803, Place de l'Hôtel de Ville.

 

À SUIVRE

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