LES VALEURS CONTRE LA DEMOCRATIE
S’il y a une leçon à tirer de la Terreur, c’est que ce sont des politiciens qui se voulaient très vertueux qui ont commis les pires crimes politiques jamais accomplis en France.
Les successeurs de Robespierre, Hitler, Staline, Pol Pot étaient tous des hommes qui proclamaient vouloir le bien de leur peuple ; comme par hasard, ils font aussi partie de la liste des meurtriers les plus monstrueux que l’humanité ait jamais connu.
Car les politiciens de la Terreur ont renié les principes fondamentaux de la démocratie qui leur avait pourtant permis de recevoir délégation de leurs électeurs pour gouverner en leur nom.Dans une démocratie, on n’attend pas des dirigeants qu’ils aient une idée géniale pour sauver le pays mais qu’ils soient attentifs aux volontés exprimées par les différentes catégories de la population; qu’ils transmettent les informations nécessaires aux citoyens pour former leur jugement et non qu’ils les cachent sous couvert de « raison d’État »; qu’ils permettent aux médias de jouer un rôle d’intermédiaires entre eux et le public et non celui d’outil de propagande et qu’ils se soumettent aux verdicts des urnes au lieu de chercher à en travestir les résultats.
Si en France, on se permet tant d’entorses à la démocratie, c’est au nom de valeurs que l’on prétend infliger au peuple français, qui relèvent d’un magistère moral et non du pouvoir politique.
C’est en quoi « les valeurs républicaines », que la Terreur avait l’intention vertueuse d’imposerau peuple français comme une purge sanglante, différent de celles des démocraties pour lesquelles le pouvoir vient par définition du peuple et non de ses dirigeants et de leur soi-disant "valeurs": la République ou la démocratie, il faut choisir, voilà l’enseignement de la Terreur.
À la Terreur et à son retour de flamme que fut la Convention thermidorienne, succéda le Directoire dont les mœurs républicaines furent également pleines d’amers enseignements.
S’ils se faisaient des illusions sur leur popularité, les élections qui suivirent démontrèrent aux Jacobins qu’ils avaient eu au moins raison de craindre leur résultat. La composition des deux assemblées indiquait nettement que la volonté des électeurs était ignorée par les anciens conventionnels, alors que les nouveaux élus comptaient 120 royalistes pour seulement 45 républicains.
Malgré le décret des Deux Tiers et les pressions exercées par la Convention sur les électeurs, seulement 376 Conventionnels sur les 500 qu'imposait le décret furent réélus, ce qui obligea la Convention à désigner elle-même les 124 députés manquants.
Élu le 31 octobre 1795, le Directoire était composé de La Révellière-Lépeaux pour l'instruction et la religion, de Reubell pour la diplomatie, de Barras pour les affaires intérieures, de Carnot pour la guerre et de Le Tourneur, ce dernier jouant un rôle mineur dans le groupe. Ces cinq hommes qui composent le Directoire, trois avocats et deux soldats, méritent l’attention car ils fournissent un tableau fidèle du pouvoir issu de la Révolution.
Louis Marie de La Révellière-Lépeaux (1753-1824) est avocat à la veille de la Révolution, grand partisan de l’égalité. Il vote la mort du roi, s’oppose à Robespierre et à Danton et soutient la Gironde contre Marat. Proscrit, il revient à la Convention après la chute de Robespierre.
Quand la Révolution éclate, Jean-François Reubell (1747-1807) est également avocat. À la Constituante, il soutient les droits des hommes de couleur et se spécialise dans la dénonciation des tyrans, des privilèges du clergé et des juifs. Membre du Directoire, il se consacre à la diplomatie de la « Grande Nation ».
Paul François Jean Nicolas, vicomte de Barras (1755-1829), qui a laissé l’image d’un libertin et d’un corrompu, entre dans l’armée à seize ans dont il démissionne à la fin de la guerre d’Indépendance. Il est député à la Convention, où il siège à la Montagne et vote la mort de Louis XVI. Il met la « Terreur à l’ordre du jour » à Marseille et à Toulon, où il remarque Bonaparte. Au soir du 9 Thermidor, il commande l’action militaire qui permet la prise de l’Hôtel de Ville et la fin de Robespierre.
Il est supposé avoir des opinions de gauche, ce qu’il montre en s’opposant aux poursuites contre les conspirateurs babouvistes ainsi qu’à toute tentative de restauration royaliste, notamment lorsqu’il organise le coup d’État de Fructidor.
Lazare Carnot (1753-1823) est le fils d’un avocat qui devient militaire. Il est élu à la Législative et à la Convention où il siège à gauche. Il vote la mort de Louis XVI, mais se tient à l’écart des Jacobins. Membre du Directoire, il prend l’initiative des poursuites contre Babeuf et ses amis. Il se rapproche des royalistes, ce qui l’oblige à s’enfuir lors du coup d’État de Fructidor. Il continuera cependant sa carrière d’organisateur sous le Consulat et l’Empire. Ses fils et petits-fils seront également des hommes politiques et des scientifiques importants.
Le Tourneur ou Letourneur (1751-1817) est capitaine quand il est élu à la Législative. Réélu à la Convention, il vote la mort de Louis XVI, mais est hostile à Robespierre.
La composition politique du Directoire montre que le nouveau régime était dirigé par les mêmes hommes et confronté aux mêmes problèmes que la Convention thermidorienne. Il devait se garder à gauche des Jacobins et des Royalistes à sa droite.
À SUIVRE