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Le blog d'André Boyer

UN CONCORDAT DIFFICILE À SIGNER

7 Janvier 2025 , Rédigé par André Boyer

ON RECONNAIT NOTAMMENT PIE VII AUTOUR DE LA TABLE

ON RECONNAIT NOTAMMENT PIE VII AUTOUR DE LA TABLE

UN CONCORDAT DIFFICILE A SIGNER

 

Le Consulat est officiellement installé le 1er janvier 1800.

 

Bonaparte nomme deux nouveaux consuls qui se situent aux deux extrémités d’un balancier politique qui oscille autour du Premier Consul. Ils sont en effet à l’opposé sur le plan politique : Cambacérès, régicide, a été député de la Convention et un spécialiste du droit. Lebrun est un partisan de la monarchie modérée et un spécialiste des finances.

Le Sénat, présidé par Sieyès, coopte les sénateurs et choisit les députés qui n’ont pas pu encore été élus, fautes de listes de notabilité établies. Il faut noter que le choix du Sénat se porte sur des députés de sensibilité révolutionnaire qui sont plutôt opposés au Premier Consul.

Dès février 1800, Bonaparte s’est installé aux Tuileries. Il affiche immédiatement sa volonté de réconciliation nationale. Avant même d’être officiellement installé, il prend en quelques semaines de nombreuses mesures d’apaisement:

- Le 13 novembre 1799 : Abrogation de la loi des otages.

- Le 23 novembre : suspension d’armes dans l’Ouest.

- Le 29 novembre : suspension des peines de déportation des prêtres réfractaires.

- Le 23 décembre : suppression de la célébration de l’exécution de Louis XVI.

- Le 25 décembre : abrogation des lois privant les parents d’émigrés des droits civiques.

- Le 26 décembre : les royalistes déportés après le 18 fructidor an V sont autorisés à rentrer en France.

- Le 28 décembre : l’amnistie est accordée aux insurgés de l’Ouest qui acceptent de déposer les armes.

- Le 30 décembre : les honneurs sont rendus à la dépouille de Pie VI, qui avait été emprisonné à Valence.

Mais Bonaparte a des difficultés à signer un Concordat avec le Pape Pie VII, les objectifs de ce dernier étant radicalement différents de la démarche purement politique de Bonaparte qui veut obtenir un accord avec les autorités catholiques malgré la résistance des assemblées qui s’opposent au retour de la religion sur la scène publique.

Ce Concordat reconnaît le gouvernement consulaire. En contrepartie, le Pape obtient l’acceptation par l’État français de l’autorité spirituelle du pontife romain et de son droit à nommer les évêques, en accord toutefois avec l’État français.

Vaguement déiste, Bonaparte convient que le catholicisme lui paraît efficace pour rendre la société plus cohérente, puisque ce dernier prêche le respect de l’autorité. L’avantage du Concordat est aussi que le parti royaliste ne pourra plus mobiliser au service de sa cause les prêtres réfractaires et leurs fidèles.

Autour de ce Concordat, la bataille diplomatique entre Pie VII et Bonaparte porte surtout sur deux articles qui concernent la condition de la religion catholique en France et la liberté du culte à l’extérieur des églises. Comme, pour les théologiens de l’Église, la religion catholique devait être reconnue religion d’État, on trouva une formule qui permettait une reconnaissance de facto de la religion catholique, et non de jure, en utilisant l’expression : « religion de la majorité des Français ».

En outre, à l’opposé du Directoire qui avait confiné les cérémonies religieuses à l’intérieur des églises, les mêmes théologiens insistaient pour que la religion catholique s’exerçât au grand jour. On convint que le culte serait public, tout en se conformant aux règlements de police exigés par la tranquillité publique.

L’accord fut plus facile sur les nouvelles circonscriptions des diocèses, sur la nomination par le Premier consul des évêques, nomination confirmée par le Pape, sur le serment de fidélité des évêques et des curés au gouvernement et non à la Constitution, sur l’autorisation de recevoir des fondations et sur les prières officielles pour les Consuls.

Pie VII renonça de fait à la restitution des biens d’Église vendus comme biens nationaux, sans reconnaître de jure au pouvoir civil le droit d’en disposer : il s’engagea simplement à ne pas inquiéter les acquéreurs.

Les pourparlers entre Pie VII et Bonaparte s’éternisèrent, en raison de la volonté de ce dernier d’instrumentaliser l’Église en usant de rouerie et de menaces. Il ne faudra pas moins de neuf versions différentes (sic) pour que le Concordat soit symboliquement signé le 14 juillet 1801, et difficilement ratifié par les deux parties.

Après la paix d’Amiens, Bonaparte usa d’une dernière fourberie lorsqu’il promulgua le Concordat le 8 avril 1802, en y rajoutant de son propre chef les Articles Organiques qui rendaient l’Église de France étroitement dépendante de l’État, malgré les protestations de Pie VII contre cette adjonction unilatérale.

En politique internationale, dans le cadre de ses efforts pour stabiliser la position de la France, Bonaparte essaya, au-delà de la pacification religieuse, d’obtenir une paix qui permette à la France de digérer ses conquêtes en Europe.

 

Malgré sa volonté inébranlable, malgré son génie de négociateur et malgré la force coercitive de son armée, il n’y parviendra pas.

 

À SUIVRE

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