FIN DE NON-RECEVOIR EN INDE
11 Février 2025 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE
FIN DE NON RECEVOIR EN INDE
La mission en Inde se termina le 6 décembre 1998.
Le temps de faire la synthèse de nos nombreuses rencontres et d’élaborer un projet, nous commencions l’année 1999. J’avais préparé, dés novembre 1998, un projet de création d’un DESS de gestion en Inde, que j’avais transmis, avant mon arrivée en Inde, aux Services Culturels de l’Ambassade de France qui n’avaient pas réagi. De plus, contrairement à mon attente, je n’avais pas obtenu pendant mon séjour d’entretiens avec ces services pour en discuter.
Je pouvais donc considérer que, comme en Indonésie, l’Ambassade de France était hostile ou à tout le moins indifférente à ce projet. Pour avoir une chance de l’imposer, l’appui de la FNEGE et de l’IAE de Nice étaient insuffisants ; il me fallait mobiliser un partenaire supplémentaire.
Je tentais le coup avec l’IAE de la Réunion, qui tout proche de l’Inde, avait tout intérêt à tisser des liens avec ce pays. Je pris donc contact avec son directeur, Christian Dave à l’époque, et avec l’un de mes collègues, J.M. Aurifeille, dont je connaissais notamment le dynamisme. Ce dernier vint me voir à Nice début février 1999, nous élaborâmes ensemble un plan d’action et ils prirent attache avec les services culturels de l’Ambassade, qui ne réagirent pas.
Le 20 mars 1999, j’envoyais donc un courrier au Conseiller Culturel, Bernard Malauzat, malheureusement un angliciste, en détaillant notre projet. Je précisais que nous attendions de lui des informations sur les contraintes règlementaires de la mise en place de notre projet et sur l’aide qu’il pouvait nous apporter pour sélectionner le meilleur partenaire.
En réalité, après trois cent contacts environ, j’avais déjà sélectionné un partenaire public d’excellent niveau, University of Bombay, qui s’était déclaré prêt à travailler avec nous sur le projet de DESS en management enseigné en français, mais je voulais le sonder sur ses choix, notamment sa préférence pour le public ou le privé, instruit que j’étais par ceux de l’Ambassade Française en Indonésie.
Je lui indiquais aussi la structure de l’organisation prévue, avec un consortium FNEGE, IAE de Nice et IAE de la Réunion, sur le coût de la formation, 6000 dollars par étudiant, qui pourrait être pris en charge à moitié par l’Établissement de formation indien et pour moitié par le Consortium français. En d’autres termes, je lui signifiais que la France devrait, au début, financer la moitié du coût de la formation, avant de se retirer lorsque les comptes seraient équilibrés. Le coût par étudiant, qui correspondait à 3000 $ pour les étudiants indiens était compétitif d’après nos interlocuteurs rencontrés sur place.
Pour qu’il puisse mesurer l’utilité de cette formation pour les Indiens comme pour les Français, je précisais que son intérêt résidait pour les Indiens dans une ouverture directe sur le monde francophone et pour les Français dans la création d'une interface avec le monde Indien.
Je n'eus aucune réponse à ce courrier, ce qui en dit long sur le professionnalisme, sans même mentionner la courtoisie, de mon correspondant. Au bout de quelques semaines, j'alertais mes alliés de l'IAE de la Réunion qui téléphonèrent directement à l'Ambassade en Inde pour obtenir une réponse. Celle-ci vint par un courrier, non pas à moi-même qui lui avait écrit, mais au Directeur de l'IAE de la Réunion, qui confirmait avoir reçu mon courrier (sic), et qui précisait "qu'une formation de ce type en français n'est pas adéquate et même n'est pas souhaitable au moment même où nous faisons la promotion de notre enseignement supérieur en Inde et que les programmes en anglais ayant pour cible les étudiants asiatiques se développent en France".
Évidemment, l'affaire était close, d'une part parce que la politique, affirmée par l'Ambassade, n'était plus de promouvoir le français comme outil d'ouverture vers la France, mais de rentrer dans le rang en vantant aux Indiens nos capacités de formation en anglais, et d'autre part parce que la non-réponse directe à mon courrier était une déclaration d'hostilité à la FNEGE et à moi-même.
Je livrais un baroud d'honneur en me plaignant auprès du Président de la République, Jacques Chirac, de l’attitude de l'Ambassade en Inde, rappelant nos succès en Chine et en Indonésie. Ce dernier, reconnaissant mon expérience dans ce type de formation en Asie, me fit savoir, le 10 janvier 2000, que "le Ministre des Affaires Étrangères invitera notre ambassade à New Delhi à reprendre la discussion avec vous sur ce dossier".
Il n'en fut rien.
C'est ainsi que se termina notre aventure en Inde, et surtout notre tentative de nouer des liens industriels appuyés sur une connivence culturelle avec cet immense pays, une à deux décennies avant que tout le monde en France ne découvre l'importance de l'Inde dans nos échanges industriels.
Trop tard.
À SUIVRE