AVANT TRUMP, MCKINLEY
22 Avril 2025 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ
Donald Trump a eu un prédécesseur au destin similaire au sien à la Présidence des États-Unis, William McKinley (1843-1901), en espérant que cette similitude ne s’entende pas jusqu’au terme de sa Présidence.
Le 1er octobre 1890, William McKinley savoure son triomphe, car ce représentant de l’Ohio, un État violemment disputé entre les Français et les Anglais pendant la guerre de Sept Ans (1756-1763), a fait adopter par la majorité républicaine au Sénat une loi, le McKinley Tariff Act (MTA), qui fait passer les droits de douane sur les produits importés de 38% à 49,5%.
Le Parti républicain est alors le champion des industries installée dans les États du Nord-est de l’Union, ces États qui réclament des droits de douane (tariffs) protecteurs alors que le Parti Démocrate soutient le libre échange qui profite aux États agricoles du Sud et de l’Ouest. Le Président des États-Unis, le républicain Benjamin Harrison, négocie, comme le fait aujourd’hui Donald Trump, des accords de réciprocité. Il dispense la Brésil de droits de douane parce qu’il est un bon client de l’industrie américaine, mais s’attaque aux pays européens et … au Canada !
Après l’échec de la tentative des États-Unis de s’emparer du Canada en 1812, les États-Unis maintiennent une ambition stratégique qui serait de contraindre le Canada à se fondre au sein des États-Unis sous la forme d’un 45e État de l’Union, ambition proclamée encore en 2025 par Donald Trump. En 1890, l’idée consistait à croire que l’économie du Canada ne pourrait pas supporter les taxes américaines et que les élites canadiennes se verraient obligées de rejoindre les États-Unis.
Mais la jeune Fédération canadienne, fondée en 1867, refusa de capituler sous la direction de son Premier Ministre, John A. Macdonald. Elle tourna ses flux commerciaux vers l’Europe tandis que les industriels américains, frappés par les droits de douane canadiens, furent obligés d’ouvrir des usines au Canada qui sortit finalement renforcé de la guerre des droits de douane initiée par les États-Unis. Les mêmes causes engendrant les mêmes effets, le Canada semble se regrouper au tour du libéral Mark Carney, clairement opposé à la politique de Donald Trump.
Aux États-Unis, l’application du MTA provoqua à court terme une forte inflation et la défaite des Républicains aux élections de mid-term, le 4 novembre 1890. McKinley lui-même fut battu dans sa circonscription de l’Ohio. Puis en 1892, un démocrate, Grover Cleveland, fut élu Président et l’opinion s’imposa que s’en était définitivement fini avec des droits de douane excessifs.
Or, quatre ans plus tard, à la double surprise générale, William McKinley fut, non seulement désigné comme candidat républicain, mais élu Président des États-Unis le 4 novembre 1896. Il avait profité de la crise financière de 1893 et de la récession qui avait suivi pour faire campagne sur un programme à la fois nationaliste et protectionniste, comme Donald Trump en 2024.
En juillet 1897, McKinley fit adopter une nouvelle série de mesures protectionnistes, le Dingley Tariff Act (DTA). Cette fois les droits de douanes étaient dans l’air du temps, l’opinion applaudit et les droits de douane s’imposèrent durablement jusqu’à la Grande Dépression de 1929 et McKinley fut triomphalement réélu le 4 novembre 1890.
Au plan international, McKinley mena aussi une politique très active. Il essaya de persuader l'Espagne de lui vendre Cuba où se déroulait alors une guerre de libération contre elle. Après l'échec des négociations, il se lança dans une guerre contre l’Espagne (1898) qu’il remporta rapidement et qu’il conclura la même année par le traité de Paris de 1898, qui fit de Cuba un protectorat américain, transféra de l'Espagne aux États-Unis le contrôle de Porto Rico, de Guam et même des Philippines, qui deviendront indépendantes en 1946. McKinley y ajouta aussi la république d'Hawaï, alors indépendante, qui devint un territoire des États-Unis.
McKinley fut réélu triomphalement le 4 novembre 1900. Dix mois plus tard, les 5 et le 6 septembre 1901, le Président se rendit à l'exposition panaméricaine qui se déroulait à Buffalo dans l’État de New-York. Le second jour de sa visite, l'anarchiste Léon Czolgosz lui tira deux balles dans l'abdomen. McKinley, mal soigné, mourut le 14 septembre 1901 . Theodore Roosevelt lui succéda, jurant de poursuivre le programme politique de McKinley ; Czolgosz fut condamné à mort le 26 septembre et électrocuté le 29 octobre 1901.
Il existe, lorsque l’on parcourt plus en détail la biographie de William McKinley de nombreuses analogies avec le parcours de Donald Trump qui revendique cette filiation et s’est empressé de rebaptiser le plus haut sommet d'Amérique du Nord, officiellement appelé Denali entre 2015 et 2025, Mont McKinley en Alaska.