DIRIGER LE MASTER MARKETING
Au tournant de l’an 2000, j’abordais la dernière période de ma carrière universitaire proprement dite qui s’achèvera fin 2013, avant de se prolonger par celle de Professeur Émérite.
À cette date, j’ai fait soutenir 18 thèses, j’en ferai encore soutenir 23 autres. J’ai aussi publié une cinquantaine de travaux, documents de recherches, articles ou ouvrages, j’en publierai encore cent cinquante de plus, et ce n’est pas tout à fait fini à ce jour. Se déploie alors une période de pleine utilisation de mes expériences, savoirs, réseaux, sans que j’en ai pleinement conscience.
Après le professeur André Micallef à qui j’ai eu l’honneur de succéder, j’ai eu en charge la responsabilité des enseignements de marketing, restant jusqu’au bout de ma carrière le seul professeur de marketing à l’IAE de Nice, entouré heureusement de Maitres de Conférence et de vacataires. Cela me donnait la responsabilité de la recherche, de la direction des thèses et de l’enseignement en marketing dans notre université, ce qui signifiait concrètement la direction du master marketing (à l’époque appelé DESS) et de l’enseignement du marketing en master recherche (à l’époque appelé DEA). J’enseignait aussi dans le CAAE (alors DESS puis Master) le marketing et une autre discipline, successivement la microéconomie, les TQG (les Techniques quantitatives de gestion) et le management.
En l’an 2000, il y avait fort peu de DESS à l’université, ce qui fait que notre DESS, comme les autres, était fortement prisé. Nous n’avions aucun problème d’effectifs que nous maintenions à un maximum opérationnel de 30 à 35 étudiants. En revanche, nous avions un problème de sélection puisque nous avons reçu jusqu’à 2000 candidatures ! La secrétaire du DESS a rapidement été Djamila Atmane, qui a montré dans ces fonctions, comme dans celles qu’elle occupe jusqu’à aujourd’hui, un engagement et un dévouement remarquables. Ces deux mille candidatures nécessitaient le déploiement d’un système de tri qui nous prenait une semaine et deux salles de cours où nous, l’équipe du DESS marketing, étalions, trions et discutions des dossiers.
Nous n’avions pas les moyens de faire une première sélection et de trancher à l’oral, tout devait se décider sur dossier, l’objectif étant de choisir les meilleurs, de ne pas faire d’injustice et de composer une promotion équilibrée. Avec ce système et cette demande extravagante, nous avions beaucoup de chances de nous tromper et nous ne nous en sommes pas privés, mais il me semble que finalement nous avons eu d’excellentes promotions. Puis le nombre de DESS devenus entretemps Master s’accroissant, le rapport entre le nombre de candidats et le nombre de places s’est réduit ; nous avons eu alors moins de choix, espérant toujours que ces candidats feraient de bons étudiants, mais sans que nous ayons la responsabilité, ou le loisir, de les choisir.
Ne croyez pas que cela se passait sans piston. Il y avait des recommandations à laquelle nous cédions parfois. Je me souviens d’une candidate fortement recommandée qui a cru que le piston était un laissez passer permanent qui lui permettrait d’agir à sa guise, que nous avons exclu en fin d’année malgré d’ultimes pressions venues d’un Ministère.
Je me souviens aussi que les responsables de la Formation Continue, séduits par le système de la validation des acquis, essayaient, sans succès, de me convaincre de délivrer un master marketing à des cadres commerciaux sans qu’ils ne suivent aucun cours mais se contentent de remette un mémoire sur leurs activités professionnelles. Je restais convaincu que la délivrance du diplôme exigeait une formation, frustrant ainsi les services de la Formation Continue qui y perdaient des clients, les cadres candidats qui y perdaient un diplôme et même certains collègues convaincus que je n’allais pas dans le sens de l’histoire !
En quoi ils avaient raison, encore que je ne crois toujours pas que l’on puisse construire quoi que ce soit, y compris la qualité d’une formation, en se laissant pousser par les flots du courant, sauf lorsqu’il est trop fort pour résister utilement…
Bref, diriger une formation qui délivre des diplômes sans rougir était une activité qui exigeait des principes clairs et une certaine détermination à les faire respecter. Comme j’avais d’autres activités, j’ai eu au cours du temps la chance de disposer d’une équipe de qualité pour me seconder comme Jean-Jacques Fressin, Professeur Associé et lié au Master Marketing depuis toujours par le Professeur Micallef, Jean-Gérard Guarino, Djamila El Idrissi administratrice hors pair que je connaissais depuis la thèse qu’elle avait faite sous ma direction, comme aussi deux autres doctorantes, Catherine Papetti et Nathalie Maumon, cette dernière montrant dans le respect des règles et les rapports avec les étudiants une grande fermeté qui étaient très bénéfiques.
C’était une activité plus quotidienne que la création de diplômes de gestion à l’étranger et impliquant une lourde responsabilité vis-à-vis des étudiants. Je l’ai exercé durant les quinze dernières années de mon activité professionnelle, avant de passer le relais à Catherine Papetti qui a su moderniser la formation.
Cela ne m’a pas empêché, pendant cette période, d’être candidat à deux reprises à des responsabilités universitaires…
À SUIVRE