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Le blog d'André Boyer

LE SOLEIL DECONNECTE LA PÉNINSULE IBÉRIQUE

24 Mai 2025 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

LE SOLEIL DECONNECTE LA PÉNINSULE IBÉRIQUE

Lundi 28 avril 2025 à midi et demi, commence la chute brutale, en quelques minutes, de la production électrique espagnole. Quelles leçons en tirer ?

 

Cette chute de la production électrique plonge naturellement toute la péninsule ibérique et une partie du pays basque dans le chaos et elle a duré, selon les régions, entre 12 et 18 heures : les foyers ont été privés d’électricité, les ascenseurs ont été bloqués, les systèmes de signalisation se sont éteints, les réseaux de communication sont devenus inertes ; plus de téléphone, plus d’internet.

la production d’électricité doit à tout instant correspondre à la demande. Or de nombreux dispositifs ont été implantés qui ne dépendent pas de notre décision de produire ou non de l’électricité, mais du soleil et du vent. Il est possible d’anticiper ces apports d'électricité aléatoires mais la multiplicité des sources d’approvisionnement, avec des centaines de parcs solaires et d’éoliennes, rend difficile leur interruption. Que s’est-il donc passé ?

À 9 heures du matin le 28 avril 2025, les gestionnaires du réseau espagnol commencent à réaliser qu’il fera ce jour là un vrai temps d’été, puisque en ce début de matinée, la production solaire est déjà de 10 gigawatts. Au même moment, la consommation d’électricité est de 30 gigawatts et l’on sait qu’elle va baisser au cours de la journée. Ils savent aussi que la production solaire va grimper jusqu’à prés de 30 gigawatts lorsque le soleil sera au zenith, et qu'à elle seule, cette production va dépasser la consommation

Les responsables espagnols décident alors de baisser tout ce qu’ils peuvent et d’exporter au maximum vers leur seul exutoire, la France, le Portugal étant déjà en difficulté avec trop d’hydraulique, de vent et de soleil. La connexion avec la France et ses 2,8 gigawatts de capacité est vite saturée, la charge devient inférieure à la production et c’est la chute : vers 12 h 30, la production de l’Espagne est de 32 gigawatts, dont 22 gigawatts de solaire et d’éolien, soit 7 gigawatts de plus que sa consommation. Dés lors, il n’y a plus que les 3,5 gigawatts d’énergie nucléaire qui peuvent donner encore un peu de temps aux systèmes de sécurité, mais cela se révèle insuffisant.

On ne sait pas encore l’instant et le lieu exacts où le système a disjoncté, mais l’essentiel est que la surcharge à un point quelconque du réseau a suffi pour le faire dégringoler en cascade.

Le fait est que le vent et le soleil déstabilisent des réseaux électriques qui n’ont pas été conçus pour absorber le comportement erratique, instable et dispersé de ces sources d’énergie. Il parait que tous les spécialistes savent que, pour que le réseau fonctionne, il ne faut pas plus de 30% de sources intermittentes pour alimenter  le réseau électrique.

La crise espagnole vient à point pour remettre en cause la loi française de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) qui prévoit un accroissement dangereux des énergies renouvelables qui entrainerait une fragilisation excessive du réseau et une montée considérable du coût de l’électricité.

Heureusement, le débat parlementaire sur cette PPE vient d’être repoussé à l’automne par un Premier ministre qui estime que « nous devons juger chaque technologie à l’aulne de quatre critères essentiels : souveraineté, abondance, compétitivité, décarbonation. »

En d’autres termes, plus de nucléaire et moins d’énergies renouvelables, le temps de disposer de toutes les données sur l’incident espagnol pour prendre la mesure des risques…et des coûts.

Mais on peut regarder plus loin : un réseau électrique, comme tous les réseaux, nécessite une régulation qui aura de plus en plus de mal à gérer les multiples sources d’énergie solaire qui deviennent de plus en plus individuelles, sauf à imposer un stockage de l’énergie électrique. Lorsque l’on parviendra à stocker économiquement cette énergie, se mettra en place un processus de fourniture individualisé de l’énergie électrique qui rendra à terme le réseau électrique réservé aux grosses unités de consommation. Le réseau électrique disparaitra peut-être même à long terme…

 

Nous reviendrons dans un prochain billet sur l’affaire Superphénix, qui permettra de mesurer, à propos de ce cas particulier, à quel point les enjeux politiques ont perturbé depuis toujours les débats énergétiques. 

 

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