UNE GUERRE DE PLUS CONTRE L'IRAN
20 Juin 2025 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ
Je suis toujours impressionné par la capacité des dirigeants de trop nombreux pays à faire souffrir leurs peuples, mais il suffit de lire Etienne de La Boétie et son lumineux Discours de la servitude volontaire (1576) pour comprendre pourquoi.
En ce moment même, deux hommes en particulier s’emploient activement à faire souffrir leurs peuples et quelques autres autour, Benyamin Netanyahou et l’ayatollah Ali Khamenei. Je ne m’étendrai pas sur leurs motivations officielles ni sur leurs arrières pensées supposées, mais sur le résultat de leurs actions.
En ce moment même, si « seulement » quelques centaines d’Iraniens et d’Israéliens sont morts, plus d’une centaine de millions d’Iraniens, en comptant ceux qui se sont exilés, sont dans l’incertitude et souvent dans l’angoisse pour l’avenir de leur pays, pour leur situation personnelle, voire pour leur vie. Côté Israélien, des dizaines de millions de juifs, dans et hors du pays, se demandent quel sera le monde de violences et de menaces que leur prépare l’actuel Premier Ministre d'Israël.
Détruire les capacités atomiques actuelles de l’Iran est difficile mais possible. Détruire la volonté d’un peuple aussi fort que le peuple iranien, qui a su résister depuis presque trois millénaires à de multiples guerres et tentatives d'invasion, d’acquérir les moyens modernes de la puissance est irréalisable.
L'objectif de Netanyahou est probablement de parvenir à créer une situation tellement chaotique en Iran qu’il lui faudra, comme en Irak ou en Libye, des dizaines d’années pour s’en remettre. Je pense, que même avec l'aide des États-Unis, qui n’ont jamais manqué d’essayer d’affaiblir l’Iran avec la complicité de la Grande-Bretagne, ils n’y parviendront pas, car le morceau est trop gros.
Profitant de l’aveuglement des dirigeants iraniens qui n’ont cessé de menacer Israël, d’accumuler des armes, de financer des « proxy » pour se protéger, d’exploiter et de terroriser leur propre population, tout en affirmant haut et fort qu’ils voulaient avoir leur arme atomique pour se défendre mais aussi pour vitrifier Israël, Netanyahou s’est lancé dans une offensive qui ne peut que déboucher dans une impasse.
Car il ne peut la continuer indéfiniment, il ne peut faire appel à son soutien américain de façon trop directe sans provoquer un conflit qui le dépasserait : il lui faut donc obtenir, le plus rapidement possible, un accord qui lui permette de se proclamer vainqueur.
Gageons qu’il l’obtiendra, mais ce sera un accord en trompe l’œil, car il ne peut tuer la volonté iranienne d’avoir un jour la bombe. Gageons aussi que la diplomatie iranienne le fera attendre le plus longtemps possible avant de lui donner cette satisfaction à court terme, qui sera suivie d’une désillusion à long terme.
Gageons que Trump n’enverra pas ses bombardiers, ou fera semblant.
Gageons que la République Islamique, privée de ses objectifs et de ses hochets militaires, finira par se retirer sur la pointe des pieds ou des baïonnettes, sans livrer le pays à l’anarchie.
Gageons que la guerre contre l’Iran aura montré à Israël qu’elle s'est transformée en guerre d’attrition contre lui-même et qu’il lui faut donc mettre un terme à toutes les guerres.
Gageons finalement qu’une sorte de rationalité profonde l’emporte sur le prévisible bouillonnement des monstruosités que l’on nous a longtemps racontées et que l’on nous présente vraiment aujourd’hui, sous nos yeux incrédules.
Références : voir les nombreux billets que j’ai consacré à l’histoire fabuleuse de l’Iran et au conflit profond entre les États-Unis et l’Iran