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Le blog d'André Boyer

RETOUR VERS UN MONDE RÉEL?

12 Avril 2019 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

FEU, LE MINISTÈRE DE LA COOPÉRATION

FEU, LE MINISTÈRE DE LA COOPÉRATION

Ce n’est pas que le séjour à Dakar ait été irréel, mais nous étions placés dans un cadre particulier, en assistance d’une situation que nous n’avions ni le droit, ni le pouvoir de modifier, ni même de contester, et d’un point de vue personnel, dans un état de détachement professionnel qui mettait ma carrière, mais aussi ma vie entre parenthèses. 

 

Je ne pense pas du tout que la coopération universitaire ou la coopération en général ait été inutile, même si elle s’inscrivait dans un cadre administratif qui frisait souvent l’absurdité et même si la vision française de l’Afrique oscillait entre le colonialisme et la naïveté béate. 

Mais justement, ces Français pleins de préjugés qui débarquaient en Afrique se retrouvaient confrontés à sa réalité complexe qu’ils finissaient en général par comprendre, afin, justement, de chercher à « coopérer », avec les Africains, ici les Sénégalais, qui se sentaient à la fois exaspérés par la France et en communion avec les Français. 

D’ailleurs, qui auraient pu les aider ? Les autres Européens ne savaient pas grand-chose de l’Afrique, y compris les Anglais qui, eux par système, n’ont jamais rien voulu savoir. De leur côté, à leur habitude, les Américains méprisaient et écrasaient tout ce qui n’est pas américain, avec une bonne conscience cynique qui laissait coi. Les Chinois n’étaient pas encore là, mais on a vu depuis les efforts qu’ils déploient pour exploiter l’Afrique en soulevant le moins de protestations possibles. Les Russes étaient présents par ci par là, comme en Guinée hier ou en Centrafrique aujourd’hui, mais leur influence était et reste anecdotique. 

Seuls les Français étaient en mesure, s’ils l’avaient voulu, d’aider l’Afrique à se développer et à se protéger de ses démons, car elle y était présente depuis longtemps, à Dakar depuis des siècles, et beaucoup de Français le souhaitaient puisque la socièté française, contrairement aux sociétés  anglaises et américaines.

Mais pas la France. Elle s’était, à tort à mon avis, détournée de l’Afrique en 1962, à partir de la fin de la guerre d’Algérie, pour retourner dans sa vieille soupe européenne. Depuis, elle ne faisait plus que semblant que d'aider. 

Dans ces conditions, la coopération française ne pouvait être que partielle, maladroite et provisoire. Elle vit sa fin symbolique en 1998, lorsque le Ministère de la Coopération disparut et avec lui la plupart des coopérants. 

Donc, retournant en France, j’étais sommé d’oublier l’Afrique, ce que bien entendu je me gardais bien de faire en créant, dès que je l'ai pu, un Laboratoire de Cultures et Gestion Africaines qui a été soutenu par l’IAE de Nice et la FNEGE. Il s’agissait de permettre aux enseignants-chercheurs en poste dans les universités africaines de faire connaitre leurs travaux de gestion au travers d’une revue semestrielle que j’ai organisée avec mon ami Alain Billon. Mais j’anticipe, car il fallut que je revienne en poste à l’IAE de Nice en 1987 pour procéder à son lancement dont le projet était dans mes plans dès mon retour à Nice, d’autant plus que j’en avais amorcé le principe en organisant un séminaire de recherche en gestion à Dakar en 1982-1983. 

J’ai écrit "de retour à Nice". Normalement, j’aurai dû revenir à Strasbourg III, qui était mon université de rattachement. Mais j’avais obtenu, non sans quelques réticences du Président de l’Université de Strasbourg III que j’allais fortement fréquenter plus tard (le monde est petit), l’autorisation de me détacher de Strasbourg III pour me rattacher non pas à l’Université, mais à l’IUT de Nice, grâce à son directeur et ami, le professeur Xavier Boisselier, mon ancien directeur de l’IAE de Nice et membre de mon jury de thèse. 

Non seulement le monde est petit, mais, certains le déplore, il est structuré par les relations personnelles. 

J’arrivais à Nice le 1erdécembre 1983, ce qui était curieusement la date de mon anniversaire et, le temps de reprendre mes esprits, je commençais à donner des cours à l’IUT de Nice en Techniques de Commercialisation 2emeannée en janvier 1984. 

 

Et dès le deuxième cours, quelle ne fut pas ma surprise ! 

À SUIVRE

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