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Le blog d'André Boyer

MADAGASCAR

6 Février 2021 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

TANANARIVE

TANANARIVE

L’année 1988 fut celle de ma découverte émerveillée et désolée de Madagascar, où je fus envoyé pour une mission à priori toxique.

 

Ce fut aussi l’année de mon installation progressive à l’IAE de Nice, où j'allais rester en poste vingt-cinq ans jusqu'à la fin 2013, tandis que je continuais à effectuer une partie de mon service en TC à l’IUT où je conservais provisoirement mon bureau.

Or, un jour, dans cet entre-deux, je reçu la proposition de la part de la FNEGE qui, depuis le projet chinois, me faisait de plus en plus confiance pour l’organisation de programmes de gestion, d’être l’un des deux responsables, l’autre étant Canadien, de l’organisation  et du lancement de l’INSCAE à Tananarive. L’INSCAE (Institut National en Sciences comptables et Administration d’Entreprise) était une université privée malgache installée  qui s’était spécialisée dans les domaines de l’Administration et de la Comptabilité.

L’Institut avait été officiellement créé par une convention passée en 1981 entre la Banque Mondiale et le gouvernement de la République Malgache, mais l’accord n’avançait que très lentement et la Banque Mondiale s’impatientait, menaçant d’annuler les crédits alloués non utilisés.

Une fois que j’eu fait connaissance de la société malgache, je compris rapidement pourquoi cela n’avançait pas. Mais l’enjeu que l’on me présentait n’était pas simplement d’agir pour accélerer le projet. La FNEGE opérait pour le compte du Ministère de la Coopération (MdC) qui était l’un des deux interlocuteurs  de la Banque Mondiale, l’autre étant l’ACDI, l’Agence Canadienne de Développement International et le MdC craignait que l’ACDI, profitant des retards accumulés, s’empare de l’ensemble du projet au détriment de l’influence française à Madagascar.

J’avais donc pour mission a minima de réequilibrer le rôle de la France dans ce projet et au mieux d’en écarter l’ACDI, si j’en avais l’opportunité. J’acceptais naturellement la mission, tout en étant conscient qu’il s’agissait d’un contexte radicalement différent du projet en cours en Chine, sans même mentionner le contexte culturel, puisque je n’étais pas l’auteur du projet qui était déjà engagé et qu’il existait un opérateur concurrent avec lequel j’allais devoir me confronter.

Avec la FNEGE, nous préparâmes une mission à Tananarive, rassemblant des données sur les autorités malgaches impliquées dans le projet, sur la direction de l’INSCAE, sur les experts de la Banque Mondiale et finalement sur l’ACDI et son bras armé pour ce projet, le professeur Jacques Brisoux de l’Université du Québec à Trois Rivières (UQTR).

Je suis donc parti en mission pour Tananarive au printemps 1988 où j’ai été accueilli de manière originale par le Directeur de l’ISCAE, Flavien Tody, dans la mesure où il avait organisé une soirée dansante à mon arrivée et qu’il m’a accompagné jusqu’à l’hotel qui m’était réservé, le Hilton, en veillant à ce que je ne m’y ennuie pas. Dés notre première rencontre, j’ai commencé à apprendre l’histoire personnnelle de Flavien (voir mon billet « Coup de force à Madagascar ») et à découvrir les complexités malgaches.

Il faut distinguer les merinas (prononcez les « mernes ») originaires de Malaisie et d’Indonésie qui sont installés sur les hauts plateaux et qui dirigent depuis toujours le pays, les habitants de la côte, issus surtout de l’immigration africaine, pauvres et souvent exploités, puis les Chinois et les Indiens, des commerçants plutôt aisés, arrivés au gré des différentes vagues d’immigration et au milieu de ces quatre populations, les métis en tous genres, parfois issus des Français et des deux premières populations, merinas et habitants de la côte. En distinguant toutes ces populations, je veux mettre en avant les oppositions « naturelles » entre elles, et bien sûr je schématise forcément à l’excés en ne distinguant pas les 19 principales ethnies du pays

Mais ce qui frappe avant tout, c’est la pauvreté moyenne d’un pays qui regorge pourtant de ressources naturelles et qui offre une incroyable variété de paysages, depuis les plateaux que l’ont croirait issus de l’Auvergne à des régions tropicales et des déserts saisissants, du Nord à Antisranana, ex Diego Suares, à Taolognaro, ex Fort Dauphin, sur une superficie de 587000 km2, soit la France et la Belgique réunies, pour 27 millions d’habitants aujourd’hui, mais qui n’en comptait que 11 millions quand je l’ai visité en 1988.

Une population chrétienne à 40 %, divisée presque également entre protestants et catholiques à quel s’ajoute 50 %  d’habitants  qui pratiquent toujours la religion traditionnelle, remarquable par sa volonté de souligner les liens entre les vivants et les morts, question que je développerai ultérieurement.

Des pauvres installés dans un paradis terrestre laissé à l’abandon, voilà comment on pourrait caractériser la Grande Ile que je visitais pour la première fois au printemps 1988.

 

A SUIVRE

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