Distance hierarchique
7 Février 2012 Publié dans #ACTUALITÉ
Distance hiérarchique
Sans aucun recul, David Revault d'Allonnes, dans Le Monde daté du 1er février 2012, raconte avec déférence la mise en place d’un service de sécurité « renforcé » autour de François Hollande :
« C'est ce qui s'appelle jouer de malchance. Le jour même où François Hollande, à la fin de son allocution au forum organisé par la Fondation Abbé Pierre, était enfariné par une femme, mercredi 1er février, une équipe renforcée de policiers entrait en fonction pour assurer la sécurité du candidat socialiste... mais n'était pas encore opérationnelle.
Un dispositif renforcé : deux équipes de sept fonctionnaires du Service de protection des hautes personnalités (SPHP), chacune dirigée par un capitaine et toutes deux pilotées par une "commandante fonctionnelle" (commandante ayant fonction de commissaire), la seule femme de l'équipe, assureront désormais, à tour de rôle, la protection de M. Hollande.
Alors que seuls deux fonctionnaires du SPHP étaient présents autour du candidat au Parc des Expositions de la Porte de Versailles, mercredi, l'ensemble de la nouvelle équipe se trouvait au siège de campagne, avenue de Ségur, pour un briefing sur la sécurité du candidat socialiste, en présence notamment du secrétaire général de la campagne, le préfet Nacer Meddah. Cette équipe élargie n'accompagnera le candidat du PS qu'à partir du jeudi 2 février. Elle sera notamment équipée d'une voiture suiveuse, de type monospace. Après des hésitations, en novembre, sur le profil des fonctionnaires de ce service d'élite initialement proposés par la Direction générale de la police nationale, c'est Daniel Vaillant, ancien ministre de l'Intérieur de Lionel Jospin, et son entourage qui se sont chargés de faire le tri pour sélectionner les gardes du corps de M. Hollande. Ceux-ci ont été "choisis pour leur professionnalisme et leur discrétion", indique un socialiste. Ainsi que pour leur non-appartenance à un syndicat proche de l'UMP.» Ce « choix » a été opéré avec l’accord de la DGPN, qui laisse ainsi le PS décider qui, au sein du service public, doit protéger celui qui n’est encore officiellement qu’un candidat. Connivence…
En symbiose avec Le Monde, le 2 février 2012, un journaliste du Figaro, Christophe Cornevin, ajoute, avec la même tonalité déférente, les précisions suivantes : «…Placés sous les ordres d'une femme commandant fonctionnel de police nommée «chef de groupe», quatorze policiers d'élite entourent donc le député de Corrèze, en deux équipes de sept hommes mobilisés en permanence. Outre le «conducteur», qui prend le volant de sa voiture, deux gardes du corps postés au «siège» se relaient à la place passager. Leur mission est claire: ne jamais quitter la «personnalité» d'une semelle, la prendre le matin à la sortie de son domicile et l'y ramener en fin de journée. Par ailleurs, une voiture «suiveuse» du SPHP, embarquant trois ou quatre hommes super entraînés, accompagne le convoi dans tous ses déplacements tandis que d'autres policiers sont déployés en «précurseurs» sur les différents points où doit se rendre François Hollande. Désormais, ces « précurseurs » prennent contact avec les autorités préfectorales pour évaluer l'état de la menace au niveau local et les dispositifs de maintien de l'ordre mise en place, précise-t-on au SPHP…Lors des meetings, François Hollande est protégé par la technique dite du «triangle», composée d'un ange gardien qui lui ouvre la marche et de deux autres qui surveillent ses côtés gauche et droite. Un quatrième bodyguard défend ses arrières avec une valise anti projectile en kevlar. À l’occasion des bains de foule, la protection des abords du candidat sera renforcée par la création d'un solide «carré tireur», sorte de bulle inviolable, assuré par trois ou quatre autres fonctionnaires à oreillette au contact discret du public. Habituellement, ce cas de figure est utilisé lors de visites de chefs d'Etat étrangers très exposés, comme les présidents américain ou russe. (sic)
«Quinze est le nombre de garde du corps protégeant le candidat censé arriver au second tour de la présidentielle, précise un spécialiste. En 2007, douze policiers étaient au départ aux côtés de Ségolène Royal et les service de sécurité avaient trouvé cela un peu juste» (re-sic).
Les commentaires des lecteurs de ces deux articles ont été nombreux et critiques, sur le thème de « qui paye ? » et sur celui de l’intronisation précipitée de François Hollande comme candidat de second tour, sans se donner la peine d’attendre que les électeurs se soient prononcés au premier tour.
Le mien sera un peu différent : ce qui me frappe, c’est ce que montrent l’énormité du dispositif de sécurité, les connivences des services de police et la déférence des journalistes, c’est-à-dire l’énorme distance, le gouffre, le précipice, que dis-je, les abysses, qui séparent les candidats officiels du peuple ordinaire, en France. Cela donne le vertige, si l’on y regarde de trop prés.