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Le blog d'André Boyer

Hélie Denoix de Saint-Marc, debout devant ses juges…

19 Janvier 2012 Publié dans #HISTOIRE

Hélie Denoix de Saint-Marc, aujourd’hui Grand Croix de la Légion d’Honneur, passe sa mélancolique dernière nuit algérienne à Zeralda, dans l’attente des gendarmes qui viendront l’arrêter le lendemain. 

Helie.jpegIl se présente le 5 juin 1961 devant ses juges en leur faisant la déclaration suivante :

« Ce que j’ai à dire sera simple et sera court. Depuis mon âge d’homme, Monsieur le Président, j’ai vécu pas mal d’épreuves : la Résistance, la Gestapo, Buchenwald, trois séjours en Indochine, la guerre d’Algérie, Suez, et puis encore la guerre d’Algérie...

En Algérie, après bien des équivoques, après bien des tâtonnements, nous avions reçu une mission claire : vaincre l’adversaire, maintenir l’intégrité du patrimoine national, y promouvoir la justice raciale, l’égalité politique.

On nous a fait faire tous les métiers, oui, tous les métiers, parce que personne ne pouvait ou ne voulait les faire.

Nous avons mis dans l’accomplissement de notre mission, souvent ingrate, parfois amère, toute notre foi, toute notre jeunesse, tout notre enthousiasme.

Nous y avons laissé le meilleur de nous-mêmes.

Nous y avons gagné l’indifférence, l’incompréhension de beaucoup, les injures de certains.

Des milliers de nos camarades sont morts en accomplissant cette mission.

Des dizaines de milliers de musulmans se sont joints à nous comme camarades de combat, partageant nos peines, nos souffrances, nos espoirs, nos craintes. Nombreux sont ceux qui sont tombés à nos côtés. Le lien sacré du sang versé nous lie à eux pour toujours.

Et puis un jour, on nous a expliqué que cette mission était changée. Je ne parlerai pas de cette évolution incompréhensible pour nous. Tout le monde la connaît.

Et un soir, pas tellement lointain, on nous a dit qu’il fallait apprendre à envisager l’abandon possible de l’Algérie, de cette terre si passionnément aimée, et cela d’un cœur léger.

Alors nous avons pleuré. L’angoisse a fait place en nos cœurs au désespoir.

Nous nous souvenions de quinze années de sacrifices inutiles, de quinze années d’abus de confiance et de reniement.

Nous nous souvenions de l’évacuation de la Haute-Région, des villageois accrochés à nos camions, qui, à bout de forces, tombaient en pleurant dans la poussière de la route.

Nous nous souvenions de Diên Biên Phû, de l’entrée du Vietminh à Hanoï. Nous nous souvenions de la stupeur et du mépris de nos camarades de combat vietnamiens en apprenant notre départ du Tonkin.

Nous nous souvenions des villages abandonnés par nous et dont les habitants avaient été massacrés.

Nous nous souvenions des milliers de Tonkinois se jetant à la mer pour rejoindre les bateaux français.

Nous pensions à toutes ces promesses solennelles faites sur cette terre d’Afrique.

Nous pensions à tous ces hommes, à toutes ces femmes, à tous ces jeunes qui avaient choisi la France à cause de nous et qui, à cause de nous, risquaient chaque jour, à chaque instant, une mort affreuse.

Nous pensions à ces inscriptions qui recouvrent les murs de tous ces villages et mechtas d’Algérie : « L’Armée nous protégera, l’armée restera. »

Nous pensions à notre honneur perdu…

Alors le général Challe est arrivé, ce grand chef que nous aimions et que nous admirions et qui, comme le maréchal de Lattre en Indochine, avait su nous donner l’espoir et la victoire.

Le général Challe m’a vu.

Il m’a rappelé la situation militaire.

Il m’a dit qu’il fallait terminer une victoire presque entièrement acquise et qu’il était venu pour cela.

Il m’a dit que nous devions rester fidèles aux combattants, aux populations européennes et musulmanes qui s’étaient engagées à nos côtés.

Que nous devions sauver notre honneur.

Alors j’ai suivi le général Challe.

Et aujourd’hui, je suis devant vous pour répondre de mes actes et de ceux des officiers du 1er REP, car ils ont agi sur mes ordres. Monsieur le président, on peut demander beaucoup à un soldat, en particulier de mourir, c’est son métier.

On ne peut lui demander de tricher, de se dédire, de se contredire, de mentir, de se renier, de se parjurer.

Oh ! je sais, Monsieur le président, il y a l’obéissance, il y a la discipline. Ce drame de la discipline militaire a été douloureusement vécu par la génération d’officiers qui nous a précédés, par nos aînés. Nous-mêmes l’avons connu, à notre petit échelon, jadis, comme élèves officiers ou comme jeunes garçons préparant Saint-Cyr. Croyez bien que ce drame de la discipline a pesé de nouveau lourdement et douloureusement sur nos épaules, devant le destin de l’Algérie, terre ardente et courageuse, à laquelle nous sommes attachés aussi passionnément que nos provinces natales.

Monsieur le président, j’ai sacrifié vingt années de ma vie à la France.

Depuis quinze ans, je suis officier de Légion.

Depuis quinze ans, je me bats.

Depuis quinze ans, j’ai vu mourir pour la France des légionnaires, étrangers peut-être par le sang reçu, mais français par le sang versé.

C’est en pensant à mes camarades, à mes sous-officiers, à mes légionnaires tombés au champ d’honneur, que le 21 avril, à treize heure trente, devant le général Challe, j’ai fait mon libre choix.

Terminé, Monsieur le président. »

Mon commentaire sera encore plus simple et plus court. Pour un homme, ou une femme, politique, les concepts d’honneur, de respect de la parole donnée sont vide de sens. Ils ne leur servent qu’à manipuler les imbéciles, les naïfs, les purs qui les écoutent pour leur malheur. Sur ce plan, Hélie de Saint-Marc a fait la même expérience que Jeanne d’Arc.

Alors mes amis ne  croyez jamais un homme politique et surtout ne leur confiez jamais ni votre vie, ni votre espérance. 

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B
<br /> Nous sommes d'accord, on ne peut pas laisser les politiciens décider seuls de notre avenir, de celui de l'Algérie comme de celui de la France ou de tout autre pays<br />
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S
<br /> Je n'ai pas dit que l'article ou le fait de l'avoir publié est une manière de justifier la torture, je vous connais assez bien Monsieur, je sais que vous n'êtes pas le genre de personne qui<br /> tolère ces abus.<br /> <br /> <br /> Ce qui m'a surtout touché dans cet article, Monsieur, c'est bien la description des émossions de ce soldat et de ceux des autres européens qu'on a obligé à quitter l'Algérie. C'est pour cette<br /> raison j'ai eu beaucoup de sympathie pour ce soldat mais en même temps j'ai pensé à toutes les victimes de torture, il est vrais que je n'ai pas pensé aux victimes françaises car pour moi et pour<br /> beaucoup d'algériens la torture pratiquée par L'ALN était une réaction naturelle à la torture pratiquée par l'armée française.<br /> <br /> <br /> Il y a eu certe des abus de part et d'autre et il y a eu beaucoup de soufrance, il faut surtout penser à l'avenir, l'avenir de l'Algérie et celle de la France et je suis tout à fait d'accord avec<br /> vous on ne doit pas laisser les politiciens planifier cet avenir comme ils ont eu l'habitude de le faire car on a réellement ras-le-bol de tourner en rond.<br /> <br /> <br />  <br />
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B
<br /> Il ne s'agit ici ni de justifier la torture, qui que ce soit qui la pratique, ni de nostalgie de l'Algérie Française. L'Algérie devait être indépendante, c'était normal, naturel même. Je ne parle<br /> de cet homme que parce qu'il est à la fois un soldat avec tous les abus, la violence que cela suppose, mais aussi une victime. Il a obei et surtout il a cru à ce que lui racontait les politiques.<br /> Le résultat, paradoxal, c'est que pour avoir désobei une fois, il a été condamné et aujourd'hui réhabilité. Tant mieux pour lui, mais tant pis pour tous ceux qui ont cru à la "parole" de la<br /> République Française, en fait à la parole des misérables politiciens qui prétendent l'incarner. Et cela vaut pour les politiciens de nombreux pays.<br />
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S
<br /> J'ai vraiement du respect pour cette personne, il a sans aucun doute fait son travail avec beaucoup de dévouement mais il n'empêche que son récit que je trouve excellent du point de vu de la<br /> description de toutes ces immossions ne peut m'empêcher de dire ceci : Les soldats français en ayant exécutés les ordres de leurs suprieurs sans se poser de question ont dépassé les limites du<br /> tolérable en torturant des gens sans défense comme fait l'armée américaine en ce moment même avec ses prisonniers de guerre et des civiles. Certes ce soldat a raison de s'en prendre à ses<br /> supérieurs parce qu'ils l'ont induit en erreur et surtout parce qu'ils ont brisé ses espoirs mais il n'empêche que ces personnes (ces superieurs) ont brisé bien des hommes et des femmes<br /> (algériens et français) parce qu'ils voulu à tout prix gardé l'Algérie française. En effet, beaucoup de soldats français ont souffert des scènes de tortures auxquelles ils ont participé malgré<br /> eux et bien des algériens ont péris et d'autres sont devenu handicapés physiques ou mentaux à cause de la torture. Certes, il y a tant d'algériens qui ont pleuré le départ des français mais pas<br /> tous les algériens.<br /> <br /> <br /> Nous aussi après l'indépendance on a vu nos espoirs et nos espérances s'envolaient avec le temps et c'est pour cette raison je vous dis Monsieur : Je suis entièrement d'accord avec vous<br /> Monsieur, il est vrai qu'on ne doit jamais laisser nos espérances aux mains des politiciens & co.<br />
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