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Le blog d'André Boyer

Hélie Denoix de Saint-Marc en Algérie

7 Janvier 2012 Publié dans #HISTOIRE

Le blog du 28 décembre dernier, consacré à Hélie Denoix de Saint-Marc en Indochine, la quitte en 1954. Il rejoint Alger en 1957 avec le 1er REP, qu’il quitte pour devenir chef de cabinet du Général Massu.  

 

 

JE-NE-REGRETTE-RIEN.jpgVoici sa vision de l’Algérie et de sa mission:

"Nous avons été envoyés à Alger à la fin du mois de janvier 1957. La tension était palpable au moindre coin de rue. Chaque jour, les morts se comptaient par dizaines, les blessés par centaines…Le moindre retard d’un enfant suscitait des mouvements de panique. Les manchettes des journaux rivalisaient de titres sur cinq colonnes. La Casbah pouvait être grouillante de monde puis, dans la minute, devenir secrète. Personne ne s’y risquait plus seul. 

   

 Personne ne savait vraiment au nom de quoi au nom de qui nous combattions. L’assistance apportée aux musulmans ne pouvait suffire. Le contingent était présent en Algérie. Mais une armée de quatre cent mille hommes pouvait-elle rester indéfiniment ? Comment bâtir la paix ? Egalité des droits, fédération, association… De jour comme de nuit, ces débats nous accompagnaient. Nous pressentions tous qu'un orage était dans l’air, sans savoir ni où, ni quand, ni comment il allait éclater".

 

En avril 1961, il rejoint putsch des généraux à la tête du 1er régiment étranger de parachutistes qu'il commande par intérim. Il se refuse à abandonner les pieds-noirs et les harkis, comme il avait été obligé d’abandonner le peuple Tho:

"Lorsque j'ai répondu oui au général Challe, acceptant d'entrer dans la rébellion, je n'avais pas prémédité cette décision. Mais c'était la dernière pièce d'une sorte de puzzle fait d'engagements. Aussi contestable qu'elle puisse paraître aux yeux de certains, elle correspond à une suite logique dans ma propre vie, que je n'ai pas à regretter. Un homme doit toujours garder en lui la capacité de s'opposer et de résister. Trop d'hommes agissent selon la direction du vent. Leurs actes disjoints, morcelés, n'ont plus aucun sens. C'est là notre seule liberté.
"   

 

On sait que le coup d’État réussi dans un premier temps avant de s’effondrer au bout de trois jours.  Hélie de Saint Marc refuse de s’enfuir: 

"Je n'ai pas voulu me dérober. Les responsabilités que j'avais prises étaient trop lourdes. J'ai voulu couvrir entièrement mes subordonnés. Ils avaient agi sur mes ordres. Je ne pouvais pas les laisser seuls face à la justice." 

 

Effectivement, il assume ses responsabilités en se constituant prisonnier :

"Je me souviens de la dernière nuit africaine, ma dernière nuit d'homme libre. Je revenais inlassablement sur l'enchaînement des évènements, qui m'avaient échappé. Après quatre nuits de fièvre, j'étais devenu "un félon", "un putschiste", "un amateur de pronunciamiento". Cette nuit de Zéralda était fraîche et pure. J'ai pensé à Don Quichotte, à cette foi qui va au-delà de la raison, à sa certitude que l'homme se mesure à ses rêves intérieurs.
"

 

Nous retrouverons dans un prochain blog Hélie Denoix de Saint-Marc devant ses juges et en prison.

 

Les textes entre guillemets sont extraits de son ouvrage autobiographique intitulé « Toute une vie » Éditions les Arènes, 2004.

 

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