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Le blog d'André Boyer

L'élite et le peuple

17 Janvier 2014 Publié dans #HISTOIRE

 

C’est une critique rémanente faite à nos élites : elles n’écoutent pas, elles ne se préoccupent pas du peuple.

REPUBLIQUE

Ces élites françaises peuvent-elles être logiquement séparées du peuple ? En d’autres termes, comment les identifier? Je définis ces élites, non par leur niveau intellectuel ou les moyens matériels dont elles disposent, mais comme étant constituées par le cercle qui exerce un pouvoir politique, économique, social et médiatique sur la société française et que Raymond Barre avait joliment qualifié de « microcosme ».

En pratique, ces élites sont essentiellement parisiennes, dont, par exemple, le maire de Nice, puissant dans son espace géographique, n’en fait pas vraiment partie. Elles regroupent des personnes qui se connaissent depuis toujours, dont les enfants vont à l’école ensemble, qui se retrouvent dans les mêmes restaurants, les mêmes spectacles, les mêmes clubs, qui vont souvent aux vacances ensemble. Ce sont des élites qui semblent se renouveler assez peu, qui se cooptent comme bien des catégories de la société française, telles que les enseignants ou les employés d’EDF, ce qui explique que la société française ait des difficultés à muter, chacun défendant son pré carré. Elles sont assez souvent héréditaires, comme le montre le parcours d’un certain nombre d’héritiers: NKM, Joxe, Debré ou Baroin par exemple.

Au total, ces élites forment un groupe assez stable qui partage largement des points de vue communs sur les mœurs, le monde, l’Europe, la France :

L’homosexualité doit être banalisée, la drogue doit être autorisée, l’euthanasie doit être encouragée, la réinsertion doit primer sur la répression vis à vis de la délinquance. En résumé, la tolérance en matière de mœurs.

La mondialisation est un phénomène irrésistible auquel la société française doit s’adapter coûte que coûte, en acceptant la concurrence et l’immigration.

L’Union Européenne est l’horizon indépassable de la France qui doit s’y intégrer par le moyen de l’Euro et les accords Schengen aujourd’hui, par la coopération financière et fiscale demain, par des structures fédérales après demain.

Il en résulte que la France est une structure politique qui n’a pas d’avenir, dans la mesure où les entreprises ont vocation à devenir transnationales et où la population a des références de plus en plus multiculturelles.

Les élites s’efforcent de transmettre leurs points de vue au peuple, qui a tendance à y résister, car la plupart des choix des élites obtiendraient généralement des réponses négatives s’ils étaient soumis à referendum si bien que les médias estiment que la tendance naturelle des électeurs consiste à répondre « non » aux questions qui leur sont posées.   

Les élites ne se laissent pas rebuter par cette fâcheuse incapacité du peuple à approuver leurs choix, car elles considèrent que leur mission  consiste à lui imposer les mutations qui leur paraissent nécessaires, selon ce que l’on peut appeler la théorie de l’avant-garde, qu’elles estiment constituer. Elles imposent donc leur point de vue par la loi, par les traités, par le verrouillage des élections et par le contrôle de l’ensemble des leviers de pouvoir de la société française. Ceux qui s’en écartent sont lourdement sanctionnés afin qu’ils n’aient pas d’effet d’entrainement, comme J.M. Le Pen ou plus récemment Dieudonné, accablés de procès ou d’interdictions.

Que les élites imposent leur volonté au peuple, et non l’inverse, paraît assez logique en France. Ce n’est pas le cas partout. En Europe ou en Amérique du Nord, le concept de démocratie, même partielle, est plus vivant qu’en France, En Chine par contre, le P.C.C. prétend déterminer de manière autonome le destin du peuple chinois.

Les élites mentionnent peu le terme de démocratie. Elles préfèrent celui de « République » avec un R, pour qualifier leur manière de conduire le peuple là où elles le souhaitent, car il offre l’avantage de se référer à la Révolution (avec un R aussi) qui fut menée par les élites. En ce sens, le terme s’inscrit dans la tradition royaliste établie par la monarchie absolue de Louis XIV, qui visait à concentrer le pouvoir politique entre les mains d’un petit groupe rassemblé autour du Roi qui était le pouvoir : « l’État, c’est moi ».

 

En France, aujourd’hui encore, l’État, c’est le Président de la République, auquel les élites  s’agrègent. 

(À SUIVRE)

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