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Le blog d'André Boyer

L'énergie de Richelieu au service du Roi

26 Janvier 2011 Publié dans #HISTOIRE

L’énergie de Richelieu au service du roi 

Après Henri IV et l’intermède de la Régence, Louis XIII poursuivit ardemment la politique d’accroissement de la puissance royale, au prétexte du coût pharamineux de la guerre de Trente ans.

Louis_XIII_Richelieu_devant_La_Rochelle.jpgPour le pouvoir en place, quel qu’il soit, la guerre est en effet pain béni pour accroître les effectifs de l’armée, pour mieux contrôler le pays et pour accroître la pression fiscale.

L’installation des intendants dans les provinces, la centralisation administrative qui jouait au bénéfice de la ville de Paris montrent combien le poids de l’État s’appesantit sur l’ensemble de la société française. Il faut noter que Louis XIII a pu s’offrir le luxe de soutenir envers et contre tous un Richelieu contesté de toutes parts, ce qui donne une idée de la force de l’absolutisme royal sous son règne. 

Richelieu avait le culte de la puissance du pays, qui supposait l’établissement d’un pouvoir monarchique incontesté. Dans ce dessein,  il a su imposer durement à l’intérieur du pays l’obéissance au roi et la crainte de ses troupes au-dehors. De 1624 à sa mort, il fut durant dix-huit années le principal ministre de Louis XIII, mettant toute son énergie à renforcer le pouvoir du roi, même si le sien propre a parfois semblé vaciller sous les coups des conjurés. Son programme consista à « ruiner » le parti huguenot, à rabaisser « l’orgueil » des grands, à ramener tous les sujets à leur « devoir » et à relever le « prestige » du roi auprès des nations étrangères.

Or, la France du XVIIsiècle restait un ensemble disparate. Les pays d’états avaient des privilèges que n’avaient pas les pays d’élections. Chaque ville avait des libertés qu’elle entendait bien défendre. L’Edit de Nantes donnait aux Protestants des places de sûreté, le droit de réunion, le droit de représentation auprès du souverain, ce qui outrageait la doctrine de la monarchie absolue qui avait cours dans le monde des officiers de justice, lesquels avaient pratiquement l’hérédité de leurs charges depuis l’édit de la Paulette en 1604. Les officiers du roi cherchèrent à amoindrir les pouvoirs des justices seigneuriales. On installa à côté des grands fiefs des « juges d’appeaux » pour attirer les causes des justiciables. Le Conseil du roi devint le suprême arbitre des différends entre tous les sujets. La coutume de Paris, par-delà la diversité des coutumes locales, tendit à devenir un « droit commun coutumier » français. Une nouvelle étape vers la centralisation fut franchie avec la multiplication des intendants de justice, de police et de finance, choisis pour la plupart dans le corps des maîtres des requêtes. En raison des guerres incessantes, les besoins toujours grandissants d’argent conduisirent le gouvernement à augmenter tailles et gabelles et à affermer l’impôt à des traitants fort impopulaires auprès des populations. Pour percevoir l’impôt et protéger les partisans, la monarchie eut recours non plus à des officiers, mais à des commissaires, toujours révocables, à la différence des premiers.

Richelieu a agi en faveur du pouvoir royal avec progressivité et prudence, veillant à ce que la parole du Roi soit respectée mais ne laissant jamais impunies la rébellion ou la résistance au pouvoir du Roi. Il a recherché l’unité religieuse sans toutefois l’imposer par la violence. C’est ainsi qu’il a supprimé les privilèges politiques des Protestants en menant le siège de La Rochelle avec une détermination implacable, mais a su faire preuve de modération en confirmant les privilèges religieux de l’Édit de Nantes. À partir de 1629, il a convaincu le roi de pratiquer une politique étrangère plus agressive qui provoqua l’accroissement automatique de la pression fiscale qui  entraîna elle-même des révoltes populaires dans presque toutes les provinces. Il « réussit » à renforcer l’emprise du pouvoir royal sur tout le pays, au prix d’une fiscalité écrasante qui provoque une extrême misère du peuple de France. Aussi la nouvelle de la mort d’Armand Jean du Plessis, cardinal duc de Richelieu, provoqua t-elle la multiplication des feux de joie dans la plupart des provinces du Royaume !

Richelieu exerça le pouvoir d’une main de fer pour ce qu’il croyait être le bien du royaume et il fut à ce titre l’un des plus grands hommes d’État que la France ait compté. Il est l’accoucheur d’une France où le pouvoir de l’État ne connaît pas d’opposants, ce qui est toujours vrai.

C’est pourquoi Charles De Gaulle a vu en lui, avec de nombreux historiens, le créateur de la France moderne. Pour ma part, j’écrirais plutôt le créateur de l’État français moderne.  Après Louis XIII, Louis XIV s’empara de cet outil qu’il exploita avec une telle intensité qu’il parvint de la sorte à épuiser les ressources  du pays.

 

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