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Le blog d'André Boyer

L'euro sur le fil du rasoir

3 Août 2011 Publié dans #ACTUALITÉ

Dans ce blog, la crise de l’euro, symbolisée par la crise grecque, a été abordée à de multiples reprises. Je fais aujourd’hui le point sur la situation actuelle, à la suite du sommet européen du 21 juillet dernier qui lui a été consacré. Franchement, on ne voit pas comment la situation pourrait ne pas s’aggraver, par la diffusion progressive de la crise à tous les pays faibles de la zone euro.

p-008484-00-2-1Le 21 juillet dernier, les dix-sept pays de la zone euro sont parvenus à finaliser un accord sur le sauvetage de la Grèce. Ils reconnaissent que la Grèce est dans une situation de « défaut sélectif » sur sa dette qui les conduit à lui accorder un nouveau plan d'aide de 160 milliards d'euros.

Pour la Grèce, l’accord est positif puisqu’elle béneficie d’un prêt du Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF) de 109 milliards d’euros, qui vient s’ajouter aux 41 milliards d’euros prévus au titre de 2010 et non encore débloqués. De fait, c’est un triple dispositif qui est mis en place par :

-   Un allongement de la maturité de ses prêts et un abaissement de ses taux, autour de 3,5%.

-   Une accélération du versement des « fonds structurels » et des aides régionales européennes non consommées par la Grèce, afin de soutenir sa croissance potentielle. Il semblerait que la Commission Européenne puisse mobiliser 8 milliards d’euros pour des projets d'infrastructures du pays.

-   Un accord avec le secteur financier européen qui participerait au refinancement de la Grèce, pour une contribution nette totale estimée autour de 37 milliards d'euros.

Les banques privées, assurances, fonds de pension qui possèdent 150 milliards d'euros d'obligations grecques auraient en effet accepté une perte sèche de 21% de la valeur actuelle leurs titres. Pour ceux qui ont acheté de la dette grecque dans les derniers mois, décotée de 40 à 50 % par rapport à sa valeur faciale, c'est une superbe opération ! La participation du secteur privé au plan d'aide est limitée à la seule Grèce et n'est pas envisagée pour d'autres pays fragiles de la zone euro, comme l'Italie ou l’Espagne. Rien n’est décidé pour le « petit » défaut de Chypre qui se profile…

Parallèlement, pour limiter les risques de contagion, les dirigeants européens ont accru les compétences du FESF, auquel succédera à partir de 2013 le Mécanisme permanent de stabilité (MES), qui pourront intervenir en rachetant sur les marchés obligataires secondaires les obligations émises par les pays en difficulté. Ce rachat ne pourra s’effectuer qu’ à l’unanimité des pays de la zone euro, car le défaut de remboursement de ces obligations risque de coûter cher au contribuable européen, qui en sera réduit à prendre en charge les déficits des pays incapables d’honorer leurs écheances.

À ce jour, cet accord n’a pas reussi à rassurer les marchés, puisque la tension sur les taux espagnols et italiens monte, dépassant 6% pour les emprunts à dix ans. Si ces deux derniers pays se trouvaient placé en situation de défaut de paiement dans un proche futur, est ce que le FESF aurait les moyens de les soutenir?

Les Etats de la zone euro se sont mis d'accord en juin pour porter la capacité de prêt du FESF à 440 milliards d'euros, ce qui, aussi incroyable que cela puisse nous paraître, est jugé tout à fait insuffisant par les spécialistes financiers. En effet, en prenant en compte les engagements contractés pour financer le Portugal et l'Irlande, la capacité de prêt restante du FESF s'élève à 396 milliards d'euros. Une somme suffisante pour  financer des plans de sauvetage additionnels pour la Grèce, le Portugal et l'Irlande, mais insuffisants pour soutenir l'Espagne et l'Italie.

Les délais pour la mise en œuvre du fonds élargi posent aussi problème. Pour qu’il puisse entrer en vigueur, il faut qu’un nouveau traité intergouvernemental soit signé et ratifié par les parlements de tous les  Etats concernés. Une fois cette étape franchie, il faudra  encore lever les capitaux, ce qui demandera encore un mois après que la dernière ratification ait été votée. Les financements aux pays en difficulté n'interviendront donc qu’après tous ces délais.

Au total, le résultat de l’accord du 21 juillet dernier est bien que la dette grecque sera allégée de 26 milliards d'euros d’ici 2014, pour un montant égal à 12% du PIB de la Grèce. En outre, le pays va bénéficier d'échéances plus longues pour rembourser ses nouveaux prêts et de taux d'intérêt plus avantageux, ce qui qui réduira le service de la dette, aux dépens des contribuables européens et des prêteurs, en espérant que ces sacrifices seront suffisants pour que la Grèce redevienne solvable. Du temps aura été gagné mais le probléme de fond n’a pas été traité : celui de la sortie de la spirale négative de l’endettement et de l’austérité sans croissance. 

 

Le statu quo étant désormais intenable, la prochaine étape, dés l’automne 2011, sera de clarifier qui décide dans la zone euro, avant de décider ce qui doit être fait. Le danger sera alors, comme sont tentés de s’y engager les élites économiques, technocratiques, européistes et médiatiques, de rompre le fil entre l’idée d’Europe et sa légitimité démocratique. 

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B
<br /> <br /> Ce qui est réjouissant est en général de l'ordre du privé, du personnel. Le réjouissant de l'ordre du public n'est visible qu'avec beaucoup de retard<br /> <br /> <br /> AB<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> tout cela n'est pas réjouissant!!!!<br /> <br /> <br /> <br />
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