La Convention liquide ses opposants
26 Septembre 2013 Publié dans #HISTOIRE
Poursuivant la série de blogs que je publie sur la Terreur, j’écrivais dans mon blog du 31 août dernier, intitulé « La Terreur pour quoi faire ? » que la famine menaçait le pouvoir de la Montagne.
Oui, elle menaçait le pouvoir de la Montagne, débordée sur sa gauche par les « enragés », conduits notamment par
Jacques Roux, qui avait eu l’audace de dénoncer les vains mots que représentaient pour les affamés les grands principes révolutionnaires de la Convention.
La Convention y répondit à sa manière habituelle, en le faisant arrêter, et sachant le sort qui l’attendait, il eut l ‘élégance de se donner la mort en prison. Du coup, les autres « enragés » comprirent la leçon, si bien qu’à l'automne 1793 la faction des enragés n'existait plus.
Plus dangereux pour la Montagne, les Hébertistes s’emparèrent à leur tour de la question des subsistances. Ils étaient en effet soutenus par la Commune, très populaires auprès des sans-culottes et disposaient de deux appuis au Comité de Salut Public avec Billaud-Varenne et Collot d’Herbois. De plus, le club des Cordeliers leur était acquis et ils pouvaient compter sur l'armée révolutionnaire.
Hébert réclamait non seulement la mort pour les accapareurs, mais exigeait la déchristianisation forcée du pays, provoquant l’inquiétude de la Convention qui craignait de susciter une opposition radicale de la part des catholiques. Lorsqu’en mars 1794, Hébert tenta de prendre la direction de l'agitation contre le coût des subsistances, la Convention le fit exécuter, lui et ses lieutenants, sans provoquer, à son grand soulagement, de réactions dans les faubourgs.
Les Indulgents avaient de leur côté l’outrecuidance d’estimer que le processus de la Terreur allait trop loin. Vraiment ? Comment pouvaient-ils dire de telles énormités ? La Convention fit donc exécuter ces naïfs opposants de droite, dont Camille Desmoulins et Danton, guillotinés le 5 avril 1794.
Robespierre dominait désormais le Comité de salut public. Il faisait remplacer tous les tribunaux révolutionnaires de province par le seul Tribunal Révolutionnaire de Paris, afin d’accélérer le rythme des supplices :
le 18 avril 1794, dix-sept hommes et femmes accusés d'affamer le peuple sont éxécutés,
le 20 avril 1794, ce sont vingt-quatre parlementaires qui passent à la guillotine,
le 22 avril, c'est le tour de Malesherbes, Le Chapelier et Thouret,
le le 8 mai, les vingt-sept fermiers généraux, dont Lavoisier, sont exécutés,
le 10 mai, Madame Elisabeth, sœur de Louis XVI, est guillotinée.
Ce n’était apparemment pas assez.
Le 10 juin 1794, la loi, dite du 22 prairial an II, s’efforça d’accélérer encore les exécutions, inaugurant la période dite de la « Grande Terreur » : cette loi déclarait que « le Tribunal Révolutionnaire de Paris a en charge de punir les ennemis du peuple dans les délais les plus courts, que la peine portée contre tous les délits dépendant dudit tribunal est la mort, que, s'il existe des preuves soit matérielles soit morales il ne sera pas entendu de témoins, que la loi donne pour défenseur aux patriotes calomniés des jurés patriotes ; elle n'en accorde point aux conspirateurs. »
Les auditions de témoins et les plaidoiries étant supprimées, les débats devenaient très succincts. On vit des erreurs de noms, des amalgames de personnes, des prisons entières vidées et conduites à l'échafaud. Le 9 thermidor, la veille de l’arrestation de Robespierre, 45 personnes passeront encore sous la guillotine.
Cela n’empêche pas deux auteurs tout à fait contemporains, d’écrire un livre intitulé « Robespierre, reviens ! » et un lecteur enthousiaste, de publier le commentaire suivant :
« Oui aux idées humanistes: Robespierre, inspiré par les idées de Rousseau, était contre les violences et pour la liberté... Il faut se remettre dans le contexte de guerre de l'époque, comprendre les mesures d'exception qui furent prises par la Convention contre les traîtres à la nation, et toujours se souvenir que Robespierre était contre la peine de mort...oui, il était "quelqu'un de bien"! »
Un grand humaniste, ce Robespierre !
C'est pitié qu'on l'ait calomnié, ce pauvre homme qui devait se résoudre à faire exécuter des dizaines de personnes chaque jour, alors qu'il était contre la peine de mort.
Comme il devait souffrir...
Reviens Robespierre, pour leur expliquer ta vision de l'humanisme...