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Le blog d'André Boyer

La création de l'université du troisième âge de Nice

13 Mai 2012 Publié dans #INTERLUDE

Dans mon blog du 1er Mai dernier, j’ai conté comment l’idée d’université du troisième âge m’était venue à Göteborg, avec pour objectif de maintenir les retraités dans le flux de la vie. Dans le texte suivant, je narre quel fut le processus de création et de lancement de l’université du troisième âge de Nice.  

udes_troisieme_age.jpgEn Suède, je ne poussais pas plus en avant mon idée pendant mon séjour. Puis, lorsque vint le temps de ma prise de fonction en tant qu’assistant contractuel auprès de l’IAE de Nice*, je n’eus pas l’occasion d’exposer cette idée immédiatement.

En effet, dès le premier jour de mon arrivée à l’IAE, j’appris que mon directeur de thèse, Jean-Claude Dischamps, qui était également le Président de l’Université de Nice, s’était donné comme objectif aussi  ambitieux qu’extra-universitaire de se présenter à la députation dans une circonscription de la Ville de Nice. Je  m’associais à ce projet immédiat, ce qui me contraignit à garder sous le coude celui dédié aux personnes âgées, jusqu’à ce que des temps plus propices à la réflexion de long terme permettent de le lancer. 

Ce temps vint en 1974, lorsque Jean-Claude Dischamps se vit offrir le poste de Directeur de l’Enseignement Supérieur auprès du Ministère des Universités. Il quittait donc la Présidence de l’Université de Nice et l’un des candidats pour lui succéder, le Professeur de Droit Public Jean Touscoz, décida d’inclure dans son programme de Présidence de l’Université l’organisation d’une université du troisième âge.

Le 12 juin 1974, je formalisais un projet de création d’une Université du Troisieme Age et le présentais sous la forme d’un rapport au Président de l’Université de Nice et au chargé de Mission du CEPUN. Le Professeur Jean Touscoz, qui avait été élu Président de l’Université de Nice, me chargea à l’automne 1974 d’en concevoir la structure, sous une forme  équivalente à celle du Centre Education Permanente de l’Université de Nice (CEPUN). J’en fus alors nommé Chargé de Mission, tout en n’étant toujours qu’un modeste assistant en Sciences de Gestion qui avait en premier lieu le devoir de rédiger et d’achever sa thèse d’État.

Oh, l’Université ne mit pas de grands moyens à la disposition de l’Université du Troisième Âge, que j’avais décidé d’appeler U3! Cette dernière disposait d’une secrétaire à mi-temps, d’un budget de 12000 francs pour l’année 1974-1975 et d’un petit bureau qui s’apparentait à une cave, caché sur les côtés du Centre Universitaire Méditerranéen le long de la rue Paul Valery. Ce n’était pas beaucoup, mais grâce à la secrétaire, c’était une structure viable.

Je fis beaucoup, sans le vouloir, pour ma popularité, en participant à la peinture du bureau-cave, un beau week-end du printemps 1975. Le Professeur Jean Touscoz  ne manqua jamais par la suite d’évoquer cet « exploit » pour preuve que  j’étais motivé ! Je l’étais vraiment, motivé, car quoi de plus exaltant dans la vie que d’être chargé de mettre au monde une organisation que vous avez vous-même conçue et dont vous pensez qu’elle peut-être utile à vos concitoyens ? À la réflexion, je peux écrire aujourd’hui que ce fut, jusqu’à ce jour, le projet professionnel le plus exaltant parmi tous ceux que j’ai développés au cours de ma vie.

Comment a commencé l’Université du Troisieme Âge de Nice? Lorsque j’en ai eu l’idée en septembre 1972 à Göteborg, je ne savais pas que ce concept était dans l’air du temps et que le Professeur Pierre Vellas était de son côté sur le point de lancer  un projet similaire, six mois plus tard. Comme, contrairement à moi, il disposait du pouvoir de Doyen de la Faculté de Droit et de Sciences Économiques de Toulouse, il ne perdit pas de temps à convaincre les décideurs universitaires et créait, dès le 23 février 1973, l’Université du troisième âge de Toulouse.

Si l’idée avait été saisie immédiatement à Nice, nous aurions pu être les premiers. Mais foin de cette dispute sur l’antériorité, si c’est bien le Doyen Vellas qui a eu le grand mérite de la première création, il reste que la conception puis le développement de notre U3 se firent en toute indépendance. Lorsque je fus nommé Chargé de Mission d’U3 fin 1974, je n’ignorais évidemment pas l’action du Doyen Vellas, mais je n’en connaissais que vaguement le contenu dont je ne partageais d’ailleurs pas tout à fait la philosophie, si bien que notre structure et nos programmes furent conçus comme si nous étions les inventeurs du concept.

L’Université du Troisieme Âge de Nice a commencé ses activités très précisément le lundi 14 avril 1975 au CUM par une session expérimentale qui devait durer jusqu’au 23 mai 1975 mais qui s’est en pratique clôturée le 6 juin 1975 avec une réunion d’évaluation.

 

Ce fut déjà l’occasion de se féliciter de l’enthousiasme des participants lors de cette toute première session, un enthousiasme qui n’allait plus se démentir par la suite, au point de devenir la marque de fabrique d’U3…



* Avec le salaire assez modeste de 1550 francs, soit la moitié de ce que je recevais à la Mobil. 

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