La France de la Terreur se met en place
28 Novembre 2012 Publié dans #HISTOIRE
Le 13 octobre dernier, j’ai publié un blog sur « le jour de naissance du totalitarisme » qui est sans conteste le 10 août 1792, le jour où la France est devenue l’otage d’une faction terroriste.
Mais ce n’est pas la version officielle, car sinon, par « devoir de mémoire » comme l’on dit aujourd’hui, on apprendrait à chaque citoyen l’horreur de la Terreur. Au contraire, on débat gravement des personnalités de Robespierre ou de Danton, sur lesquels les avis sont partagés. On leur trouve des excuses, on songe à réhabiliter le Comité de salut public. C’est tout juste si certains ne soutiennent pas qu’ils ont guillotiné au nom de la Nation.
Toutes les arguties ne peuvent cacher qu’ils n’étaient que des agitateurs, des factieux, des assassins, auxquels on cherche aujourd’hui des excuses pour des raisons idéologiques. Je ne reviendrai pas sur la vie et l’œuvre de Danton ou de Robespierre dont chacun peut partout trouver les biographies, mais je vais rapidement relater le curriculum vitae édifiant de Bertrand Barère de Vieuzac (1755-1840), célèbre au moins pour avoir sinistrement écrit « il n’y a que les morts qui ne reviennent pas »:
C’est Bertrand Barère qui préside la Convention lors du procès de Louis XVI et qui, à ce titre, obtient la majorité pour que soit appliqué au roi déchu la peine de mort sans sursis.
En tant que membre du Comité de Salut Public, c’est lui qui demande la mise en accusation de la Reine et la destruction des tombeaux royaux de Saint-Denis.
C’est lui qui recommande l’assassinat, oui l’assassinat, des prisonniers de guerre anglais.
C’est lui le démolisseur de la Ville de Lyon, une ville qui avait commis le crime impardonnable de se rebeller contre la Terreur.
Pourtant, en dépit de ce parcours repoussant, non seulement il termine sa vie paisiblement, mais aujourd’hui encore, plusieurs municipalités, comme celles de Tarbes ou de La Rochelle, n’ont toujours pas honte de donner son nom à leurs rues. Il nous faut donc prendre acte, avec grand regret, de l’indulgence de la République d’hier et d’aujourd’hui pour les terroristes des années 1792-1794, car cela signifie que cette République, la nôtre, justifie le terrorisme contre ses propres citoyens au nom de l’idéologie.
Des terroristes ? Après l’émeute, le coup d’État. L'assemblée qui ne comptait plus que 285 députés sur 750, les autres ayant fui l’insurrection et on les comprend, s’allie à la commune insurrectionnelle pour former un Conseil exécutif provisoire dominé par Danton. C’est ce dernier qui embauche Barère au ministère de la Justice qu’il dirige.
Ce qui reste de l’assemblée législative prononce sa propre dissolution et son remplacement par une nouvelle assemblée constituante, la Convention. Le 11 août, les assemblées primaires sont convoquées pour élire cette constituante croupion. Selon la constitution royale de 1791, elles constituent la réunion des « citoyens actifs », formée des Français âgés de vingt-cinq ans au moins qui paient une contribution égale à trois journées de travail (200 jours par an aujourd’hui !) et qui n'étaient ni domestiques ni employés à gages. Ces derniers nommaient ensuite des électeurs, à raison d'un électeur pour cent citoyens actifs, qui nommaient à leur tour les députés. Le nombre de citoyens actifs s'élevait à quatre millions trois cent mille tandis que les citoyens passifs représentaient deux millions sept cent mille personnes. On ne pouvait donc pas qualifier les citoyens actifs de "riches" mais plutôt de classe moyenne.
Les conjurés balaient tout cela. Le décret du 11 août 1792 supprime la distinction entre citoyens actifs et passifs. Désormais,pour être électeur, il suffisait d’être français, âgé de vingt et un ans, de vivre de son revenu ou du produit de son travail et pour être éligible, outre les conditions précédentes, d’avoir vingt-cinq ans au moins. Il résulte de ce changement du corps électoral que le nombre d’électeurs était porté à sept millions.
Mais le nombre de votants ne dépassera pas sept cent mille ! C’est cette petite minorité qui élit la Convention, qui décapite le Roi, qui supprime la Royauté et qui institue la Terreur…