Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog d'André Boyer

La Norvège s'offre le luxe de s'inquiéter

2 Juillet 2014 Publié dans #ACTUALITÉ

Vu du Sud de l’Europe, on peut rêver d’être norvégien : le troisième PIB du monde par habitant, une croissance satisfaisante de 2% prévue en 2014 et pas de chômage.

Pourtant cela fait longtemps que la Norvège s’inquiète.

BergenLongtemps pays déshérité, du fait de sa latitude et de son isolement, la Norvège ne s’est pas sentie rassurée lorsque l’on y a découvert de considérables réserves de pétrole et de gaz. Le pays a tout de suite créé un Government Pension Fund Global (GPFB) qui, régulièrement alimenté par les recettes pétrolières et correctement géré, est devenu le plus gros fonds d’investissement du monde avec 606 milliards d’Euro en 2013.

Correctement géré ? en 2013, la plus value du GPFB a atteint 15,9%. Le fonds investi dans les actions, les obligations et la pierre dans 82 pays. Rien que de très classique. Il investit aussi bien en Europe, aux USA qu’en Asie. Le fonds a des principes, tels que le refus d’investir en Norvège, la transparence (relative cependant) et l’éthique qui le conduit à ne pas investir dans  les industries d’armement, les entreprises qui exploitent les enfants, qui portent atteinte aux droits de l’homme et à l’environnement. Très politically correct, le GPBF. Il faut dire qu’il est surveillé de prés par toutes sortes d’associations bien pensantes et elles pullulent dans l’opulente Norvège.

Le souci de la Norvège se situe dans l’avenir. Pour le moment, l’État norvégien s’est donné le droit d’utiliser chaque année 4% des fonds investis pour le bien-être du pays. Certains, comme le Parti du Progrès de Siv Jensen qui fait aujourd’hui partie du gouvernement, préconisaient d’utiliser plus les capitaux du fonds pour baisser les impôts et investir plus dans l’éducation, la santé, les services aux personnes âgées et les infrastructures. Mais la peur de l’avenir l’a emporté, la ponction sur le fonds ne dépassera pas 2,9% de son montant en 2014, sur les 4% autorisés. Cela représentera tout de même 17 milliards d’euros qui seront utilisés pour améliorer la vie des norvégiens, sans qu’ils paient le moindre impôt pour cela.

La peur de l’avenir freine les dépenses. Après tout, la valeur du fonds dépend de l’économie mondiale. Si cette dernière s’effondrait, la valeur du fonds suivrait automatiquement la même pente. Mais le fonds a pour première fonction de rassurer les norvégiens sur leur avenir à long terme.

En même temps, ils luttent contre le Dutch Disease, cette maladie des pays qui, émerveillés de recevoir une manne issue des matières premières, se laissent aller à la dégradation des autres secteurs économiques, comme l’Algérie.

Au contraire, la Norvège est loin de n’exporter que du pétrole. Elle a développé une industrie autour de l’exploitation off-shore du pétrole, qui compte, avec le pétrole lui-même, pour 20% du PIB de la Norvège. De plus, cette dernière possède des leaders industriels mondiaux : Yara pour les engrais, Norsk Hydro et Sapa pour l’industrie de l’aluminium, StatKraft dans le cadre des énergies hydroélectriques et des énergies renouvelables, Marine Harvest pour l’aquaculture et Schibsted pour l’édition. D’ailleurs, le pays est, facilement, doté d’énergie verte puisque 95% de son énergie est, du fait de son relief et de son climat, d’origine hydraulique.

Avec une recherche très développée, les cinq millions cent mille habitants de Norvège ne connaissent quasiment pas de chômage, 3,6% de la population active, et disposent de plus de cent mille dollars de revenus par habitant et par an.

 

Un paradis ? Les tensions qui traversent la Norvège, qui ont été révélées par le massacre de l’île d’Utoya, nous rappellent que c’est un paradis contesté et inquiet… 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article