Le Directoire se débat
12 Juillet 2014 Publié dans #HISTOIRE
Je poursuis dans ce blog la présentation des membres du Directoire, avec les portraits de Carnot et Le Tourneur.
Lazare Carnot (1753-1823) est le fils d’un avocat. Militaire, il fréquente Robespierre. Chaud partisan de la Révolution, il est élu à la Législative et à la Convention où il siège à gauche. Il vote la mort de Louis XVI, mais se tient à l’écart des Jacobins. Membre du Directoire, il prend l’initiative des poursuites contre Babeuf et ses amis, les traque avec acharnement, organise la provocation du camp de Grenelle et les fait exécuter. Il se rapproche des royalistes, ce qui l’oblige à s’enfuir lors du coup d’État de Fructidor. Il continuera cependant sa carrière d’organisateur sous le Consulat et l’Empire. Ses fils et petits fils seront également des hommes politiques et des scientifiques importants.
Le Tourneur ou Letourneur (1751-1817) est capitaine quand il est élu par le département de la Manche à la Législative. Réélu à la Convention, il vote la mort de Louis XVI, mais est hostile à Robespierre. Proche de Carnot, il s’occupe de la marine avant d’être éliminé du Directoire par le tirage au sort, le 20 mai 1797. Il sera ensuite préfet de Bonaparte et Conseiller à la Cour des Comptes.
Lorsque l’on observe la composition politique du Directoire, on en conclue que le nouveau régime était dirigé par les mêmes hommes et confronté aux mêmes problèmes que la Convention thermidorienne : son défi primordial consistait à essayer de mettre un terme à la Révolution, en se gardant à gauche des Jacobins et à droite des Royalistes.
Dans les premiers mois du Directoire, la liberté de la presse et la liberté religieuse furent respectées. Les importations de denrées améliorèrent les approvisionnements dans les villes, non sans aggraver la situation financière de l’État. Le problème économique principal restait l'inflation, ce qui décida le Directoire à supprimer l'assignat. Une loi autorisa la création de mandats territoriaux qui pouvaient être échangés contre des assignats et permettaient d'acquérir les biens nationaux à des conditions très favorables. Ceux qui saisirent l’aubaine purent acquérir des biens nationaux avec des billets sans valeur. Ils devinrent par conséquent des adversaires résolus du retour des immigrés.
À partir du 21 mars 1796, le franc eut seul un cours légal, fixé à cinq grammes d'argent. À l'inflation succéda la déflation; les artisans se retrouvèrent au chômage et le Directoire ne parvenait plus à payer les fonctionnaires. Il dut céder des propriétés nationales comme le célèbre diamant de la Couronne « le Régent », vendre des biens nationaux aux enchères, et se trouva dans l'obligation d'emprunter au dey d'Alger, à des commerçants de Hambourg ou à des financiers véreux. Il trouvera la solution à ses mécomptes financiers par le prélèvement de fortes contributions de guerre sur les pays conquis, ce qui eut pour effet de rendre les politiques dépendants des généraux.
Le Directoire dut aussi faire face à l’extrême gauche. Babeuf, reprenant le discours des Enragés, faisait une critique radicale de la famille, de la religion et de la propriété. Lorsqu’il fonda un comité insurrectionnel, il fut arrêté et exécuté.
Il fallait aussi se résoudre à mettre fin à la guerre, qui plaisait aux généraux, mais pas à l’opinion publique. La Convention avait conclu la paix avec la Prusse, la Hollande et l'Espagne. Restaient l'Autriche et l'Angleterre, qui refusaient de voir la rive gauche du Rhin sous possession française. Pour obtenir une paix favorable, Carnot proposa de lancer une manœuvre de diversion en Italie du Nord, tout en menaçant Vienne avec deux armées, sur le Rhin et le Danube. Grâce au génie militaire de Bonaparte qui, avec peu de soldats et de moyens, obtint des victoires stratégiquement déterminantes, la diversion italienne se transforma en victoire décisive, pendant que les armées françaises piétinaient sur le Rhin avant de reprendre leur offensive, au moment où Bonaparte menaçait Vienne par son débouché depuis la péninsule Italienne.
Le 17 octobre 1797, Le traité de Campo-Formio était signé avec une immense joie. Il donnait à la France les Pays-Bas, la frontière sur le Rhin, la place forte de Mayence et les îles Ioniennes, tandis que l'Autriche recevait une partie de la Vénétie, l'Istrie et la Dalmatie et reconnaissait la république Cisalpine.
Mais il avait été signé directement par Bonaparte, avec une audace qui inquiétait les Directeurs.