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Le blog d'André Boyer

Le loup-garou Loukachenko

1 Mai 2011 Publié dans #ACTUALITÉ

ce blog est le 201 eme 

Dans le blog précédent, je voulais surtout attirer votre attention sur la vision unilatérale de l’information qui nous est présentée dans les médias qui ne parlent de la Biélorussie que pour qualifier son Président de dictateur, sans jamais mentionner les succès économiques de la Biélorussie, un pays pourtant doté de peu d’atouts. Pour ne pas m’attirer les reproches que je formule à l’égard des médias, je vais donc traiter dans ce blog d’Alexandre Loukachenko, le loup garou des medias occidentaux.

loukachenko-homme-du-peuple-loukachenko-homme-du-peuple.jpgÀ ce jour, la Biélorussie est le seul État européen qui ne fait toujours pas partie  du Conseil de l’Europe, mais il faut avouer qu’Alexandre Loukachenko rassemble toutes les caractéristiques pour déplaire à l’Union Européenne. Tout d’abord, il n’est même pas un ancien membre du KGB, cet ENA de l’Est : né en 1954, diplômé d’une académie agricole, successivement garde frontière, directeur d’une usine de matériaux de construction, Alexandre Loukachenko a été élu en 1990 député au Conseil suprême de la République biélorusse. Fervent adversaire de la corruption, il a été ensuite est élu président du comité anti-corruption du Parlement biélorusse.

Au début de l'année 1994, une nouvelle Constitution est adoptée. Six candidats sont en lice, dont Loukachenko et Vyatchaslaw Kiebitch. Ce dernier est le grand favori mais à la surprise de la plupart des observateurs, Loukachenko conduit une campagne contre la corruption qui lui permet de se retrouver en tête du premier tour avec 45 % des voix et de l’emporter au second tour avec plus de 80 % des voix. On ne peut pas soutenir qu’il ait truqué ces élections-là, ses adversaires étant au pouvoir.

Élu, Loukachenko fait doubler le salaire minimum, introduit le contrôle des prix et abroge les réformes économiques. Pire, il remet en vigueur le drapeau de la Biélorussie et maintient le KGB.

Dés les premières années de son mandat, Loukachenko doit faire face à l’opposition de la Banque Mondiale et du FMI qui suspendent leurs prêts financiers à la Biélorussie en invoquant l’absence de réformes. Drôle de réaction de la part de ces organismes qui devraient être plus guidés par l’intérêt des populations que par l’idéologie libérale ou le combat politique contre les dirigeants qui leurs déplaisent.

Lors de l'été 1996, une majorité de députés signe une pétition contre Loukachenko. Ce dernier réplique en organisant un référendum pour accroître ses prérogatives. Le « oui » l’emporte avec  70,5 % des votants et il obtient un nouveau Parlement qui lui est acquis. En 1998, une nouvelle crise secoue le pays lorsque la Banque Centrale russe, peu amicale, suspend le change du rouble biélorusse. Loukachenko réagit en prenant le contrôle de la Banque Centrale biélorusse et en fixant autoritairement le taux de change.

La même année, la « Crise des Résidences » secoue les relations diplomatiques entre les pays occidentaux et la Biélorussie, lorsque les ambassadeurs occidentaux sont rappelés à la suite des pressions de Loukachenko pour expulser leurs ambassades de la zone résidentielle de Drozdy jouxtant la résidence du Président. Loukachenko invoque les activités d’écoute et d’espionnage de ces ambassades, dont l’ambassade US. De même, il expulse une délégation du FMI en qualifiant sans aménité ses membres « d'escrocs ».

En 2001, Il mène campagne pour son second mandat sur les thèmes du contrôle de l'économie et d’un fort pouvoir présidentiel pour maintenir l'ordre, et il l’emporte dès le premier tour. Alors que les gouvernements occidentaux critiquent les conditions de sa réélection, la Russie et les pays voisins estiment de leur côté que le scrutin a été transparent et ouvert. Il est encore réélu pour cinq ans en 2006 avec 82,6 % des voix au terme d'une élection toujours jugée non démocratique par les pays occidentaux et réélu triomphalement pour un quatrième mandat consécutif en décembre 2010 avec  79,67 % des voix. Dans les chancelleries occidentales, l’exaspération est à son comble, relayée[1] à Minsk par des démonstrations violentes. Des centaines de manifestants sont arrêtés, l'Union européenne et les États-Unis condamnent la répression et en profitent pour  prendre des sanctions contre les entreprises biélorusses.

V Loukachenko n’est pas avare de déclarations publiques qui sont ressenties comme des provocations par les dirigeants et les medias occidentaux, mais c’est un peu la même chose. C’est ainsi que sa  dernière sortie ne devrait pas calmer les esprits, lorsqu’il déclare  en novembre 2010, en parlant de Guido Westerwelle, le Ministre des Affaires Étrangères d’Allemagne : « Je lui ai dit honnêtement, les yeux dans les yeux, qu'il fallait mener une vie normale », faisant allusion à l'homosexualité de son interlocuteur. Dans ces conditions, on ne s’étonnera pas que fin janvier, Guido Westerwelle et son homologue anglais Hague, tous deux homosexuels, aient signé une tribune au ton très incisif  contre le régime de Loukachenko dans le Wall Street Journal.

 

Pour conclure, je vous invite à lire en anglais, ou à écouter en russe, l’interview du Président Loukachenko par Lally Weymouth, pour le Washington Post du 28 février 2011.

Voici le lien :

 

http://7bnquestion.com/p/interview-with-president-of-beloruss-lukashenko

 

Le journaliste  qui retransmet cette interview, observe ceci :

« Propaganda, brainwashing, information hiding and filtering are flourishing in American mass media.  The American audience receives an one-sided view of many important domestic and world news at best.  One example of such information distortion and hiding is an interview with the president of Belarus, Alexander Lukashenko, with Washington Post Chief editor Lally W., on 28.2.2011. »

 



[1] Les partis et associations  dites pro démocratiques sont  ouvertement financées, soit par les Etats-Unis et l’Union Européenne, soit par la Russie qui n’apprécie que modérément l’économie centralisée et la lutte contre la corruption d’Alexandre Loukachenko.

 

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