Le Tout Paris au Conseil de SciencesPo
Le conseil d'admainistration de la FNSP a d’autant plus d’influence que ses administrateurs sont des personnages du Tout Paris, qui n’ont nullement l’intention de rester inertes.
Le lourd Conseil d’Administration de la FNSP est en premier lieu composé de six professeurs et de cinq représentants du personnel de l’IEP élus pour cinq ans. Il s’y ajoute le directeur de SciencesPo, celui de l’ENA et un représentant du CNRS. Rien d’étonnant. C’est tout juste si l’on remarque que l’on n’y trouve pas d’étudiants. Mais au second regard, on se demande s’il leur arrive d’y prendre la parole, sinon sur ordre.
Car les autres membres du Conseil sont de véritables poids lourds, des spécialistes du pouvoir au plus haut niveau, qui ont l’habitude d’être craints et obéis. Le Premier Ministre a ainsi désigné deux hauts fonctionnaires pour le représenter. En l’occurrence, il ne s’agit pas de n’importe qui :
Le premier de ces représentants est Jean-Pierre Jouyet, 58 ans, l’ancien président de l’Autorité des Marchés Financiers, ami de trente-cinq ans de François Hollande, récemment nommé Directeur Géneral de la Caisse des Dépôts et Consignations et plus récemment encore Président de la Banque Publique d’Investissement. C’est lui qui a indirectement traité le site sidérurgique de Florange de « canard boiteux », un couac parmi d’autres.
Quant au second représentant du Premier Ministre, il s’agit de Jean-Marc Sauvé, 63 ans, Vice-Président du Conseil d’État, président du comité chargé d'évaluer les candidats aux fonctions de juge à la Cour de justice et au Tribunal de l'Union européenne et président de l’Institut Français des Sciences Administratives.
Tous deux, bien sûr, ont fait leurs études à l’IEP avant d’intégrer l’ENA. C’est leur maison.
S’y ajoute quatre personnalités, choisies par le Premier Ministre, en tant que représentantes des syndicats patronaux, ouvriers et, curieusement, agricole :
Jean-François Cirelli, 54 ans, vice Président de GDF Suez, qui a fait ses études à SciencesPo pour intégrer l’ENA. Il commence sa carrière à la Direction du Trésor, avant de devenir PDG de Gaz de France puis le numéro de deux de GDF Suez, derrière Gérard Mestrallet. Un vrai poids lourd.
Marc Ladreit de Lacharrière, 72 ans, né à Nice. PDG de Fimalac, il a fait l’ENA en passant par des études de sciences économiques à Paris, pas à SciencesPo. Il est l’un des fondateurs de SOS Racisme et créateur de la Fondation « Culture et Diversité » et de la Fondation « Agir contre l’exclusion » proche de Martine Aubry. Il possède une fortune estimée à 1,6 milliard d’Euros en 2007. Un poids lourd chenu.
François Chérèque, 56 ans, qui n’a pas eu besoin de préparer l’ENA pour devenir éducateur spécialisé dans le centre hospitalier de Digne avant de monter les échelons au sein de la CFDT, jusqu’à en devenir le Secrétaire Géneral, un poste qu’il va quitter dans quelques semaines. Il semble jouer un rôle d’opposant à la majorité du Conseil.
À côté de ces trois personnages, Marion Guillou, 58 ans, ex-PDG de l’INRA, de formation agronomique après être sortie de Polytechnique dont elle préside tout de même le Conseil d’Administration n’est pas forcément une actrice majeure du Conseil.
Mais le Conseil comprend encore quinze représentants des « auteurs de libéralité », en d’autres termes les actionnaires de la FNSP, nommés par ces derniers pour dix ans. Ces représentants, on va le voir, sont des personnalités de premier plan représentatives du Tout Paris, ou du microcosme comme aurait dit Raymond Barre, dont la réunion au sein de ce Conseil aurait ravi Honoré de Balzac.
J’ai décidé de les présenter par âge croissant :
Le plus jeune, mais pas le moins intéressant est Henri de Castries, 58 ans, PDG d’Axa, HEC et ENA, de la même promotion que François Hollande et Jean-Pierre Jouyet, 2,5 millions d’euros de salaire par an et accessoirement lointain descendant du marquis de Sade ! On serait surpris qu’il ne soit pas un des principaux acteurs du Conseil.
On n’est pas surpris non plus de trouver dans ce Conseil d’Administration Olivier Duhamel, 62 ans, juriste et politologue, fils de l'ancien ministre Jacques Duhamel, ancien professeur de droit public à Paris I et bien sûr à SciencesPo, ex-conseiller de Richard Descoings. Sans aucun doute, il suit, peut-être avec quelques états d’âme, la majorité.
S’y ajoute une personnalité très en vue, Pascal Lamy, 65 ans, HEC, IEP et ENA, actuel directeur de l’OMC, Inspecteur des Finances, ancien directeur adjoint du Premier Ministre Pierre Mauroy, ancien directeur de cabinet du président de la Commission Européenne Jacques Delors, ancien directeur du Crédit Lyonnais, ancien commissaire européen au commerce. Si Pascal Lamy participe aux réunions du Conseil, il doit s’y faire entendre.
À l’exception de ces trois jeunots, tous les autres papys flingueurs (et mamys) ont au moins 70 ans, mais ce sont ces derniers qui sont les plus influents et les plus manœuvriers au sein du Conseil…
À suivre…