Les Américains essaient de liquider la puissance russe
26 Février 2013 Publié dans #HISTOIRE
L'effondrement du niveau de vie du plus grand nombre et la disparition d’avantages sociaux naguère garantis par le système soviétique, le non-paiement des retraites et des salaires des fonctionnaires ont engendré, au cours des sombres années qui ont suivi la chute de l'Union soviétique, une situation insupportable, alors que les oligarques profitent de la privatisation sauvage des anciennes entreprises d'État.
Le fragile consensus qui a accompagné la disparition de l'ancien régime disparaît rapidement, d'autant que la nouvelle élite mafieuse est tolérée par le pouvoir en place. De fait, l'État a renoncé à tout pouvoir de régulation dans un pays où triomphe l'argent roi et qui souffre de l'absence d'un État de droit solide et d'une culture entrepreneuriale libérée des anciennes mentalités soviétiques. C'est à cette époque que le financier Boris Berezovski affirme que «les oligarques doivent diriger le pays comme un conseil d'administration dirige une entreprise. » !
L'annonce, le 17 août 1998, de la dévaluation du rouble et l'effondrement du marché financier sont un terrible révélateur de l'état d'un pays dont le PIB est alors comparable à celui du Benelux. Des voix s'élèvent pour dénoncer la gestion imposée par le FMI et par les tenants de la thérapie de choc et pour réclamer le rétablissement d'un véritable État, capable de privilégier l'intérêt général. Depuis l'avènement d'Eltsine, le PIB s'est effondré, les investissements ont chuté de 90% et les trois quarts de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté. Eltsine doit faire appel à Evgueni Primakov, ancien numéro deux du KGB, qui était aussi un spécialiste de l'économie dans l'ancienne URSS. Il arrive aux affaires avec la ferme intention de rendre à la Russie la place internationale qui doit, selon lui, être la sienne.
L'empire soviétique a succombé à ses contradictions internes et aux contraintes qu'impliquait pour lui la volonté de poursuivre la compétition stratégique avec les États-Unis, mais la séquence de reflux entamée en 1989 va naturellement être mise à profit par « l'hyperpuissance » sortie victorieuse de la guerre froide. Il apparaît rapidement que les Américains tentent de pousser leur avantage en mettant en oeuvre l'extension vers l'Est de l'Otan en réalisant en 1999, sous l'habituel prétexte «humanitaire », une intervention contre la Serbie, allié traditionnel de la Russie, hors de toute légalité internationale. À l'issue de la guerre, ils installent une énorme base américaine au Kosovo. Dans le même temps, Zbigniew Brzezinski explique dans son Grand Échiquier qu'il faut substituer au containment de la guerre froide une politique de rollback, de refoulement de la Russie vers son coeur continental. Il s’agit de l’écarter du Caucase et de l'ancienne Asie centrale soviétique, et de l'Ukraine où la révolution orange va bientôt porter au pouvoir un partisan de l'adhésion de ce pays à l'OTAN.
Le déploiement d'un système antimissile en Europe orientale, en vue de prémunir théoriquement l'Europe contre une menace iranienne, s'inscrit dans le même projet. Le but est d'empêcher toute renaissance de la puissance russe, une politique perpétuée avec l'instrumentalisation systématique des oppositions à Vladimir Poutine et la place qui leur est donnée dans la grande presse occidentale acquise aux intérêts américains.