Les Aubrac, des héros (communistes) français
L’histoire officielle vous a livré la semaine dernière l’information suivante : « Raymond Aubrac, de son vrai nom Raymond Samuel, est mort mardi soir à l’âge de 97 ans à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce. Grande figure de la Résistance, il avait été le co-fondateur du mouvement « Libération Sud » et était l'une des dernières personnalités à avoir côtoyé Jean Moulin. Il était le dernier survivant des chefs de la Résistance arrêtés en juin 1943 à Caluire dans le Rhône avec le chef du Conseil National de la Résistance. Après la guerre, il avait témoigné lors du procès du résistant René Hardy, accusé d'avoir dénoncé Jean Moulin à la Gestapo et acquitté au bénéfice du doute. Dans ses dernières années, Raymond Aubrac était resté un citoyen très actif. Sa femme Lucie Aubrac, également héroïne de la Résistance est morte en 2007, à l'âge de 92 ans. » (20 minutes, 12 avril 2012.)
Cette histoire officielle se garde bien de mentionner que toute l’action de Lucie et Raymond Aubrac s’inscrit depuis leur adolescence dans le cadre de leur engagement auprès du PCF, même si Raymond Aubrac n’en faisait pas officiellement parti, pour des raisons d’affichage. Cet engagement, que les medias s’efforcent d’occulter, explique les incertitudes et les ambiguïtés qui entourent leur action et l’énorme effort de communication auquel ils se sont tous deux astreints jusqu’à la toute fin de leur vie.
- Raymond et Lucie Aubrac, héros de la Résistance :
On sait que Jean Moulin, chef de la Résistance intérieure fut arrêté en juin 1943 lors du « rendez-vous de Caluire » dans la banlieue lyonnaise. Torturé puis mis à mort, on s’est demandé s’il n’avait pas été trahi. C’est ainsi que René Hardy a été deux fois accusé, notamment par Raymond Aubrac, d’avoir trahi Jean Moulin, mais a été deux fois acquitté. Il est vrai aussi que le rendez-vous de Caluire dans la villa du Dr Dugoujon était connu de beaucoup trop de gens pour ne pas finir en guet-apens.
Quant aux Aubrac, ils ont fourni des récits à géométrie variable. Devant le doute qui s’installait, le couple a demandé à un jury d’honneur de les entendre, un jury composé des historiens François Bédarida, Jean-Pierre Azéma, Laurent Douzou, Henry Rousso et Dominique Veillon, et surtout Daniel Cordier, compagnon de la Libération et secrétaire de Jean Moulin.
L’entretien s’est déroulé le samedi 17 mai 1997, au siège de Libération. La confrontation dura cinq heures. François Bédarida a ainsi interpellé Raymond Aubrac : « Les historiens sont par définition des gens curieux. Comment un homme comme vous qui contrôle son langage, peut-il avoir oscillé sans cesse entre le fait de dire tantôt : « non, je n’ai pas été reconnu comme Aubrac» et « oui, j’ai été identifié » ?
Les libertés de Lucie Aubrac avec des faits attestés par les archives sont remarquables. Par exemple, Lucie Aubrac a affirmé à plusieurs reprises et notamment en septembre 1945 dans le journal communiste La Marseillaise, qu’elle avait fait évader son mari de l’hôpital de l’Antiquaille le 24 mai 1943. Or, s’il y a bien eu une évasion à cette date de cet hôpital, Raymond Aubrac n’en a pas bénéficié : en effet, arrêté, sous le nom de François Vallet lors d’une réunion de résistants le 15 mars 1943, il avait été libéré deux semaines auparavant. L’avis de sa mise en liberté l’atteste, un avis signé le 10 mai 1943 par le gardien-chef de la prison de Saint-Paul et établi sur ordre du juge d’instruction Cohendy.
Il existe également des contradictions entre les différentes versions que Lucie Aubrac donne du second de ses exploits: l’évasion de son mari, arrêté à nouveau à Caluire, d’un fourgon cellulaire attaqué par la Résistance, en octobre 1943. Là aussi, d’autres témoignages et des documents d’archives la contredisent.
- Raymond Aubry, héros communiste :
Selon Stéphane Courtois, Directeur de recherches au CNRS et maître d'oeuvre du Livre noir du communisme, Raymond Aubrac était un membre important du réseau communiste international. On a notamment découvert dans les archives du PC à Prague des documents qui montrent qu'Aubrac y était reçu par Klement Gottwald, le chef historique du PC tchécoslovaque, qui fut aussi un agent important du Komintern.
Formellement, il n’avait pas sa carte du PCF parce que le Parti préférait qu’il n’ait pas de carte. Cela ne l'empêchait pas de participer à des réunions de cellules comme « observateur ». De même sa future épouse Lucie était elle-même communiste et proche d'André Marty, qui fut représentant du PCF au Komintern.
À la Libération, il est désigné commissaire régional de la République à Marseille. Or De Gaulle le congédie sans ménagement et sans explications. À Marseille, il avait en effet créé des CRS (Compagnies républicaines de sécurité) dont on découvrit plus tard qu'elles étaient entièrement infiltrées par le PCF.
En 1946, à la demande de Jacques Duclos, les Aubrac hébergent Hô Chi Minh, en tant que dirigeant communiste vietnamien, lorsqu’il vient en France. Plus tard, il servira de contact entre l'appareil communiste international et Henry Kissinger lui-même : ce n’était pas un petit agent…
Après guerre, il dirige officiellement le Berim (Bureau d'Études et de Recherches pour l'Industrie Moderne) qui est une société écran placée sous la responsabilité de Jean Jérôme, l'un des hommes les plus importants et les plus secrets du PCF. Le Berim est une des pompes à finances du PCF. Par elle, passe une partie des financements en provenance de l'Est sous la forme de contrats plus ou moins bidons…
Si vous voulez comprendre comment on s'efforce d'orienter vos jugements, il est intéressant d'observer que les medias passent sous silence le fait que toute la vie des époux Aubrac s’insère dans le cadre de l’action du PCF, en relation avec la politique soviétique, notamment par leurs liens avec Ho Chi Minh, qui relève de la politique du PCF. Les medias font comme si les Aubrac étaient des héros individuels, alors que Raymond Aubrac a créé « Libération-Sud » sur ordre du PCF, qu’il a été désigné comme Commissaire régional de la République à Marseille et qu’il a accueilli Ho Chi Minh à la demande du PCF. Toute la mise en scène de leurs actions de résistance relève de la communication politique : le PCF et la gauche tenaient d’exemplaires héros de gauche à montrer à la population et en particulier aux enfants des écoles.
Cela n’enlève rien à leur courage personnel ni au respect qui leur est dû, mais pourquoi cacher l'engagement de leur vie toute entière auprés du PCF sinon pour inverser la logique de leurs actions : fondamentalement, ils ont agi sur ordre du PCF et non pas, comme on veut le faire croire, dans l’ordre inverse des causes : ce seraient des héros qui avaient, naturellement puisqu’ils étaient des héros, des convictions de gauche. C’est pourquoi l’on s’efforce de cacher qu’ils étaient communistes, parce que cela fait un tout petit peu moins "politically correct" que "héros de gauche"...