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Le blog d'André Boyer

Les papys flingueurs de SciencesPo

10 Novembre 2012 Publié dans #ACTUALITÉ

 

Nous terminons ici la présentation des remarquables membres du Conseil d’administration de la FNSP, avec l’ensemble du groupe des plus de soixante-dix ans, plus ou moins retraités et pas forcément contents de l’être.

220px-Michel_Pebereau.jpgDans ce groupe, on y trouve tout d’abord, du fait de l’âge mais surtout de son importance en tant qu’acteur, le principal stratège du Conseil, à la manœuvre depuis la mort de Richard Descoings, Michel Pébereau, 70 ans, Polytechnique et ENA, ancien Président de BNP Paribas et actuel Président du Conseil d’administration de l’IEP. Inspecteur des finances, puis PDG du CCF qu’il privatise avant d’accéder à la direction et à la présidence de la BNP qu’il privatise également. Il a enseigné (quelques heures par an ?) à l’IEP de 1968 à 2000. Il n’a peur de personne, il l’a montré dans le passé face à l’État et à la Société Générale.

L’accompagne dans le Conseil un personnage plus important encore, si c’est possible, Jean-Claude Trichet, 70 ans aussi, IEP et ENA, ancien Président de la Banque Centrale Européenne. Inspecteur des Finances, ancien directeur du Trésor et à ce titre l’un des responsables de la faillite du Crédit Lyonnais pour laquelle il a été poursuivi, ancien gouverneur de la Banque de France et je n’ai sélectionné que quelques-unes de ses nombreuses fonctions passées. Jean-Claude Trichet est un homme qui pèse autant qu’il le souhaite dans ce Conseil. 

Cependant, l’un des poids lourds le plus considérable du Conseil est incontestablement Louis Schweitzer, 70 ans encore, IEP et ENA, fils de Pierre-Paul Schweitzer, directeur du FMI entre 1963 et 1973, petit-neveu d’Albert Schweitzer comme du chef d'orchestre Charles Munch, et cousin de Jean-Paul Sartre. À la sortie de l'ENA, il entre à la direction du Budget avant de devenir directeur de cabinet de Laurent Fabius, qu’il suit lorsqu’il devient Premier Ministre. C'est à ce poste qu'il est mêlé à l’affaire des écoutes de l’Elysée et il l'occupe également lors de celle du sang contaminé. Il bénéficie d’un non-lieu pour la première affaire et est condamné pour la seconde, mais, surprise, dispensé de peine. Il entre ensuite chez Renault dont il devient PDG. Il a été président de la HALDE dont  la Cour des Comptes a fortement critiqué sa gestion, notamment en raison des rémunérations qu’il s’était attribuées. Il a été également président du conseil de surveillance du journal Le Monde. Il est l’un des retraités les mieux payés, grâce à ses postes d'administrateurs de Volvo, BNP Paribas, EDF, L’Oréal, Philips. Rien que pour la présidence non exécutive d'AstraZeneca, il reçoit un million de livres sterling par an. Il connaît tout le monde et tout le monde le craint.

Incontestablement moins en vue, mais chéri des médias et du milieu politique, Jean-Paul Fitoussi, 70 ans toujours, économiste, ancien directeur de l'OFCE, professeur émérite de l’IEP, président du conseil scientifique de l’IEP, a une place plus modeste dans ce Conseil composé de personnalités exceptionnelles. Il est là pour servir de caution scientifique.

Isabelle Renouard, 72 ans, IEP et ENA, compte tenu des ses fonctions, n’est pas une enfant de choeur: ancienne Secrétaire Générale de la Défense Nationale (SGDN) et jusqu’à ce jour la seule femme à occuper ce poste, elle a eu accès aux secrets de la défense et d’une partie de ceux des services secrets. Elle a fait sa carrière dans la diplomatie en réussissant aussi l’exploit d’être l’un des directeurs d’administration centrale qui a connu la plus grande longévité, ayant été onze ans directrice des Français de l'étranger et des étrangers en France. Certainement un membre influent et redoutable du Conseil.

Hélène Gisserot, 74 ans, IEP et ENA, n’est pas non plus une personnalité négligeable. Procureur général honoraire près la Cour des Comptes, elle est actuellement Présidente de l’importante association Notre-Dame de Bon Secours, fondée en 1868 par l’abbé Carton pour secourir les  vieillards et les orphelins et qui élabore actuellement un important projet de pôle médico-social. Elle n’est pas forcément dans la majorité.

On rencontre tout naturellement dans ce conseil Alain Lancelot, 75 ans, IEP, qui a été directeur de SciencesPo avant Richard Descoings, qu’il avait pris pour adjoint avant de lui céder la place. Alain Lancelot est un politologue bien connu des médias. Naturellement, il suit la majorité.

S’y retrouve aussi Jean-Claude Paye, 78 ans, ENA. Fils de Lucien Paye, ministre de l’éducation dans le gouvernement Michel Debré et gendre de Jean-Marcel Jeanneney, il est ainsi curieusement lié aux deux hommes auxquels De Gaulle avait, sans succès, confié la mission de nationaliser SciencesPo en 1945. Il a fait carrière au Quai d’Orsay. Ancien collaborateur de Raymond Barre, il est désormais avocat. Jean-Claude Paye sait manœuvrer.

Apparaît également Jean-Claude Casanova, 78 ans, IEP puis professeur à l’IEP, qui joue le rôle du second auprès de Michel Pébereau en tant que président du Conseil d’administration de la FNSP depuis 7 ans.

Les membres du Conseil de la FNSP qui suivent ont 80 ans ou plus :

Il s’agit tout d’abord de ce personnage fort influent que fut Jacques Rigaud, 80 ans, IEP et ENA, Conseiller d’État, ancien PDG de RTL et ancien directeur de cabinet du ministre Jacques Duhamel, le père d’Olivier Duhamel qui siège aussi dans ce Conseil. On ne sait s’il est toujours actif mais il serait étonnant qu’il s’oppose frontalement à Michel Pébereau.

Plus surprenante est la présence d’Hélène Carrere d’Encausse, Secrétaire perpétuelle de l’Académie Française, 83 ans, historienne, tout de même ancienne professeur à l’IEP et auteur de l’Empire Éclaté. Pour qui la connait un peu, elle devrait avoir une position indépendante dans ce Conseil.

On y rencontre enfin le doyen de l’assemblée, Serge Hurtig, 85 ans, IEP, où il a poursuivi sa carrière professionnelle en tant que professeur de sciences politiques, une carrière qui l’a menée à la direction scientifique de la FNSP jusqu'à sa retraite en 1995. Ce fut un ami proche de l’ancien ministre Alain Savary, dont il a recueilli les mémoires. Il doit jouer un rôle discret, comme il le fut toujours.

Si l’on en ôte les quatorze représentants des professeurs du personnel administratif de la direction de l’IEP, de l’ENA et du CNRS, qui ne sont pas tous forcément des individualités négligeables, le Conseil est composé d’une majorité de personnalités de haut niveau. Elles proviennent majoritairement de l’IEP et de l’ENA et elles sont le plus souvent parvenues au bout d’un parcours professionnel exceptionnel. Nombre d’entre elles se retrouvent au sein du club Le Siècle dont les sept cent cinquante membres réunissent tout le gotha du pouvoir français.

 

Que veulent-ils? Ils ont soutenu, suivi et encouragé l’action de Richard Descoings pour faire de SciencesPo une Business School tentaculaire, avec son École de Journalisme pour s’annexer les medias et son ouverture à la diversité pour se protéger des accusations d’élitisme. Aujourd’hui les papys flingueurs sont en pleine manoeuvre pour préserver ce qu’ils ont fait de SciencesPo avec Richard Descoings, prêts à affronter sans crainte la Cour des Comptes, le gouvernement et l’ensemble des corps constitués ou des individus qui osent s’opposer à eux.

 

Mais qu’ont-ils donc bâti avec Richard Descoings qui a eu la malencontreuse idée de disparaître dans de troubles circonstances, en ouvrant la porte à d’indiscrets regards sur SciencesPo ?

 

À suivre…

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B
<br /> En effet, mais il faudrait commencer par obtenir une diversification du recrutement des membres du Conseil!<br /> <br /> <br /> voir la suite des articles sur SciencesPo...<br />
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M
<br /> Eh bien voilà un projet pour tous ceux qui redoutent le passage à la retraite : devenez donc administrateur de Sciences-Po !<br />
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