Les Pol Pot français de 1793 à l'oeuvre
17 Février 2013 Publié dans #HISTOIRE
Je ne sais pas si vous avez vraiment réalisé quelle fut la nature du régime de la France à partir d’août 1792 : ce pays prospère, ce pays de liberté, après trois années de rêveries et d’ébullition, fut brutalement livré à de froids assassins qui se mirent à exécuter en masse tous ceux qui s’opposaient à eux.
Ce sont en effet de monstrueux terroristes, à la manière de Pol Pot, qui prirent chaque jour des décisions inouïes.
Chaque jour.
Donnez vous le temps de lire calmement leurs effrayants décrets pris en deux semaines seulement, entre le 27 mars 1793 et le 09 avril 1793, pour réaliser pleinement ce qu’ils signifient ; il vous suffit pour comprendre d’imaginer un instant qu’on les applique aujourd’hui :
- Le 27 mars, Danton propose d’armer chaque citoyen d’une pique : la liberté de tuer tout un chacun, dés lors qu’il est « suspect ».
- Le 28 mars, les immigrés sont déclarés hors la loi, en d’autres termes ils sont condamnés à mort par contumace.
- Le 29 mars, l’obligation est faite aux propriétaires d’afficher le nom de ceux qui résident chez eux et la peine de mort est applicable contre tout écrivain, imprimeur ou éditeur d'écrits « contre-révolutionnaires ». Voici ce dont témoigne la marquise de la Tour du Pin dans ses mémoires : « on ordonna que, dans chaque maison, on placarderait sur la porte d’entrée une affiche, délivrée à la section, sur lesquelles seraient inscrits les noms de toutes les personnes habitant la maison » !
- Le 01 avril, l'inviolabilité des députés est supprimée. Ainsi il est possible de terroriser, d’arrêter et d’exécuter tout opposant politique, même élu du Peuple.
- Le 05 avril, les pouvoirs du Tribunal Révolutionnaire sont considérablement accrus et ses jugements sont sans appel et exécutoires dans les 24 heures ! Une justice expéditive et sans appel !
- Le 09 avril, des Commissaires de la République sont mis en place dans les armées, chargés de surveiller la conduite des officiers généraux. Les commissaires soviétiques ou khmers s’en sont directement inspirés.
- Le 11 avril, l’assignat a désormais cours forcé. En conséquence, il est défendu de conserver des louis d’or, sous peine de mort.
Et je ne mentionne, à titre d'exemple, que cette courte période de quinze jours!
Des révoltes éclatent dans tout le pays. Voici comment se passe la reprise en main du pouvoir à Bordeaux, toujours selon le témoignage factuel de la marquise de la Tour du Pin :
« La ville de Bordeaux, animée par les Girondins qui n’avaient pas voté la mort du roi, était en état de demi-révolte contre la Convention. Mais Bordeaux ne possédait pas, loin de là, l’énergique courage de la Vendée. Une troupe armée de 800 ou 1000 jeunes gens des premières familles de la ville s’était pourtant organisée. Mais perdus dans des abstractions, les divers membres de la municipalité de Bordeaux et du département de la Gironde ne voulaient ni être royalistes comme les Vendéens, ni révolutionnaires comme la Convention. »
Des centristes en somme !
« Oubliant le fait que l’armée révolutionnaire était à leur porte, les infortunés croyaient que Tallien et Ysabeau leur laisseraient le temps de débrouiller leurs idées. Pouvait-on présumer qu’une ville de 80000 âmes se soumettrait sans résistance à 700 misérables, appuyés par deux canons seulement, tandis qu’une troupe d’élite, composée de tous les gens les plus distingués de la ville, était rangée derrière une nombreuse batterie en avant de la porte. Ces misérables étaient commandés par le général Brune, un des égorgeurs d’Avignon. Le matin du 13 septembre 1793, « l’armée révolutionnaire » entra dans Bordeaux… »
Tallien ? Ysabeau ? Brune ? nous reviendrons sur ces « héros républicains », de répugnants personnages comme vous pourrez le constater.
La suite de ce qui se passa à Bordeaux après l’entrée de cette bande d’assassins dans mon prochain blog sur la période de la Terreur.