Oh, pauvre Japon, il va si mal!
9 Août 2012 Publié dans #ACTUALITÉ
Le Japon est assez couramment considéré comme un pays dont la faiblesse des performances économiques le place sur une trajectoire inexorablement déclinante. Une telle approche relève davantage de la pensée unique que d’une analyse rigoureuse.
Alors que la Banque de France annonce une récession en France et que son commerce extérieur est lourdement déficitaire, le Japon publie un PIB en assez forte croissance. Et il reste une vraie puissance : la région du grand Tokyo représente le PIB du Brésil, celle de Nagoya le PIB de la Corée du Sud, celle d’Osaka le PIB de l’Indonésie et l’île de Kiu Shiu celui de l’Arabie Saoudite. Il dispose toujours d’une énorme avance technologique : avec 2 % de la population mondiale, ses dépenses de recherche et développement représentent 17 % de la recherche mondiale, ce qui en fait le premier pays en termes de recherche par habitant. Il en résulte que 30 % des brevets déposés dans le monde sont japonais, 30% ! Bien sûr, la part de marché des entreprises japonaises est écrasante pour nombre de niches technologiques d’avenir, comme les lentilles optiques pour les appareils photo, les fibres de carbone, les systèmes électroniques embarqués, les batteries au lithium et la robotique.
En 2011, l’impact des évènements de Fukushima a très fortement perturbé plusieurs grandes filières industrielles mondiales, comme l’électronique ou l’automobile, preuve du poids technologique du Japon. Car, si le cœur de l’assemblage se situe en Chine, le cœur technologique de l’Asie se trouve encore au Japon, au moins pour les dix ou quinze prochaines années. D’ailleurs, l’organisation industrielle du Japon est aujourd’hui tout à fait remise de la catastrophe de Fukishima, puisque Toyota vient d’annoncer que sa production a augmenté de 40% et qu’il est redevenu le premier producteur mondial. Ce qui n’empêche pas le Japon d’avoir le courage d’annoncer la fermeture de l’ensemble de ses centrales nucléaires d’ici vingt ans.
Dans le domaine financier, le Japon est le premier créancier mondial de la planète avec 3 000 milliards de $ de créances et les ménages japonais détiennent sous forme d’épargne l’équivalent de 3 années de PIB. De quoi ne pas trop s’inquiéter des dettes de l’État japonais, qui représentent 200% du PIB du Japon, et qui ne font ni baisser le yen, fortement surévalué par rapport au dollar, ni monter les taux d’intérêt, quasiment nuls.
De plus, les indicateurs du Japon au milieu de 2012 sont dans une forme olympique. Le taux de chômage dans l'archipel a reculé d'un dixième de point en juin 2012 à 4,3 % de la population active et la consommation des ménages a augmenté de 1,6% pour le cinquième mois d'affilée, quoique moins que prévu. On recensait fin juin au Japon 2,88 millions de chômeurs, soit 8,3 % de moins qu'un an plus tôt, pour une population active en repli de 0,5 % sur un an à 65,91 millions d'individus, a précisé le ministère dans un communiqué. Comparez avec la situation française. Au fait, vous savez sans doute que le revenu par tête de ces pauvres Japonais dépasse celui des Français, si critiques pour les autres.
Tout ne va donc pas mal dans le monde, pas au Japon en tout cas, et les causes de la crise qui affecte l’Europe ne se trouvent pas dans la fatalité, mais dans la politique qui y est pratiquée.
On peut donc l’améliorer cette politique, en donnant par exemple la priorité à la recherche. Ce serait une bonne idée pour améliorer notre compétitivité et une source d’espoir, au moment où l’on s’apprête à nous assommer sous des chiffres toujours plus négatifs.