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Le blog d'André Boyer

Pouvoir et politique

31 Octobre 2011 Publié dans #PHILOSOPHIE

La question que nous abordons aujourd’hui, en nous fondant sur le texte de Max Weber, Le Savant et le Politique, est celui du sens de l’activité politique, dans sa généralité.

1223184619067Ce que nous appelons « politique », ce sont les activités liées à la direction d’un État : il s’agit de l'ensemble des efforts en vue de participer au pouvoir dans le cadre d’un État et entre les États. On peut dès lors postuler que tout homme qui fait de la politique aspire au pouvoir, soit parce qu'il le considère comme un moyen au service d'autres fins, soit qu'il le désire « pour lui-même » en vue de jouir du sentiment de supériorité qu'il lui confère.

Sachant que, depuis toujours, les groupements politiques les plus divers considère tous que la violence est un outil naturel du pouvoir, un État est une organisation politique dont la spécificité est de revendiquer pour lui le monopole de la violence vis-à-vis d’une communauté humaine située dans les limites d'un territoire déterminé.

En effet, le propre de l’État est de se considérer comme l'unique source du « droit » à la violence, en ce sens qu'il n'accorde à personne d’autre le droit de faire appel à la violence sur le territoire qu’il contrôle. L’État revendique d’exercer des rapports légitimes de domination des hommes sur les hommes. Cela signifie qu’il s’attend à ce que les hommes qu’il domine se soumettent à l'autorité revendiquée par les dominateurs  qu’il a mandatés. Les fondements de cette légitimité, selon la classification désormais classique introduite par Max Weber lui-même, sont de trois types. Il s’agit en premier lieu de l'autorité coutumière sanctifiée par l'habitude et enracinée dans l’homme. Elle se manifeste par des pouvoirs traditionnels tels que ceux des seigneurs terriens sur « leurs » serfs.

En second lieu, l'autorité peut être fondée sur le charisme d'un individu; elle se caractérise alors par la confiance que les sujets lui accordent du fait des qualités qu’ils lui prêtent et en conséquence par le dévouement personnel qu’ils lui manifestent. Il s’agit ici du pouvoir « charismatique » d’un prophète, d’un chef de guerre élu, d’un souverain plébiscité, d’un démagogue ou d’un chef de parti politique. Pour que le sujet puisse s'abandonner au charisme du chef, il faut que ce dernier soit reconnu comme étant naturellement « destiné » au rôle de conducteur d'hommes, si bien qu’il n’est obéi ni en vertu d'une coutume ni d'une loi, mais parce que l’on a foi en lui. L'histoire nous montre que l'on rencontre des chefs charismatiques dans tous les domaines et à toutes les époques historiques, qu’ils soient prophètes, magiciens ou chefs de bande. Ce genre d'homme politique a «vocation » au pouvoir. Il a toujours su depuis la plus tendre enfance qu’il serait le chef. Il en a rêvé, il s’y est préparé et mille anecdotes témoignent de ses qualités « naturelles » de chef.

Il y a enfin l'autorité qui s'impose du fait de la « légalité » de celui qui la revendique, en vertu de la croyance en la validité d'un statut légal, d’une constitution approuvée, votée ou octroyée. C'est le pouvoir qu’exerce le «serviteur de l'État » moderne.

La motivation première qui porte l’individu à obéir est celle de « la carotte ou du bâton », c’est la peur de subir la vindicte des détenteurs du pouvoir, la peur du gendarme ou les foudres de la justice ou du fisc, ou au contraire celle de l’espoir d’une récompense, telle qu’un droit accordé ou un diplôme délivré. Il s’agit donc pour l’État de disposer d’une panoplie de carottes à distribuer et de bâtons à agiter. Aussi le facteur décisif, en matière de pouvoir, réside t-il dans les moyens dont les hommes politiques disposent pour affirmer leur autorité.

Cet aspect du pouvoir concerne toutes les formes de domination politique, qu'elles soient traditionaliste, légaliste ou charismatique. Il leur faut toujours une structure administrative pour déterminer l'activité de leurs sujets et d'autre part disposer des moyens nécessaires pour se faire obéir.

(Adapté de Max Weber, « le Savant et le Politique »)

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B
<br /> <br /> je reprends l'analyse de Max Weber, sans y ajouter grand chose. C'est donc une vue partielle. Mais pour répondre à ta remarque, le fait que les rapports de force soient intériorisés rend plus<br /> facile l'action du pouvoir, mais ne change pas la nature des rapports de force. Il s'agit ici de comprendre que le pouvoir n'est pas naturel, il s'appuie sur la force.<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> On peut aussi distinguer pouvoir "diffus", "personnalisé", "institutionnalisé". Le premier est intéressant parce qu'il ne suppose aucun organe proprement "politique". La pression du groupe, le<br /> contrôle social, suffisent pour faire rentrer chacun dans le rang. Le violence est intériorisée, la question du pouvoir et de sa légitimité ne se pose pas.<br /> <br /> <br /> <br />
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