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Le blog d'André Boyer

Sous la pression de la dette, le roi ouvre la boite de Pandore

23 Juillet 2011 Publié dans #HISTOIRE

Le 7 juillet dernier, dans un article intitulé « La Révolution, mère du pouvoir centralisé et des coups d’États », j’introduisais une réflexion sur le rôle de la Révolution dans la manière de gouverner la France aujourd’hui. Penchons nous donc sur l’histoire de cette révolution, en se souvenant qu’elle a été instrumentalisée par tous les pouvoirs depuis le début. Son histoire est donc toujours écrite et réecrite en fonction des besoins du pouvoir du moment.

Mirabeau.jpegDans les années 1780, la France n’est pas une puissance en péril. Elle rassemble la première population d’Europe avec vingt-huit millions et demi d’habitants. Elle en est aussi la première puissance économique et commerciale. Elle possède le quart des terres arables européennes ; la peste, la guerre et la famine ont cessé d’exercer leurs effets. On y observe des progrès dans tous les domaines matériels : les hôpitaux se multiplient, les rues sont pavées, les marécages sont drainés. Trente mille kilomètres de routes, empierrées et ombragées par des files d’arbres, couvrent le pays. Le réseau de canaux de navigation est le plus moderne d’Europe. L’agriculture a accru sa production de quarante pour cent en moins d’un siècle et, la production industrielle croît d’un pour cent et demi par an : malgré les difficultés conjoncturelles de 1788, la prospérité de la France est remarquable à la veille de la Révolution.

Ce qui provoque cette révolution, ce n’est donc pas la pauvreté de la France mais l’action de l’État. Depuis Philippe Le Bel, les rois ont créé progressivement une administration centralisée de plus en plus prégnante sur toutes les activités du pays. Dans son ouvrage célèbre, l’Ancien Régime et la Révolution, Alexis de Tocqueville souligne que « la centralisation administrative est une institution de l’Ancien Régime » et que « la révolution administrative avait précédé la révolution politique ». C’est pourquoi la logique du royaume de France le conduit  à unifier ses administrés, ce qui implique de supprimer les privilèges de l’aristocratie. Or la royauté est profondément liée au clergé et à la noblesse, qui fondent sa légitimité. C’est cette dernière qui permet à Louis XV de déclarer en 1766 devant le Parlement de Paris : « Comme s’il était permis d’ignorer que c’est en ma personne seule que réside la puissance souveraine…Que mon peuple n’est qu’un avec moi et que les droits et les intérêts de la nation, dont on ose faire un corps séparé du monarque, sont nécessairement unis avec les miens et ne reposent qu’en mes mains ».

Comment supprimer les privilèges sans détruire la noblesse ? C’est ce nœud gordien que Louis XVI et ses ministres n’arrivent pas à desserrer, et que la Révolution tranchera en mettant hors-jeu la noblesse et le clergé, ce qui aboutira bien au renforcement de l’État dont avaient rêvé les Rois et leurs agents.

Tout a vraiment commencé lorsque, sous la pression des dettes, le Contrôleur Général des Finances, Charles Alexandre de Calonne, reprit les idées de Turgot et Necker. Il proposa à une assemblée de notables, réunie le 22 février 1787, la mise en place d’assemblées provinciales et municipales composées de propriétaires qui seraient associés à la répartition des impôts. Pour faire bonne mesure, il y ajoutait la suppression des douanes intérieures, un impôt foncier sans privilèges, l’abolition de la corvée et la subvention territoriale qui remplacerait les vingtièmes, l’adoucissement de la taille et de la gabelle. Naturellement, il se heurta à une violente opposition, qui ne laissa plus d’autre choix à Louis XVI que de convoquer les États Généraux pour éviter la banqueroute.

C’est ainsi que, le 4 mai 1789 à Versailles, le roi ouvrit la boîte de Pandore en même temps que les États Généraux. Ces derniers étaient précédés et appuyés par la masse des cahiers de doléance rédigés dans les moindres baillages.

Dés l’ouverture de ces États Généraux, l’épreuve de force s’engagea entre le Roi et la majeure partie des représentants du Tiers État : alors que le roi ne pensait qu’à obtenir la permission de lever des impôts supplémentaires, le Tiers État cherchait pour sa part à transformer les États Généraux en Assemblée Nationale constituante.

Il s’agissait donc de trancher qui, du pouvoir du roi ou celui de l’assemblée, primerait sur l’autre. 


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