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Le blog d'André Boyer

Un chemin de Vie (suite)

7 Avril 2012 Publié dans #PHILOSOPHIE

Et mon ami Driss Alaoui M’Daghri  de poursuivre (voir mon blog du 31 mars dernier ) :

driss.jpgLa surprise, oui ! Il est fondamental de garder une certaine naïveté face au monde, naïveté qui favorise la surprise. Il n’y a rien de pire que d’être blasé...

Cette attitude favorise le regard attentif et la réflexion approfondie. Elle permet de ne pas se laisser obnubiler par les apparences et de voir le réel sous différentes perspectives.

Cet étonnement a favorisé la recherche de l’information  et donc de la lecture, qui a profondément conditionné mes rapports avec mon entourage familial et mon implication, plus tard, dans des activités de documentation et de communication. En fondant avec quelques amis l’Association Marocaine d’Intelligence Economique dans les années 2000, j’étais dans la continuité de cette démarche.

Face à n’importe quelle personne, n’importe quel paysage, il faut avoir à l’esprit que c’est un monde tout entier qui s’ouvre à nous et qu’un grain de poussière contient tout l’univers.

Puis il y a le point, sans oublier le contrepoint :  

Le point semble indiquer la fin de quelque chose. Il est en effet important de savoir en finir avec certaines choses, tourner la page et regarder ailleurs. Et c’est pour cela qu’il est nécessaire chaque fois d’invoquer le contrepoint qui permet un éclairage autre, qui permet de trouver des solutions inattendues et d’explorer des territoires en friche. 

C’est aussi un certain esprit de contradiction qui conduit à regarder à tribord quand tout le monde regarde à bâbord.

 J’ai nombre d’exemples concrets puisés dans mon vécu professionnel et personnel. Pour n’en citer qu’un, je prendrai celui du gazoduc Maghreb Europe, mais je pourrai prendre celui de la crise de l’électricité ou de la deuxième chaine de télévision marocaine. Peu de gens, même parmi les responsables de premier plan, croyaient à la faisabilité du gazoduc Maghreb Europe, parce qu’il impliquait trois pays entre lesquels les relations étaient plus ou moins tumultueuses, l’Algérie, l’Espagne et le Maroc. Comme Dominique Strauss Kahn  est déjà en mauvaise posture, je ne vais pas l’accabler en faisant état d’une lettre qu’il m’avait envoyée dans laquelle il exprimait sous forme de circonlocutions diplomatiques son scepticisme, mais aujourd’hui, ce projet d’un milliard de dollars tourne à plein régime à la satisfaction des pays partenaires et montre la voie d’une coopération euro-méditerranéenne réussie dans un domaine d’importance.

Après le point, la parenthèse :

Dans la vie professionnelle comme dans la vie personnelle, nous faisons des choses qui nous dévient de la route  empruntée et qui nous amènent sur des chemins de traverse. Ce sont autant d’occasions de progresser dans la connaissance de soi et des autres, ainsi que dans l’accomplissement de notre destin. Ces parenthèses peuvent être heureuses ou malheureuses, mais sans elles, la vie ne serait qu’un long fleuve tranquille, sans aspérité, sans relief et sans saveur.

Un drame familial m’a ainsi obligé à scruter au plus profond de moi-même ce qui faisait sens et à revoir la façon dont je conduisais ma vie. Sans pouvoir en dire plus, j’ai fait en sorte que cette parenthèse, longue au demeurant, ne m’empêche pas de continuer mon chemin de vie, avec  moins d’arrogance et plus de recul. Bien des années plus tard, une amie disparue trop tôt, Mary Weed, vivra quelque chose du même ordre qui lui fera écrire un petit livre « Work life Harmony », qui fonctionne comme le ying et le yang des chinois. Elle écrira aussi  sur son lit d’hôpital une belle pièce de théâtre « Les amazones du crabe » qui parle du cancer tout en étant un hymne à la vie, que j’ai eu la joie de jouer avec quelques amis de différentes cultures à Casablanca,  à Genève, à Cergy et dans d’autres lieux.

Regardons maintenant les « références » : j’ai mis des guillemets pour ces références qui sont des  citations, des emprunts et des leçons que nous apprenons des autres. Quand on me dit par exemple encore « Monsieur le ministre ’, si parfois cela flatte mon égo, la plupart du temps, cela me fait rire intérieurement parce qu’on ne tient jamais autant à cette appellation que quand on a cessé de l’être. C’est pourquoi la sagesse consiste à mettre cela entre guillemets.

J’ai appris une chose en effet, de mon long séjour - 10 ans en compagnie des princes qui nous gouvernent -, qui est de veiller à sculpter sa vie en veillant à être quelqu’un avant, quelqu’un pendant et quelqu’un après, c’est-à-dire à être quelqu’un qui a une vie juste. Je l’ai appris en observant la vie, le comportement de mes semblables et, pour cette tranche de mon vécu, maints hommes d’état qui ont su réaliser de belles choses, voire une œuvre grandiose, tout en gardant la tête froide.

Puisque les guillemets annoncent des citations, gardons celle-ci de Montesquieu : « Le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument », et cette autre de Baltasar Gracian : « A quoi sert le savoir, s’il ne se met pas en pratique ? Savoir vivre est aujourd’hui le vrai savoir ».

Il est donc temps de retourner aux étoiles :

Je me réfère à la création, à l’esprit d’entreprise, à la poésie, à l’art…

Nous venons probablement des étoiles. Nous sommes les enfants des étoiles et nous retournerons aux étoiles. C’est peut-être pour cela que nous rêvons, que nous créons. En tout cas, chacune de nos créations participe à la création de la vie.

Dans mon évolution, cela a toujours été présent. Cela ne l’a jamais été autant que ces dernières années. Par exemple, la croisière Maghreb Europe pour la création de l’entreprise a consisté à embarquer 500 jeunes maghrébins et méditerranéens en les encadrant pour la création de leur propre entreprise. Plus tard, la création de l’ensemble poético-musical Damana, fondé sur le dialogue créatif des cultures, à partir du « Livre des Secrets Perdus » qui traite du chemin de la liberté et qui nous a amené à faire des représentations à Dakar, à Washington, à Casablanca, à Rabat et à Milan.

Pour clore ces propos en poésie, voici l’un des poèmes que l’on retrouve dans le spectacle de Damana, sous le nom de Caravane :

 

Regarde, au loin, regarde,

Les riches caravanes gorgées d’épices et de trésors,

Les amples abayas blanches

Et les chamelles d’une délicate nonchalance.

Le geste hiératique et souverain d’un prince des dunes

Marque l’arrêt

Tandis que s’assombrit le ciel

Et que se déploie, étincelante,

La sarabande des étoiles qui s’allument tour à tour

Jusqu’à couvrir le désert

D’un manteau immaculé de lumière.

Le pas rapide des femmes qui se déhanchent se fait mol.

Je rêve et je m’en vais;

Là-bas je m’en vais;

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Les riches caravanes gorgées d’épices et de trésors;

Les amples abayas blanches

Et les chamelles d’une délicate nonchalance.

D'une délicate nonchalance...

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