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Le blog d'André Boyer

What can we do about France?

10 Avril 2012 Publié dans #ACTUALITÉ

 

Tandis que je crains de lire, dans dix ans, dans vingt ans, un article à la une du China Daily, intitulé « What can we do about France ? what can we do about Europe ? », il semble bien que les enjeux de la prochaine élection présidentielle se résument, pour nombre de Français, à décider de la tête qu’ils verront le soir de l’élection et les cinq années suivantes. Et rien de plus.

 

EMEUTECela signifie qu’ils ont compris que leur avenir n’était nullement remis en question tous les cinq ans, en d’autres termes que leur vote n’avait aucune influence sur leur destin collectif. Puis, lorsqu’ils auront voté et que le gouvernement, une fois installé, commencera à prendre des décisions forcément désagréables, ils protesteront et ils se résigneront.

Il y a des  raisons à un tel comportement de citoyens qui ne sont pas plus irresponsables que d’autres, mais qui voient bien que la démocratie française n’est pas celle d’Abraham Lincoln, celle qui devrait être « d’un gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ». En France, la démocratie se réduit à choisir la tête du prochain Président. Il suffit de se rappeler avec quelle désinvolture a été traitée par les « élites » l’opinion de la majorité des citoyens exprimée par le referendum sur la constitution européenne. Du coup, la difficulté à mobiliser malgré tout les énergies de personnes et de groupes que l’on dédaigne de consulter devient un problème majeur pour permettre au pays de répondre aux défis auxquels il doit faire face.

Pourtant les enjeux demeurent, en dehors de cette fameuse tête à sélectionner. Dans l’immédiat, ils sont d’ordre économique et n’offrent guère d’autres alternatives que la rigueur, sous forme d’accroissement des impôts et de baisses des dépenses. C’est ce constat qui inspire l’étonnement rituel de The Economist, étonnement qu’il a exprimé dans un article retentissant intitulé « A country in denial » le 31 mars dernier, un article qui lui permet de faire, comme d’habitude, la leçon aux Français. 

Dans cet article, le journal britannique observe que dans la zone euro, les Italiens, les Espagnols et bien sûr les Grecs sont conscients des problèmes économiques auxquels doit faire face leur pays. À contrario, le journal se dit frappé par le quasi-silence de la campagne électorale française sur « l’impasse économique désastreuse du pays » et par le constat que personne ne présente de programme « sérieux » pour « réduire le taux d’imposition pathétique de la France ». Pathétique !

Il nous rappelle que la France n’a pas équilibré son budget depuis 1974, si bien que sa dette publique s’élève à 90% du PIB, que la dépense publique atteint 56% du PIB, engloutit une plus grosse part de la production que dans n’importe quel autre pays de la zone euro, que le taux de chômage atteint des niveaux records et que les exportations stagnent. Nous savons tout cela par coeur.

Le journal constate aussi qu’avec la crise financière la France ne peut plus vivre à crédit, et nous menace de la fuite des  investisseurs devant le marché obligataire français si le prochain Président de la République ne poursuit pas assidûment un programme de réformes raisonnables…

On peut rassurer The Economist : la France poursuivra une politique de réductions des dépenses et d’accroissement des impôts, parce qu’elle n’a pas d’autre choix à court terme. Nul besoin de lire l’article condescendant de The Economist, tous les électeurs français le savent.

Mais si cette politique, aussi imbécile qu’obligatoire, dit beaucoup sur le laxisme passé, elle n’est pas en mesure de répondre aux défis du long terme, sauf au titre de condition préalable : s’il arrivait en effet  que les Français refusassent cette contrainte de court terme, à fortiori seraient-ils dans l’incapacité de se mobiliser pour résoudre leurs problèmes de fond, qui engagent le long terme…

 

En effet, le problème de fond ne se situe pas dans la simple acceptation d’ajustements budgétaires, mais dans la mobilisation du pays  pour s’adapter au monde tel qu’il sera dans une ou deux générations.

À SUIVRE...

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