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Le blog d'André Boyer

Le temps de Danton, des Comités et des agneaux bêlants

31 Janvier 2013 Publié dans #HISTOIRE

Dans mon blog du 6 janvier dernier, je relatais le procès et l’exécution du Roi, dans le silence hivernal qui entoure la fin d’un régime politique, mais aussi d’un équilibre social et d’une tradition culturelle millénaires. Une nouvelle ère commence, qui ne veut nullement faire le lien avec le passé, mais le rompre violemment. Tout le drame est là.

 

dantonPar chance pour les Terroristes de la Convention, qui démontrent de ce fait qu’ils possèdent une base politique solide, la fin de la royauté coïncide avec les victoires militaires de la toute nouvelle République. Depuis Valmy, victoire ambiguë acquise par les troupes de Dumouriez le 20 septembre 1792, le jour même de la dernière séance de l’Assemblée Législative du Royaume, les troupes françaises ont avancé pour occuper la Belgique. La Convention veut l’annexer afin d’étendre la France à ses « frontières naturelles », les Alpes, les Pyrénées et le Rhin, en somme réaliser mieux que les Rois de France ce dont ces derniers ont toujours rêvé.

Et la Convention n’a pas peur : alors qu’elle est déjà en guerre avec la Prusse et l’Autriche, elle décide, pour faire bonne mesure, de déclarer en sus la guerre à l’Angleterre et à la Hollande, et même à l’Espagne. Pour faire face aux deux cent quatre-vingt mille hommes de la coalition qu’elle a décidée d’affronter, la Convention ordonne la levée de trois cent mille hommes supplémentaires, ce qui portera les effectifs de l’armée française à quatre cents soixante-dix mille hommes pour atteindre un million d’hommes fin 1793, en supériorité numérique sur les Alliés. Cette décision ne passe pas. Les campagnes se révoltent contre la conscription, notamment la Vendée. Dumouriez, le vainqueur de Valmy, passe aux Autrichiens avec son état-major et le Duc de Chartres qui deviendra Louis-Philippe, le roi des Français de 1830 à 1848. Le Duc de Chartres est le fils de Philippe Égalité, ci-devant Duc d’Orléans qui était à la veille de la Révolution l’un des princes les plus riches de France et le grand maître de la franc-maçonnerie. C’est Le Duc d’Orléans qui a probablement inspiré l’émeute du 14 juillet 1789. Élu député de la Convention, il a voté la mort de son cousin Louis XVI, mais il sera lui-même arrêté en tant que membre de la famille des Bourbons et exécuté le 6 novembre 1793.

 

Le régime de la Convention se transforme en dictature pour s’exonérer de toutes les faiblesses et compromissions d’un régime d’assemblée. Le 6 avril 1793 est créé un Comité de Salut Public excluant les Girondins et dont Danton est le maître.  Le Comité est destiné à surveiller le Conseil exécutif et l’administration. Il se révèle, dans ses principes et dans ses actes, comme l’illustration parfaite de l’abus de pouvoir. Doté de fonds secrets, occupant des centaines d’employés, il dirige la diplomatie, les opérations militaires et la politique économique pour finalement prendre en main la police et l’administration. Le Comité de Salut Public pousse  la centralisation à l’extrême : dans chaque Département, deux membres de la Convention, véritables proconsuls limogeables à tout moment, sont chargés d’étouffer les complots et d’épurer les administrations.

Le Comité de Salut Public est complété par un Comité de Sûreté Générale, déjà créé le 25 novembre 1791 sous le nom de Comité de Surveillance. Après le 10 août 1792, il prend le nom de Comité de Sûreté Générale avant d’être réorganisé sous la Convention qui le charge de rechercher les suspects, de rédiger les ordres d'arrestation, effectués par des policiers de la Commune insurrectionnelle de Paris et de les envoyer devant le Tribunal révolutionnaire. La plupart de ses membres entrent rapidement en conflit avec le Comité de Salut Public et en particulier avec Robespierre, ce qui explique en bonne partie la chute politique de ce dernier. Le Comité de Sûreté Générale fut finalement supprimé en octobre 1795.

Le Comité de Salut Public est également complété par un indispensable Tribunal Révolutionnaire chargé de juger les attentats contre la liberté, l'égalité, l'unité, l'indivisibilité de la République, la sûreté intérieure et extérieure. Une tâche immense, des suspects aussi nombreux que les citoyens de la République Française. Les jugements du Tribunal Révolutionnaire sont sans appel et exécutoires dans les 24 heures. Ce tribunal est composé de 5 juges, d'un accusateur public et d'un jury de 12 personnes. Il s’élargira plus tard à des  tribunaux dotés de 16 juges et 60 jurés.

 

Voilà le tableau de la situation politique. Les Montagnards et la Commune de Paris sont les maîtres. Avec le Comité de Salut Public, le Comité de Sûreté Générale et le Tribunal Révolutionnaire, ils se sont donné les organes qui leur permettent d’arrêter, de condamner puis d’exécuter n’importe qui et en tout cas de terroriser tout le monde.

Je ne sais si vous avez jamais rêvé d'avoir vécu les temps de la Révolution, mais imaginez vous un instant immergé dans un tel Régime : vous trembleriez de peur qu’un voisin jaloux ne trouve le moyen de vous envoyer à la Guillotine pour se débarrasser de vous!

Dans ce régime qui fut le nôtre, ils parlent de liberté et arrêtent qui ils veulent.

Dans ce régime, ils parlent d’égalité et ils sont les maîtres qui terrorisent le peuple en son entier, troupeau condamné à obéir ou à mourir.

Dans ce régime, ils ne rêvent que d’unité, ce qui veut dire tout contrôler : des comptables de votre corps et de vos âmes.  

Aucune structure politique aussi radicale que celle de la Terreur n’existera jamais dans le monde jusqu’aux bolcheviks de Lénine, Trotski et Staline.

 

Est-ce la République dont rêvent nos républicains au pouvoir ? Bien sûr ils en rêvent, quoiqu’ils ne l’avoueront jamais, la main sur leur cœur si farouchement démocratique. Je ne vous conseille tout de même pas de les croire, comme l’histoire vous le montre à chaque pas…

 

 

 

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Le Japon défie le monde de la finance

24 Janvier 2013 Publié dans #ACTUALITÉ

Le vendredi 11 janvier dernier, je terminais mon article sur « Les « solutions » de la BCE en 2013 » par la phrase suivante: "Pendant ce temps, un géant endormi se décide à bouger, et il est en train de le faire de manière spectaculaire, le Japon…" Regardez donc cet homme, Shinzo Abe: il initie une révolution mondiale contre la domination des banques centrales! 

 

ShinzoAbe.jpgMardi 22 janvier 2013, la Banque du  Japon (BdJ) a annoncé des rachats d'actifs illimités à partir de 2014 et doublé son objectif d'inflation. Ces mesures sont destinées à permettre à l'économie de l'archipel de sortir durablement de la stagnation. Elles répondent surtout aux pressions du nouveau gouvernement conservateur de Shinzo Abe, arrivé à la tête du pays le 26 décembre dernier à la suite de l'écrasante victoire de son Parti Libéral Démocrate (PLD) aux élections législatives, qui a fait du redressement économique du Japon la priorité de son mandat

Depuis des années en effet, plus qu’aucun autre pays, la troisième économie du monde vit à crédit. Dans les dernières décennies, elle a accumulé 14600 milliards de $ de dettes. Il en est résulté un taux de croissance extrêmement faible et un État japonais qui parvient à peine à couvrir la moitié de ses dépenses. Cette tragédie se jouait jusqu’ici dans une discrétion relative car le Japon est toujours parvenu à rembourser les dettes antérieures et emprunte auprès de ses propres épargnants, au taux d’intérêt le plus bas du monde, 0,75%.

La discrétion, la valeur élevée du Yen et sans doute la déflation, tout cela est fini.

C’est donc clairement le Premier Ministre qui prend la main sur la Banque Centrale et cela est un coup de tonnerre dans le ciel bleu de la finance mondiale, fondé sur la domination des banques centrales  agissant à l’unisson.

Shinzo Abe réclamait depuis des semaines à la BdJ, avant même d'être élu chef du gouvernement, plus d'audace afin de contrecarrer la déflation et mettre un terme durable à l'ascension historique du yen. La Banque a donc obéi, tout en restant officiellement indépendante. Le Premier Ministre souhaite d’ailleurs installer  à sa tête une personnalité plus proche de ses objectifs économiques afin de coordonner la politique économique du pays, le mandat du gouverneur actuel, Massaki Shirakawa, s'achevant en avril 2013.

Shinzo Abe a également présenté un plan de relance de 120 milliards de $, ce qui entraîne, horreur, un accroissement supplémentaire du déficit de l’État. Ce plan vise à couvrir de nouvelles dépenses destinées à accélérer la reconstruction du nord-est dévasté par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011, à aider les entreprises à lutter contre la cherté du yen et à doper la consommation des ménages, le tout visant à mettre fin à la déflation, qui a encore fait baisser les prix en 2012 au Japon. 

Le gouvernement a donc choisi de sortir de la récession par la relance, avant de consolider sa dette, plutôt que l’inverse.

Il lui faut lutter contre son déficit commercial qui, avec 80 milliards de $, a pratiquement triplé en 2012 par rapport à celui de 2011, ce dernier étant pourtant alourdi par le tsunami et l'accident nucléaire du 11 mars. Le gouvernement japonais se donne comme priorité non seulement la relance de la consommation des ménages mais également la baisse du yen. On se demande même si le seul véritable objectif immédiat du gouvernement japonais n'est pas la baisse du yen, ce qu'il ne peut pas avouer à ses partenaires commerciaux. 

Déjà, la monnaie japonaise a reculé de 12 % en trois mois vis-à-vis du dollar. Les Américains ont été les premiers à s'en plaindre, suivi par les Coréens et par les Chinois, qui ne se gênent pourtant pas pour maintenir leur yuan à un niveau artificiellement bas.

Shinzo Abe met donc la question monétaire au centre du débat, ce qui inquiète les banquiers du monde entier, car l’indépendance des banques centrales est l’une des pièces essentielles de la mondialisation financière. Cette indépendance suppose un fort recul des Etats sur ce bien public qu’est la monnaie, avec en particulier la fin de l’idée de Banque Centrale comme Banque de l’Etat.

Mais les politiciens commencent à comprendre qu’un mandat de stabilité des prix, comme celui qu'ils ont donné à la BCE en Europe, a pour effet de mettre le pouvoir budgétaire sous tutelle du pouvoir monétaire, alors que l’harmonisation entre la politique budgétaire et la politique monétaire est le point crucial de toute politique économique.

À laisser la BdJ encadrer sa politique économique par le pouvoir monétaire de la banque, le Japon a vu sa dette publique devenir ingérable du fait des règles de la mondialisation qui impliquent partout la lutte contre l’inflation, ce qui privilégie l’épargne rentière au détriment de l’investissement productif. Aussi, ce qu’on appelle « dette publique » apparaît comme la conséquence logique d’une coupure radicale entre les Etats et leur banque centrale, des Etats qui se trouvent contraints de  passer par l’endettement bancaire pour se financer, la crise de la dette n’étant que la résultante d’un choix politique imposé par les financiers aux gouvernements.   

 

Aujourd’hui, le Japon prend à contre-pied la domination des Banques Centrales sur le jeu financier mondial, parce qu'il y est contraint par l'énormité de sa dette, la faiblesse de sa croissance et la montée de son déficit commercial. Pendant ce temps en Europe, conduits par la BCE, nous entrons en déflation en appliquant une politique similaire à celle que pratique la BdJ depuis vingt ans.

 

Mais l'expérience japonaise peut nous être salutaire, si nos responsables savent en tirer les leçons, afin d’éviter que notre avenir ne soit que leur passé. 

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Les "solutions" de la BCE en 2013

11 Janvier 2013 Publié dans #ACTUALITÉ

Cette année, les conséquences des politiques ultra-expansionnistes des banques centrales, en Europe, aux Etats-Unis, au Japon, pourraient bien devenir un sujet majeur de préoccupation économique.

Euro.jpgEn 2013, grâce à l’action de la BCE, la zone euro tiendra toujours, mais elle ne connaîtra pas la croissance.

En 2012, la BCE a été forcée d’intervenir sous la pression des marchés, lorsque Mario Draghi s’est résolu à faire savoir que la BCE était disposée à acheter de manière systématique et illimitée la dette publique des Etats européens en difficulté. Elle est donc devenue crédible. Pour faire cette annonce, la BCE a outrepassé son mandat, contrainte qu’elle était par le blocage des courroies de transmission de sa politique monétaire.

Cela lui a permis de mutualiser les dettes publiques, mais sans que la BCE puisse pour autant rétablir le fonctionnement du crédit privé puisque, hormis les banques allemandes, les autres banques de la zone euro doivent toujours se financer auprès de la BCE. En effet, depuis l’été Les banques espagnoles et italiennes doivent se refinancer auprès de la BCE pour respectivement 340 et 270 milliards d’euros tandis que les banques françaises ont un besoin croissant de liquidités. Alors que ces dernières avaient prévu, début 2012, d’emprunter 50 milliards d’euros à la BCE, elles en sont aujourd’hui à presque 100 milliards pour l’année.

Quant à la Grèce, si elle n’a pas quitté la zone Euro, c’est uniquement parce que les créanciers publics ont annulé une partie de  sa dette et ont largement transféré le reste des créances privées vers le secteur public. Les chiffres sont les suivants : les créanciers privés ont abandonné 107 milliards d’euros, tandis que la BCE achetait 45 milliards de dettes et que l’UE et le FMI prêtaient  ensemble 130 milliards d’euros à Athènes. La Grèce bénéficie ainsi d’un moratoire sur les taux d’intérêt et sur les dates de remboursement, mais ses problèmes d’équilibre budgétaires ne sont toujours pas réglés, sans mentionner la faiblesse de son activité économique, le chômage, la contestation sociale, la déprime collective…

Il reste qu’un choix politique clair a enfin été effectué au niveau de l’UE, qui a consisté à transférer les dettes sur les comptes publics plutôt que de prendre le risque de commencer à détricoter non pas la zone euro, mais l’UE elle-même. Il existe désormais une volonté politique de maintenir la zone euro telle qu’elle est aujourd’hui. En sauvant la zone euro, on a transféré les tensions à l’intérieur des Etats membres. Que ce soit la Catalogne en Espagne, la Lombardie en Italie ou l’Ecosse en Grande-Bretagne, les tensions s’accroissent d’autant plus que les dirigeants politiques ont attendu deux années pour baisser les taux d’intérêt et pour se décider à agir en tant que prêteur de dernier recours, ce qui a fortement augmenté les coûts de la crise.

Du coup, les perspectives de croissance sont très mauvaises au sein de la zone euro. Cette dernière est confrontée à des problèmes de compétitivité importants. La compétitivité financière des Etats tout d’abord. La BCE a bien maîtrisé le niveau des intérêts que payaient certains Etats, mais il faut désormais s’attaquer à leurs budgets de fonctionnement.

La compétitivité des entreprises européennes ensuite :

- D’un côté, l’Europe accuse un retard de dix ans sur les Etats-Unis quant au coût de l’énergie. Si les entreprises européennes payaient le gaz au même prix que leurs concurrentes américaines, la zone euro économiserait chaque année 1% de son produit intérieur brut.


- D’un autre côté, la question du coût du travail risque de déstabiliser l’UE. Car, sachant qu’il est aujourd’hui beaucoup moins cher de produire en Espagne, en Pologne, en Roumanie qu’en Allemagne ou en France, sans même mentionner les pays plus petits comme la Bulgarie, les capitaux comme les emplois devraient se déplacer vers les zones de l’UE les plus compétitives, ce qui va devenir une question majeure pour l’intégration de la zone euro. Ces déséquilibres sont de nature à remettre en cause le modèle économique et social européen, que l’on essaie toujours de réparer alors qu’il arrive probablement et malheureusement à son terme.

Au total, l’Europe comme les Etats-Unis ont vécu à crédit pendant vingt ans et vivent aujourd’hui grâce à la liquidité fournie par les banques centrales, si bien que ces deux zones économiques restent toujours sous perfusion.

 

Pendant ce temps, un géant endormi se décide à bouger, et il est en train de le faire de manière spectaculaire, le Japon…

 

(Texte écrit d’après les réflexions de différents analystes économiques et financiers).

 

 

 

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Sed quia custodiet ipsos Custodes?

6 Janvier 2013 Publié dans #HISTOIRE

Le 30 décembre dernier, je publiai mon dernier blog de l’année 2012, «  Prélude au drame de la Convention », qui relatait comment la Convention mettait en place le régime de la Terreur en s’appuyant sur une faible minorité de la population.

 

louis16_execution.jpgCette faible minorité devrait nous inspirer réflexion, en nous montrant qu’il n’est nul besoin d’être majoritaire pour gouverner le pays : il suffit pour cela de s’emparer des manettes de l’État centralisé.

C’est encore le cas aujourd’hui et ceux qui croient qu’une révolte de la population peut contraindre un gouvernement à revenir sur ses décisions les plus iniques ou les plus stupides se trompent de pays. Nous n’habitons pas dans les pays scandinaves mais en France, ou le Pouvoir est tout puissant et le citoyen impuissant.  Regardez ce qui s’y est passé en 1793 :

Le procès de Louis XVI commence. Tandis qu’en province des manifestations ont lieu en faveur du roi, les Girondins ont peur à Paris d’être accusés d'antirépublicanisme s’ils ne votent pas sa condamnation, une condamnation que la Montagne souhaite afin de brûler les vaisseaux des Conventionnels. Cette situation politique entraînera logiquement la condamnation à mort de Louis XVI.

Le 15 janvier 1793, c’est unanimement, c’est dire combien la pression des tribunes était forte, que les députés déclarent Louis Capet coupable de conspiration contre la sûreté générale de l'État. Seulement trente-trois députés considèrent qu’ils n’ont pas à le juger, tout en n’osant pas le déclarer non coupable : les procès staliniens datent très exactement de la Convention.

Le 15 janvier, les Girondins résistent encore faiblement en demandant qu’il soit condamné par les assemblées primaires de toute la France. L’hostilité des tribunes, en d’autres termes non le peuple de France mais les délégués télécommandés par la Commune de Paris et la Montagne, fait rejeter cette proposition par 423 voix contre 283. 


Du 16 janvier au 17 janvier, les 721 députés présents défilent pour se prononcer à haute voix sur la sentence. Malgré la pression des tribunes, le vote de la Convention ne donne que 361 voix pour la mort sans condition, soit une seule voix de majorité, 26 voix pour la mort avec sursis, 43 voix pour la mort avec sursis sous conditions et 291 voix pour un châtiment autre que la mort.


Les Girondins demandent alors le sursis, mais la partie est déjà finie et ce sursis est refusé le 20 janvier 1793, par 380 voix contre 310 voix.

Louis XVI est exécuté par le moyen de la guillotine, le 21 janvier à 10 heures 10, place de la Concorde, alors appelée place de la Révolution.

La marquise de la Tour du Pin, qui logeait à Passy, hors les murs de Paris, conte avec simplicité dans ses remarquables mémoires (page 180) cette matinée particulière : « Le matin du 21 janvier, les portes de Paris furent fermées, avec ordre de ne pas répondre à ceux qui en demanderaient la raison à travers les grilles. Nous ne la devinâmes que trop, et appuyés  mon mari et moi, sur la fenêtre de notre maison qui regardait Paris, nous écoutions si le bruit de la mousqueterie ne nous apporterait pas l’espoir qu’un si grand crime ne se commettrait pas sans opposition. Frappés de stupeur, nous osions à peine nous adresser la parole l’un à l’autre [] Hélas le plus grand silence continua à régner dans la ville régicide. À 10 heures et demie, on ouvrit les portes, et tout reprit sont cours comme à l’ordinaire. Une grande nation venait de souiller ses annales d’un crime que les siècles lui reprocheront et pas une petite habitude n’était dérangée…»

 

Les plus grands crimes se commettent en silence, dans l’indifférence générale, mais leur écho résonne à l’infini dans le cours du temps.

 

NB: Sed quia custodiet ipsos Custodes ? = Mais qui gardera les gardiens ? (Juvénal, Satires, 101-127) 


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