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Le blog d'André Boyer

Notre religion cachée sous les oripeaux de la raison

30 Septembre 2009 Publié dans #PHILOSOPHIE

Dans un article intitulé « La pose de Bouddha »,  je rappelais l’importance des symboles dans la vie des êtres humains. Une telle importance que même le marketing, technique terre à terre s ‘il en est une, toute consacrée à la manipulation des personnes, s’en sert amplement ! Ce n’est pas seulement l’homme en tant qu’individu qui en a besoin pour vivre , mais toute communauté d’hommes qui ne peut se rassembler qu’autour d’un symbole. Pensez-y !

Cela nous ramène à la nature de la condition humaine. Si nous l’avons bien comprise, elle implique que l’être humain ait besoin de raisons de vivre qui le dépassent. Il faut reconnaître que personne, absolument personne, ne peut vivre dans le matérialisme le plus absolu, y compris, et peut-être même surtout, ceux qui le prétendent. Ce qui remet en cause toute vision totalement raisonnable de l’organisation de la société humaine.
Si nous prenons par exemple le principe du progrès comme objectif de la société humaine dans son ensemble, ce dernier n’est, si on y réfléchit, ni évident, ni rationnel, ni même  raisonnable. Que signifie t-il ? où nous mène t-il ? Vouloir convaincre les êtres humains que l'objectif qu'on leur  impose est « raisonnable» est une vieille tentation vouée à l’échec. Personne n’y croit et personne n’en veut au fond. La religion catholique a tenté en vain de trouver des raisons « raisonnables » à la foi chrétienne. C’est ainsi que dans son « Pari », Pascal appelait la raison au secours de la foi chrétienne en invitant à parier sur l’existence de Dieu parce que ce pari était forcément gagnant. On y reviendra.
Mais les adeptes de la « raison » sont coupables du même péché, lorsqu’ils refusent de reconnaître que le culte de la raison n’est ni plus ni moins qu’une religion comme les autres. Prétendre que ce culte a des fondements raisonnable n’est qu’une tautologie qui n’engage que celui qui y croit. J’insiste :  c’est une tromperie de vouloir faire croire que la raison s’impose comme religion grâce à un raisonnement logique. En dehors de toute argumentation logique, la raison ne peut pas fonder notre vie parce que, fondamentalement, nous avons besoin, chacun d’entre nous, de donner un sens à notre présence sur Terre. Et chacun, dès lors, de cheminer dans la vie, équipé de la transcendance qui lui convient….
Il est vrai que, lorsque nous nous observons nous-mêmes accrochés sur la croûte terrestre voguant au sein de l’Univers, il faut convenir qu’il y a de quoi se demander s'il est bien raisonnable de se poser  des questions sur le sens  de notre vie, individuelle et collective. Car nous savons des choses terribles, que nous préférons faire semblant d'ignorer. Nous savons que la grosse masse de gaz brûlants que nous appelons avec tant de ferveur « Soleil » se prépare un beau jour, si l’on peut dire, à carboniser nos descendants. Et en attendant ce jour final, le Soleil est à l’origine de l’énergie nécessaire à toutes les formes de vie terrestre, il détermine notre environnement immédiat, y compris l’enveloppe fluide d’air et d’eau qui nous isole du ténébreux espace, de ses radiations et de ses projectiles.
Alors que nous tournons avec la Terre autour du Soleil, collés au sol par l’attraction qui nous arrime à sa masse, comment nous rassurer, calés au creux de notre minuscule niche secouée au vent de l’éther ?
Vous avez en tout cas la réponse à la question de savoir si l’homme doit accorder une importance primordiale à la notion de raison….

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À propos de Vladimir

27 Septembre 2009 Publié dans #INTERLUDE

Il y a quelques jours, j’ai reçu le faire part de décès de Monsieur Vladimir Kostka, qui est mort à Prague le 17 septembre dernier à l’âge de 87 ans. Cela ne vous évoque rien et pour ma part, j’ai horreur des éloges posthumes et des chroniques nécrologiques que je ne regarde jamais. Alors pourquoi cet article?

C’est que Vladimir Kostka était, pour moi, un homme extraordinaire, que j’ai rencontré avant même d’en être conscient. Cela se passait au printemps 1968, avant les événements de mai. Les jeux olympiques d’hiver se déroulaient à Grenoble. J’y étais avec ma petite amie de l’époque qui allait devenir ma première femme, Elisabeth. Nous sommes allés assister à la finale olympique de hockey qui devait départager l’URSS et la Tchécoslovaquie. 1968 ! Dubcek, le printemps de Prague, il y avait dans cette confrontation plus que du hockey, la soif de liberté qui soufflait sur Prague avec vingt ans d’avance contre la camisole soviétique. Ce jour-là, la Tchécoslovaquie a perdu, trois à deux, mais ce n’était qu’un match et qu’une étape vers la victoire qui est venue en son temps. La Tchécoslovaquie s’est libérée, est devenue la Tchéquie, l’équipe de hockey sur glace de la Tchéquie est restée au sommet et elle a remporté les jeux olympiques trente ans plus tard.

L’entraîneur de l’équipe tchécoslovaque de hockey sur glace s’appelait Vladimir Kostka. Je ne savais pas que j’allais le rencontrer physiquement un peu plus de vingt années plus tard. Mon histoire avec lui, Prague et la Tchécoslovaquie commençait ce jour de février 1968.

Le deuxième épisode de l’histoire faillit devenir le dernier, pour moi. C’était fin 1976. Avec mon frère, un de ses amis et Julie, qui allait devenir ma seconde épouse (décidément), nous avions décidé de passer le jour de l’an à Budapest, après un petit détour par Prague. Mais une fois que nous y sommes arrivés à bord d’une Dyane 6 au chauffage symbolique, ma sinusite a dégénéré sous le coup du froid glacial qui régnait à Prague. Le médecin qui a cru bon de m’opérer a fait des bêtises puisqu’il a apparemment déclenché une méningite purulente. Cela s’est terminé par une trépanation qui m’a sauvé la vie mais m’a légèrement secoué, au point de manquer me tuer. Tout cela  s’est passé dans l’hôpital Saint Charles à Prague, dont les fenêtres donnent littéralement sur l’appartement où vivaient Monsieur et Madame Kostka, que je ne connaissais toujours pas. J’en suis donc sorti vivant, me jurant de mettre quelque distance avec cette sombre ville qui avait failli avoir ma peau et que j’ai quitté en janvier 1977 alors que la révolte des intellectuels, dans laquelle s’illustrait le dramaturge et futur président de la Tchéquie, Vaclav Havel, battait son plein.

Pourtant, je me suis décidé à y retourner en mai 1989, avant la chute du mur de Berlin. Ce fut le début du troisième et dernier épisode qui dure depuis vingt ans. La Tchécoslovaquie bouillonnait doucement, conduite par des communistes de plus en plus mous, mais pas inefficaces dans leur réhabilitation de la ville de Prague. J’étais missionné pour mettre en œuvre une coopération avec CKD, un consortium tchèque de construction mécanique qui fabriquait des tramways et la fameuse Tatra. Le consortium était dirigé par un francophile solide, décidé à résister aux avanies qu’inflige la France et les Français aux  amoureux de la culture française. Bref, nous avons signé un accord de coopération entre CKD et Alsthom, malgré la mauvaise volonté bornée de ces derniers. Puis j’ai reçu à l’ambassade de France une jeune et jolie assistante de gestion, Hana Machkova, qui sollicitait des conseils pour suivre une formation de gestion en France, dont elle venait d’obtenir une bourse. Hana était francophone. Elle pensait HEC, je l’ai dirigée vers l’IECS à Strasbourg, parce que les deux villes étaient proches et avaient une sorte de parenté. Je pensais aussi qu’il valait mieux aller se former à l’université où, somme toute, on rencontre des étudiants plus sérieux. Je ne savais pas que j’allais devenir deux ans plus tard directeur de l’IECS Strasbourg, que Hana et moi allions créer ensemble l’Institut Franco-Tchèque de Gestion (IFTG) et que le père d’Hana s’appelait Vladimir Kostka.

Revenons donc à ce dernier. Hana me l’a présenté quelques années plus tard, ainsi que sa femme, une grande enseignante, une grande sportive aussi puisque c’est elle qui avait organisé les dernières Spartakiades de Prague. Vladimir Kostka était alors un retraité heureux, qui avait entraîné de nombreuses équipes de hockey sur glace pour terminer par l’équipe de Turquie. Il était entouré de l’affection de sa femme et de ses deux enfants. Il contribuait beaucoup à l’éducation de ses petits-enfants, montrant une sérénité et un dévouement exemplaires. Modeste, souriant, peu loquace, c’est tout juste s’il révélait les innombrables médailles sportives qu’il avait gagnées. Je l’ai vu chez lui, dans son joli appartement proche du jardin botanique de Prague, je l’ai vu dans son chalet bucolique situé à une heure de Prague, j’ai partagé avec lui un match de hockey entre la Suède et la Tchéquie, dans le stade fétiche du Spartka de Prague et dans les loges VIP, le 28 août 1996 ; si je m’en souviens, c’est que j’ai gardé un tee shirt commémoratif qui  est l’un de mes préférés. Chaque année, j’allais à Prague pour donner un cours à l’IFTG et chaque année je déjeunais en compagnie d’Hana chez Monsieur et Madame Kostka où j’apportais des fleurs qui avaient la vertu, d’après Madame Jarmila Kostkova, de durer particulièrement longtemps.

Puis à partir de 2006, j’ai cessé de venir à Prague. L’organisation des cours était devenue plus complexe, j’étais sans doute un peu lassé de cette routine pourtant si attachante du voyage à Prague que j’avais inauguré vingt ans plus tôt. Mais en cette année 2009, Hana a particulièrement insisté pour que je vienne. Un de ses arguments les plus forts était que ses parents vieillissaient. J’ai donc accepté et j’y serai début novembre. Mais Monsieur Kostka n’a pas eu la force de m’attendre. C’est sur sa tombe que je me souviendrai du rôle considérable qu’il a joué dans ma vie, bien souvent sans le savoir, à des moments cruciaux.

Il reste que je suis fier de l’avoir connu, que c’est un homme que j’ai aimé et que sa famille est désormais ma famille, pour toujours. 

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La peur comme principe de gouvernement

21 Septembre 2009 Publié dans #HISTOIRE

Dans un article intitulé « la merveilleuse élection présidentielle de 2002, je rappelais le 13 septembre dernier comment le président sortant Jacques Chirac, qui n’avait pourtant recueilli que 20% des suffrages exprimés, était parvenu à éliminer son seul concurrent sérieux, Lionel Jospin.
Le deuxième tour des présidentielles de 2002 fut ensuite une opération exemplairement menée par l’oligarchie rassemblée. Il faut noter à l’actif de Lionel Jospin qu’en se retirant provisoirement du combat politique, il évita de se prêter à la manœuvre. Le slogan officiel était de barrer la route à Le Pen, même si d’évidence, il n’y avait aucune chance que ce dernier soit élu.
Le seul fait qu’il fut présent au second tour était présenté comme une injure infligée à la République. Le Pen n’en pouvait mais. D’abord ravi de figurer au second tour, il lui fallu rapidement accepter le rôle de bouc émissaire que l’on bombardait d’injures, dans le but de mobiliser les électeurs. La République fut proclamée en danger. Les professeurs jetèrent leurs élèves dans la rue. La montée de l’extrême droite, « honte et humiliation pour le pays » était présentée comme un péril majeur alors que le résultat du premier tour exprimait simplement la dispersion des voix à « gauche ». C’est ce qui permit d’organiser une mobilisation massive  des électeurs contre la supposée « montée » de l’extrême droite.
À titre d’illustration, voici quelques extraits du discours de l’entre-deux tours dont le caractère surréaliste et outrancier échappa sur le moment à la plupart des observateurs : l’éditorialiste Pierre Georges dans le journal « Le Monde » daté du mardi 23 avril 2003 écrivait dès le lundi matin, après une nuit d’insomnie, j’imagine : ce n’est pas un résultat, « Non, c’est autre chose. Quelque chose qui ne pouvait pas, ni ne devait arriver. Pas en France. Pas en 2002. » Il faisait semblant de poser l’alternative, comme s’il pensait que les lecteurs du Monde hésitaient entre voter pour Le Pen et pour Chirac. Il écrivait : « Jacques Chirac-Jean-Marie Le Pen ? Jacques Chirac évidemment. Sans l’ombre d’une hésitation, tant il ne s’agit plus d’ajouter au désastre le déshonneur national. » Pas une seconde, il n’évoquait la possibilité de s’abstenir, lui l’homme de gauche, pour se contenter de broder sur le thème de la honte. Mais l’essentiel était dit : « voter Chirac ». C’est sur ce mode que la presse fit tout ce qui était en son pouvoir pour effrayer le peuple des électeurs afin qu’il aille voter pour Chirac. Voici quelques titres de commentaires qui accompagnaient la double page qui est censée présenter le programme de Le Pen dans Le Figaro du 3 mai 2002 : 

 

« La fin du droit du sol. Pour le pire » par Patrick Weil.

« Absences de solutions praticables » par Xavier Raufer.

« Le risque d’une marginalisation » par Christian Lequesne.

« Isolement total du reste du monde » par Pascal Boniface.

« Une régression monstrueuse » par Christian Saint-Étienne.

« Pourquoi une telle peur de disparaître ? » par Henri Hude.
Il s’agissait de faire peur afin que les électeurs aillent voter. Partout on convia chacun à son « devoir » de voter pour Chirac, martelant qu’il n’était pas pensable qu’il puisse aller voter pour Le Pen ni même s’abstenir. La FNAC, oui la FNAC, sortit un trac tout en noir qui appelait clairement ses clients à aller voter pour Chirac, au nom de ses « valeurs » ! Chirac refusa tout débat avec Le Pen, car il n’était pas utile pour lui de faire semblant de jouer le jeu démocratique. Il suffisait que les gens votent. Alain Etchegoyen l’écrivit sans ambages dans Le Figaro du 25 avril 2003 :
« Je voterai Chirac sans vergogne. Il faut voter sans retenue, sans commentaire négatif, sans pince à linge sur le nez. Rien ne doit être fait ni être dit en sens contraire. Rien ne doit pousser à l’abstention en faisant savoir que tout est joué et que Le Pen n’a aucune chance de gagner… ».
Face à ce délire mis en scène par l’oligarchie au pouvoir, il fallait voyager jusqu’au Canada pour trouver des commentaires distanciés dans le journal de droite canadien National Post :
« Qu’est ce qui se cache exactement derrière le vaste psychodrame de peur et de haine qui répond à la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour des élections présidentielles ? Avant même que les résultats définitifs du premier tour fussent connus, des manifestations furent lancées pour défendre la démocratie contre le fascisme et elles semblent devoir continuer sans discontinuer jusqu’au second tour. Des parlementaires européens, principalement français, agitant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Non aux nazis » ont perturbé une conférence de presse organisée par Jean-Marie Le Pen dans l’enceinte du Parlement Européen, après avoir vainement tenté d’arracher aux journalistes rassemblés la promesse de ne pas assister à l’interview et de ne pas l’interroger. Presque tous les chefs de gouvernement européens l’ont maintenant dénoncé. [] Et deux responsables socialistes, Laurent Fabius et Dominique Strauss Kahn, ont déclaré fortement que « C’est un cataclysme aux proportions terrifiantes » Pas seulement un cataclysme ordinaire, notez bien, mais de proportions terrifiantes.
« Il reste que ces cris d’alarme hystériques s’adressent à une menace imaginaire. Le Pen n’a progressé modestement que de 2,5%. Sa qualification comme seul concurrent de Jacques Chirac est plus le reflet de l’échec du vote socialiste dispersé entre plusieurs candidats que l’irruption du fascisme. Il aura beaucoup de difficulté à atteindre le quart des votants au second tour.[]
« Le mythe de la renaissance du fascisme permet de légitimer quelque peu la banqueroute idéologique de l’Euro establishment.[] Une double élite droite gauche dans l’Union Européenne et dans quelques pays européens comme la France « cohabite » très confortablement sur les fondements d’une orthodoxie fondée sur des impôts élevés, un État providence, un fort interventionnisme étatique et le transfert des pouvoirs des États vers Bruxelles. Les politiques étatiques deviennent de plus en plus sourdes à l’opinion des électeurs. Et la démocratie a été réduite à un choix entre deux programmes quasi identiques d’Euro socialisme fiscalement conservateurs. []
« Il reste seulement un hic : Quis custodiet custodies ? Et ce problème ne disparaîtra pas avec la défaite de Le Pen. »
Le résultat fut à la hauteur des espérances quant à l’écart entre Chirac et Le Pen. «  Fort du soutien de l’ensemble des forces attachées aux valeurs de la République », Jacques Chirac était réélu le 5 mai 2002, avec 82,21% des suffrages exprimés contre 17,79% pour son adversaire. J. Chirac rassemblait vingt millions de voix de plus qu’au premier tour, soit cinq fois plus d’électeurs qu’au premier tour. Son adversaire ne recueillait que cinq millions cinq cent mille voix, mais tout de même sept cent mille de plus qu’au premier tour. Quant au nombre de suffrages exprimés, loin de se réduire comme une peau de chagrin aux seuls partisans des deux hommes, il s’était accru de près de dix pour cent. L’offensive de l’oligarchie avait payé. Les électeurs avaient eu peur de Big Brother qui ne les lâchait plus dés qu’ils ouvraient un poste de télé, une radio, un journal, dès qu’ils ouvraient leur boîte à lettres pour y trouver un trac ou dés qu’ils se rendaient dans la rue, dans un magasin ou dans un lieu de culte. Puis les élections législatives eurent lieu, sans aucun suspense naturellement. L’U.M.P. et ses alliés obtinrent 342 sièges, le PS 138, le PC 21. Le FN obtint 0 siége avec 11 % des voix. Chirac avait tous les pouvoirs, dont il n’a rien fait pendant cinq ans. L’oligarchie était contente, tout le monde était rentré dans le rang.
E finita la commedia. Restent les leçons à tirer de cette élection présidentielle aux allures de triste théâtre de boulevard. En apparence, Jacques Chirac avait gagné le match avec maestria. Jacques Chirac n’avait pas été gêné d’être élu avec 82% des voix, comme un vulgaire dictateur de république bananière. La gauche n’avait pas hésité à faire voter Chirac afin de cacher sous l’appel républicain le cuisant échec de la gauche dite de « gouvernement » et pour éviter qu’un fort taux d’abstention n’ébranle irrémédiablement le système politique derrière lequel elle abrite son fonds de commerce périmé. Il restait que Chirac n’avait vraiment que le soutien de moins de vingt pour cent des votants du premier tour.
Les hommes politiques, en acceptant de gouverner avec une aussi faible légitimité, se plaçaient en position de faiblesse lorsque la tempête viendra. À moins qu’ils n’accroissent encore leur pression sur la population, une population qui n’est plus gouvernée que par la peur, peur du fascisme, peur du terrorisme, peur de perdre son emploi et la Sécurité Sociale en prime, et pour couronner le tout, peur de la grippe !

 

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La pose de Bouddha

17 Septembre 2009 Publié dans #PHILOSOPHIE

Dans un article intitulé, sans ambiguïté, « L’HOMME SYMBOLIQUE » je mettais l’accent, le 11 septembre dernier, sur l’une des dimensions les plus importantes de l’être humain, celle de forger des symboles, qui sont autant de points de repère dans sa quête de donner un sens à la vie.

 

Regardons, par exemple, l’une des poses les plus célèbres de Bouddha, celle appelée « la pose sans peur » : on y observe que son bras est dressé, sa main levée, sa paume tournée vers l’extérieur. La signification universelle de ce geste est celui du pouvoir, de l’autorité ou de la bénédiction. Cette pose fait allusion à une scène mythique de la vie de Bouddha qui se promenait en compagnie quand, soudain, un éléphant sauvage l’a chargé à la grande frayeur du groupe qui l’accompagnait. Il s’est contenté de lever la main et, aussitôt, l’éléphant s’est arrêté net dans sa course pour se soumettre à la volonté de Bouddha. Ce geste est une représentation symbolique du courage et du triomphe serein sur le danger qui en résulte. Et, pour les bouddhistes, cet événement de la vie de Bouddha a des effets sur la vie personnelle de ceux qui y croient…

Un symbole n’existe que si quelqu’un y croit. Le plus important des symboles, à cet égard est celui de Dieu. Dieu est un symbole. Si j’osais, je serais tenté d’écrire que Dieu a utilisé l’idée de « dieu » pour s’introduire dans la vie des hommes. En effet, quelles que soient les significations que les hommes ont donné à ce terme, le symbole « Dieu » joue un rôle central dans la vie de la grande majorité de l’humanité. Il est par définition la source de toute transcendance, il donne la force de vivre, d’appliquer des règles morales.  Autour de Dieu, une aspiration commune émerge, une cohésion sociale se construit portée par la foi de chacun des membres de la communauté des croyants.

Prenons quelques exemples : la religion hindoue se caractérise par sa manière particulière d’aborder la vie et la mort.  Les métaphores du Bouddha développent chez ses disciples l’idée que la connaissance vaut plus que la richesse, mais que la sagesse a encore plus de valeur que la connaissance. L’islam insuffle l’obéissance aux règles dans le cœur de ses fidèles. Les symboles chrétiens appellent au don de soi, à la fraternité et à la communion.

Si l’homme a puisé dans les symboles la force de réagir et parfois de sur-réagir à un monde qu’il cherche à toute force à contrôler, il l’a parfois fait pour le pire. Les communautés humaines se sont rassemblées autour des symboles religieux, souvent les unes contre les autres. Les naïfs en ont déduit qu’il suffisait de supprimer les religions pour faire disparaître les conflits, faisant fi du besoin absolu de symboles que ressent l’être humain, en tout lieu et en tout temps.

D’ailleurs, les temps modernes n’ont pas aboli la force des symboles. Ils en ont sécrété de nouveaux, le progrès par exemple. En tant que symbole, il s’est mué en religion, avec ses croyants, ses hérétiques et ses exclus. Il a engendré l’état d’hostilité entre les pauvres et les riches, entre la religion du progrès et les religions traditionnelles.

L’histoire des religions est celle de symboles qui vieillissent et qui meurent, remplacés par des symboles plus efficaces. La mort d’un symbole est une catastrophe pour la communauté qui y croyait ; la vie devient sans signification, les hommes se sentent étrangers face à leur propre « moi » ; ils perdent leurs repères vis-à-vis du monde dans lequel ils croyaient vivre. Il leur faut rapidement trouver de nouveaux symboles qui fonderont l’unité ou disparaître.
 

C’est ainsi que, faute de trouver des symboles mieux adaptés au monde dans lequel elle vit, la France s’accroche à ses trois symboles républicains, liberté, fraternité, égalité, comme si elle était toujours le phare du monde. Les Français savent bien que ce n’est plus vrai, mais ils s’y accrochent faute de symboles de remplacement. Et ils ne sont pas les seuls à s’accrocher à des symboles dépassés.

 
PS: Au passage, ce texte est le quatre vingtième article de l'année, des articles lus par cinq personnes par jour en moyenne. Merci donc à mes fidèles lecteurs.

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La merveilleuse élection présidentielle de 2002

13 Septembre 2009 Publié dans #HISTOIRE

Dans un article intitulé « La farce des élections législatives de 1997 », je vous ai présenté le 4 septembre dernier, sans souci de l’actualité, comment notre classe politique manipule les élections. N’ayez crainte, ce sera encore le cas aux prochaines élections. Mais regardez déjà ce qui s’est fait dans le passé proche, afin de prévoir la suite :
 

Assuré par la manœuvre des élections législatives de 1997 d’être à la fois le chef de l’opposition et le candidat de la droite institutionnelle, Jacques Chirac aborde confiant les élections présidentielles de 2002. Il avait d’autant plus raison qu’une divine surprise l’attendait, encore qu’en politique, les divines surprises se préparent de longue main…

À la fin 2001, on dénombrait quatorze candidats à la Présidence de la République, tous politiciens professionnels, le système de parrainage permettant d’écarter les candidats de la société civile. Les électeurs avaient apparemment le choix, au moins au premier tour. Au second, on savait que ce choix se limiterait forcément à réélire soit le Président sortant, soit le Premier Ministre sortant. Exaltant. 

Comme toujours, le fait de conduire le gouvernement depuis cinq ans avait affaibli la séduction qu’exerçait le Premier ministre sur son électorat, ce qui le plaçait dans une position délicate, à la fois candidat et chef de gouvernement, ne pouvant ni rejeter son propre bilan ni se présenter comme celui qui ferait plus tard ce qu’il n’avait pas réalisé en cinq ans. Du côté de la droite, la situation personnelle de Jacques Chirac s’était raffermie. Conforté par la décision de la Cour de cassation qui lui accordait l’immunité pénale, jouant des difficultés du gouvernement le président de la République s’activait à organiser son camp.

Il faut convenir que la fatigue liée à l’exercice du pouvoir, le nombre important de membres du gouvernement battus aux élections municipales, les révélations sur le passé trotskiste de Lionel Jospin, la polémique sur les fonds spéciaux ternissaient l’image de moralité mise en avant dès 1997 par le chef du gouvernement. Il subissait la remontée du chômage, l’assombrissement des perspectives de croissance, la reprise des attentats en Corse, les chiffres élevés de la délinquance, le rejet par le Conseil constitutionnel de certaines dispositions permettant d’assurer le financement des 35 heures. Il s’y ajoutait la fronde des gendarmes, des policiers et d’autres catégories sociales, ainsi que l’accusation par la gauche comme par la droite de ne pas réformer suffisamment.

Les résultats du premier tour furent pour lui une divine surprise : elle le plaçait péniblement en tête du premier tour (19,88% des suffrages exprimés), mais lui donnait comme adversaire au second tour Jean-Marie Le Pen (16,86 %) qui devançait de justesse Lionel Jospin (16,18 %). La partie était gagnée, par KO technique du candidat du PS. Jacques Chirac, tout en réalisant le plus mauvais score jamais obtenu par un président sortant, était désormais assuré d’être réélu au second tour. Avant d’analyser la manœuvre qui conduisit à sa réélection apparemment triomphale à la Présidence de la République, regardons les résultats du premier tour, qui donnent d’intéressantes informations sur les volontés et les tendances de l’électorat français en 2002.

Sur les 71,60 % d’inscrits qui s’étaient exprimés, la répartition des votes avait été la suivante :

-       Par ordre décroissant de votes obtenus, le camp des candidats qui représentait l’opinion protestataire de gauche totalisait 26,71% des suffrages exprimés.

-       Le camp des opposants de droite au pouvoir en place, représentait 23,43% des suffrages exprimés.

-       Le camp des partisans du pouvoir en place était formé des candidats soutenus par le P.S., l’U.D.F. et l’U.M.P. Il rassemblait 49,88% des suffrages exprimés, soit à peine la moitié des votants.

-       De plus, il est remarquable de noter que trois votants sur cent, soit un million d’électeurs, avaient pris la peine de se déplacer pour voter blanc, afin de signifier qu’ils refusaient de voter pour l’un quelconque des seize candidats en lice.

Ces observations effectuées, l’ordre d’arrivée n’était probablement pas une surprise totale pour l’équipe électorale de Jacques Chirac dirigée par Jacques Monod. Tous deux n’ignoraient pas que le retrait de la compétition de Charles Pasqua et les signatures finalement obtenues par J.M. Le Pen placeraient ce dernier dans une position électorale avantageuse. On pouvait même se demander s’ils n’avaient pas activement travaillé à ce résultat. Après tout, cela aurait été de bonne guerre.

Les électeurs s’étaient exprimés, voilà tout. Mais les hommes politiques et l’ensemble des corps constitués ne l’entendirent pas de cette oreille. Ils mirent aussitôt en scène l’expression du vote des électeurs français sur le mode tragique. Prenant des poses scandalisées, toutes tendances politiques confondues à l’exclusion naturellement du Front National, ils organisèrent la mobilisation de l’électorat afin qu’il se rende aux urnes au deuxième tour et qu’il vote pour Jacques Chirac. Ils assurèrent que l’avenir de la République en dépendait. Il est vrai qu’il aurait été du plus mauvais effet pour le système politique en place que les électeurs des candidats éliminés au premier tour rejoignent le camp des abstentionnistes. Si Chirac était réélu avec les 11 millions et demi de voix de son camp contre les 5 millions et demi du camp Le Pen Maigret, il obtiendrait bien 67% des voix des votants, mais il perdrait beaucoup de sa légitimité s’il y avait 24 millions d’abstentionnistes, deux fois et demie plus nombreux que ceux qui l’auraient élu.

 

Or le Président était la clé de voûte de tout le système politique. Les socialistes comprirent immédiatement l’enjeu et avec eux tous les corps constitués de la République qui appelèrent ensemble à voter Chirac et réussirent à faire baisser l’abstention en dramatisant l’enjeu de manière caricaturale.

 

 

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L'homme symbolique

11 Septembre 2009 Publié dans #PHILOSOPHIE

Nous avons quitté, le 30 août dernier, « l’homme, animal social ? » en observant que l’homme acceptait difficilement de n’être qu’un atome des sociétés imparfaites  auxquelles il est rattaché. Pour s’en évader, il se voit contraint de faire appel à la transcendance, qui est le thème de nos prochains articles dans la série « trajectoire ».

« Jamais l’homme ne se contentera d’une destinée finie ; sous une forme ou sous une autre, un ensemble de croyances exprimant la valeur transcendante de la vie [] fera toujours partie des éléments essentiels de l’humanité » déclarait Renan.  La transcendance s’impose comme un prolongement de notre conscience, une donnée cachée de notre vie.

L’art en est la première illustration. Sans l’art, l’univers serait indéchiffrable. À la recherche de l’essence des choses, l’artiste cherche à nous faire partager son émotion devant sa Vérité. D’où les dessins, les gravures, les peintures que l’on trouve sur d’aussi improbables surfaces que la roche des cavernes ou les os des animaux. L’art nous permet de mesurer à quel point les messages des sens qui nous relient au monde extérieur, contiennent des informations limitées. Avec l’art, nous sommes obligés de reconnaître que nous nous trouvons dans l’incapacité de percer la signification du cosmos.

Pour tenter d’effleurer la transcendance, l’homme a forgé des symboles[1] qui sont destinés à exprimer la signification des choses et des faits cachés. L’un des exemples le plus frappant de l’imaginaire transcendant est la conception nippone du temple où une simple porte ouverte (torii) marque la limite du sacré. En la franchissant vers l’intérieur, le participant abandonne symboliquement le monde ordinaire pour entrer dans le saint espace ; une fois régénéré par la méditation, il la franchit dans l’autre sens pour retourner dans le royaume de l’ordinaire.

Tous les peuples ont des espaces sacrés, appelés églises, temples, synagogues ou sanctuaires, des jours de fêtes, moments consacrés pendant lesquels la vie courante est transcendée.  On voit les israélites sanctifier le jour du sabbat, hors d’atteinte du vulgaire des six autres jours de la semaine.

Les symboles sont partout, dans la vie de tous les jours, dans les paroles et dans les actes. Ils servent à définir les normes, notamment morales, de la vie humaine.


[1] Permanence des symboles : la mosaique qui illustre cet article s’appele un « Chrisme » (). C’est un symbole chrétien formé des deux lettres grecques Χ (chi) et Ρ (rho), la première apposée sur la seconde. Il s'agit des deux premières lettres du mot Χριστός (Christ). L'association de ces deux lettres pour former un symbole préexiste à la venue du christianisme. Dans le monde grec païen, c'était l'abréviation du mot χρηστός (chrêstos), qui signifie « bon, positif ». Le symbole fut adopté par le christianisme et il servit d'emblême aux empereurs chrétiens qui succédèrent à Constantin 1er.

 

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La farce des élections législatives de 1997

4 Septembre 2009 Publié dans #HISTOIRE

Dans un article intitulé « une oligarchie barricadée » je rappelais à quel point en France, loin devant tous les autres pays européens, le système politique traite les « citoyens » comme des marionnettes. Pour l’illustrer, loin du spectacle actuel qui l’illustre avec un mauvais gout qui frise l’indécence, je souhaite vous ramener 12 années en arrière. Souvenez vous, cela vaut la peine…

Le déclenchement des élections législatives des 25 mai et 1er juin 1997, consécutif à la dissolution de l’Assemblée nationale par le président de la République le 21 avril 1997, devrait susciter votre étonnement. Le motif invoqué était sans précédent sous la Ve République : conforter, en l’absence de crise majeure, un gouvernement qui disposait déjà d’une majorité parlementaire confortable. Les stratèges de la droite n’avaient, paraît-il, pas imaginé que la gauche puisse remporter l’élection. On était prié de croire aussi que le Parti Socialiste ne s’y attendait pas. C’est du moins la version officielle de ce conte de fées pour des citoyens assommés par la grosse voix des medias.

Les sondages semblaient assurer à la droite une courte victoire. Le Président de la République invoquait l’urgence des réformes qui ne devaient pas être compromises par l’attentisme d’une année préélectorale pour justifier sa décision de dissoudre l’Assemblée Nationale. Mais vous avez déjà vu, vous, le bon papi Chirac, aujourd’hui encensé par les sondages depuis qu’il a quitté le pouvoir, pressé par la nécessité d’une réforme, en quelque quarante années d’action politique ? au contraire, il les a toujours fui comme la peste. Malgré l’invraisemblance, c’est pourtant le prétexte de l’urgence des réformes à conduire qu’il a tout de même choisi pour dissoudre l’Assemblée Nationale. Les medias lui ont comme d’habitude emboîté le pas, s’échinant à persuader les électeurs de l’urgent besoin de réforme que ressentait Jacques Chirac auquel les malheureux députés de son propre camp, pourtant totalement dépendants de l’investiture du président, étaient censés s’opposer. Une histoire à dormir debout.

Chirac a donc dissous une assemblée qui soutenait le gouvernement qu’il avait nommé pour solliciter auprès des électeurs un blanc-seing qui lui permettrait de poursuivre pendant cinq ans la politique pour laquelle il avait été élu deux ans plus tôt. Pour faire passer les réformes, il n’est tout de même pas allé jusqu’à mettre son mandat en jeu. Ce n’était pas sa « culture », paraît-il. Il semble bien que l’essentiel de sa « culture », qu’il partage avec la quasi-totalité de l’oligarchie française, était tout simplement de se maintenir le plus longtemps possible au pouvoir. La gauche, de son côté, agitait des promesses de son cru. Elle promettait la « création » de sept cent mille « emplois jeunes », situés pour moitié dans le secteur public ainsi que le passage aux trente-cinq heures. Comme d’habitude, elle disposait de recettes simples pour réduire le chômage : financer des petits boulots à l’aide d’impôts supplémentaires et partager le temps de travail tout en gardant les mêmes salaires. On se demande pourquoi on n’a pas pensé plus tôt que les impôts et les règlements étaient créateurs d’emploi. En attendant d’occuper le poste de Premier ministre, le premier secrétaire du PS, trotskyste caché ou repenti, s’efforçait sans mal de donner de lui-même une image intègre, volontariste et moderne à l’opposé de celle de François Mitterrand et de Jacques Chirac.

Les naïfs, qui croyaient que les états-majors politiques et les cabinets des principales autorités de l’État n’avaient pas envisagé sérieusement la défaite de la majorité en place, furent surpris lorsqu’au soir du 25 mai la droite classique réalisa son plus mauvais score de toutes les élections législatives de la Ve République. Le chef de l’État parut s’accommoder avec grâce de l’arrivée de ses supposés adversaires au pouvoir. Pour plus de sûreté, il accepta que son Premier ministre Alain Juppé annonçât sa démission au lendemain du premier tour, privant la majorité de son chef de campagne avant le deuxième tour. Une manœuvre très surprenante sauf si l’on cherche à perdre à tout prix. Les électeurs de droite qui ne comprenaient rien à la manœuvre faillirent tout gâcher en se mobilisant fortement : la droite progressa de près de dix pour cent des voix contre un peu plus de six pour cent pour la gauche, et le Front national, bon prince, assura un bon report des voix à droite. Mais, heureusement pour Chirac, la gauche finit par triompher. Sinon comment aurait-il pu l’emporter en 2002, après sept années d’immobilisme ?

C’est pourquoi on ne s’étonna pas dans les allées du pouvoir que le Président Chirac ne sembla que modérément affecté par le supposé échec de sa manœuvre. Apparemment désavoué, il ne lui vint pas une seconde à l’idée de démissionner de sa fonction de Président de la République. Au contraire. Il ne fut pas trop peiné de voir ses « amis » politiques perdre leurs sièges puisqu’ils devenaient ipso facto dépendants de sa propre fortune politique. Lui se chargeait de garder précieusement le poste de Président de la République, désormais le haut lieu de la résistance à « l’adversaire » socialiste. Il ne restait plus qu’à attendre que les électeurs sanctionnent une équipe politique qui allait déployer comme toujours depuis vingt ans des artifices pour cacher son inaction fondamentale face aux problèmes que le pays avait à affronter, sans savoir qu’il parviendrait même, le jour du deuxieme tour de l’élection présidentielle, à faire voter la gauche pour lui au second tour des Présidentielles !

Si cela vous amuse que l’on vous prenne pour un dindon, vous pouvez rire. Sinon…

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