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Le blog d'André Boyer

LA STRATÉGIE DE TRUMP

29 Novembre 2020 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

LA STRATÉGIE DE TRUMP

La stratégie de Trump est essentiellement celle qu’ont conçue ses avocats, préparée depuis des mois.

 

Trump sait depuis son élection, et même avant, qu’il ne sera jamais adoubé par le système, qui inclut les grands milliardaires liés à la nouvelle technologie et les hauts fonctionnaires qui travaillent pour eux.

Or, ce qui s’est passé dans les six swing states interroge, notamment en raison de l’arrêt soudain du décompte des voix dans ces six swing states durant la nuit du 3 au 4 novembre.

Logiquement, les résultats auraient dû être statistiquement partagés entre les deux candidats, mais les résultats, en novembre 2020, se sont systématiquement révélés favorables à Biden avec des écarts très faibles, sauf la Caroline du Nord attribuée à Trump:

 

ÉTATS

% votes Biden

%votes Trump

Grands électeurs

attribués

à BIDEN

Grands électeurs attribués à TRUMP

WISCONSIN

49%

49%

10

 

MICHIGAN

51%

48%

16

 

PENNSYLVANIE

50%

49%

20

 

CAROLINE DU NORD

49%

50%

 

15

GÉORGIE

50%

49%

16

 

ARIZONA

49%

49%

11

 

TOTAL VOTES SWING STATES

 

 

63

15

 

Il suffirait que Biden perde 37 de ces 63 grands électeurs pour qu’il perde aussi l’élection à la Présidence des États-Unis.

Trump et ses avocats savaient donc que tout serait mis en œuvre, dans la légalité de préférence, mais aussi parfois dans l’illégalité, pour remporter ces États.

Déjà, le 7 novembre, Biden prenait la légalité en otage en annonçant publiquement sa victoire « d’après les médias », alors que l’actuel président n’avait pas admis sa défaite, que les avocats de Trump déposaient des recours pour que soient effectuées des enquêtes préliminaires et que le general attorney William P. Barr ordonnait qu’un dossier d’instruction soit ouvert, mettant en branle les autorités policières et judiciaires dans chaque État concerné. Des milliers d’agents ont été mobilisés et sont toujours à l’œuvre.

Selon les avocats du président, il en ressortirait déjà des preuves édifiantes : incohérences statistiques, faux bulletins, faux électeurs, intrusion malveillante dans le logiciel Dominion avec des centaines de témoignages sous serment. Cependant les modalités électorales dépendent des autorités locales et elles se sont opposées dans presque tous les swing states aux procédures lancées par les avocats de Trump avec l’appui des autorités fédérales.

Or l’objectif de ces avocats n’est pas de contraindre les autorités locales à obéir à leurs injonctions, mais de montrer à la Cour suprême que les cas de fraude sont suffisamment avérés et généralisés pour justifier l’invalidation des élections dans les États concernés. Il suffirait en effet que 3 des 5 swing states attribués à Biden révèlent des résultats suspects pour que ni Trump ni Biden n’atteignent le nombre des 270 grands électeurs requis.

Dès lors, si, au 14 décembre, le collège électoral ne parvient pas à élire un président, celui-ci sera élu par la Chambre des représentants selon le 12e amendement de la Constitution qui stipule que chaque État dispose d’une seule voix, indépendamment de sa taille. Or les Républicains détiennent 30 États et les démocrates en détiennent 20…

En résumé, la réélection de Donald Trump est une configuration possible sinon plausible. Tout repose sur deux facteurs liés, d’une part la solidité et l’importance des preuves de fraude et d’autre part la capacité de la Cour Suprême à s’opposer aux cris d’orfraie que ne manqueront pas de pousser les médias et le Parti Démocrate et ses électeurs.

Sans préjuger de la validité et de l'importance des preuves de fraude, on imagine en effet la violence de l’onde de choc que provoquerait l’invalidation des élections dans suffisamment d’États pour ne pas permettre à Biden d’être élu, ce qui rend sceptique sur la capacité des juristes de la Cour Suprême à la provoquer sciemment, sachant les conséquences sur leur vie professionnelle et personnelle.  

Il est donc évident que Trump et ses avocats ont sérieusement considéré l’hypothèse du rejet de leurs requêtes et donc l'hypothèse de l’élection de Biden. Dans ce cas le résultat de tous ces efforts juridiques, de ces conférences de presse, de ces Tweets rageurs ne serait pas nul.

Il permettrait à Trump de se poser en victime des conspirations des Démocrates et aux Républicains de conduire leur bataille politique en délégitimant d’avance leurs adversaires, une bataille sur le thème de la revanche qui risque d’être féroce, avec Trump dans le rôle de Robin des Bois et Biden dans celui du Shérif de Nottingham. 

 

Une bataille que les Démocrates auront du mal à soutenir devant l'opinion, avec un aussi grand nombre de milliardaires de leur côté qui les font désigner coupables d'avance ! 

 

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LE BROUILLARD AMÉRICAIN

25 Novembre 2020 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

LE BROUILLARD AMÉRICAIN

Ce n’est pas en attendant que Trump soit débouté de ses recours électoraux et que Biden arrive au pouvoir que l’on peut avoir une idée claire de la situation des États-Unis, qui est en train de devenir indéchiffrable.

 

La différence entre les deux élections américaines de 2016 et 2020, est que, en 2016, les commentateurs considéraient avant les élections la victoire de Trump comme hautement improbable, alors qu’ils font en 2020 la même analyse, mais après l’élection. En 2016, ils pronostiquaient la défaite de Trump, aujourd’hui ils pronostiquent qu’il sera obligé d’accepter sa défaite.

Pourtant Donald Trump continuera de prétendre qu'il a gagné des élections qu’il contestera juridiquement jusqu’au bout. Mais supposons qu’il perde tous ses recours juridiques, même face à une Cour Suprême qui est supposée lui être favorable et qu’il se retire dans l’ombre, contraint et forcé.

Dans cette hypothèse largement plébiscitée par l’opinion, que va-t-il arriver après le 20 janvier prochain ?

C’est simple : dès le premier jour, Joe Biden devra faire face à un Sénat hostile et sans doute contrôlé par les Républicains. Car ces derniers se considèrent comme invaincus, parce qu’ils ont gagné des sièges à la Chambre des représentants contrôlée par les Démocrates et qu’ils ont très probablement conservé le contrôle du Sénat. 

Cette « armée » républicaine s’appuie sur 48 % de l'électorat américain avec le taux de participation le plus élevé depuis 1900, ce qui signifie clairement que les électeurs des deux côtés se sont fortement impliqués et que les perdants vont difficilement se résigner à voir appliquer une politique contraire à leurs vœux : l’on en verra les conséquences au Sénat et à la Chambre des Représentants, entre autres.

Au Sénat, Joe Biden fera face à Mitch McConnell, le leader de la majorité au Sénat, soutien indéfectible de Donald Trump et spécialisé dans la destruction des plans des démocrates : pendant six des huit années de présidence de Barack Obama, après que les démocrates aient perdu le contrôle du Congrès en 2010, Mitch McConnell a bloqué presque toutes les initiatives de la Maison-Blanche avec pour simple mais logique objectif de faire échouer la présidence de Barack Obama.

Il est donc peu probable que McConnell fasse passer les textes que Joe Biden voudra faire passer, ni confirmer à des postes de haut niveau des personnes qui n'ont pas obtenu l'approbation des républicains. En France, on oublie gaiement que les personnalités désignées par Biden, démocrate, doivent être pour la plupart également intronisées par le Sénat, républicain.

Comme les implications de cette situation politique sont sévères, les Démocrates vont, sans grand espoir, essayer d’emporter le 5 janvier les deux sièges de sénateur qui restent à pourvoir en Géorgie et s’efforcer de persuader un Républicain au moins de faire défection, sachant que le transfuge deviendra instantanément une figure de la haine sectaire au sein du mouvement conservateur.

Il faudra donc que Joe Biden négocie sans cesse. Il a peu de chances dans ces conditions d’obtenir une relance budgétaire importante qui  prenne en compte les priorités des Démocrates, d’autant plus que les Républicains, qui ont l'habitude d'abandonner la rigueur fiscale lorsque l'un des leurs est président, la redécouvrent aussitôt lorsqu'un Démocrate  accède à la Maison-Blanche.

On peut imaginer, et les démocrates y ont pensé, vendre leurs objectifs  prioritaires à M. McConnell en les présentant comme une réponse à la menace de la montée en puissance de la Chine.

Mais Donald Trump a mené la guerre commerciale contre la Chine pour sauver les secteurs industriels américains traditionnels, tout en négligeant les secteurs industriels en émergence, ce qui  constitue un point de désaccord fondamental avec les Démocrates. Comme ces derniers vont logiquement avoir tendance à concentrer les subventions vers les industries technologiques émergentes, ils vont provoquer la réaction des Républicains qui s’appuient à l’inverse sur les États qui ont des industries traditionnelles et déclinantes.

On peut aussi imaginer que Joe Biden, enchaîné chez lui par la dure nécessité de la politique intérieure, cherche à déployer ses ailes sur la scène mondiale. Mais dans ce cas aussi, son degré de liberté est faible. Par exemple, il pourra toujours rejoindre l'accord de Paris sur le changement climatique, mais il ne pourra pas forcer un Sénat républicain récalcitrant à financer les énergies alternatives. Il pourra essayer de  rejoindre l'Organisation mondiale de la santé, à condition que McConnell autorise le financement de cet organisme par les États-Unis. Il pourrait réintégrer l'Amérique dans l'accord nucléaire iranien, mais tout changement devra être approuvé par le Sénat républicain.

Le fond du problème de Joe Biden est qu’il est bloqué par le résultat des élections présidentielles, qui verront sans doute Donald Trump  quitter la Présidence des Etats-Unis alors que les Républicains ont accru leur influence électorale, si bien qu’ils se garderont bien de traiter Donald Trump comme une aberration celui qui a galvanisé leur électorat.

 

Joe Biden se trouve dans l’incapacité de réaliser l'unité nationale sur laquelle il a fait campagne, une unité mise à mal depuis quatre ans, encore affaiblie par le refus de la quasi moitié de l’électorat de reconnaître la légitimité  de l’autre moitié de gouverner, si bien que, dans cette disposition d’esprit, les occasions de conflit ne manqueront pas !

 

À SUIVRE

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UNE GUERRE QUI COMMENCE BIEN, MAIS...

22 Novembre 2020 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

PRISE DE PORT-MAHON (MINORQUE)

PRISE DE PORT-MAHON (MINORQUE)

Lors des deux premières années du conflit, la France se défend bien grâce à̀ l'action déterminée du ministre de la Marine, Machault d'Arnouville qui a anticipé́ le conflit.

 

Malgré la rafle des navires civils français en 1755, la Royal Navy rate le début de cette guerre qu'elle a pourtant longuement préparée. Au courant des préparatifs de la marine anglaise en Amérique du Nord, Machault d'Arnouville réussit au début de 1755 à faire passer des renforts au Canada malgré́ le blocus du Saint-Laurent, puisqu’une flotte de dix-huit bâtiments commandés par Dubois de La Motte y achemine 3 000 soldats. Dès qu’il apprend les interceptions anglaises, Machault d’Arnouville arme aussitôtrois divisions à Toulon, Brest et Rochefort.

En 1756, de nouveaux renforts pour le Canada, 1 500 hommes, avec à leur tête le calamiteux Montcalm, sont escortés sains et saufs par les trois vaisseaux et les trois frégates de Beaussier de l'Isle. De son côté́, la division de trois vaisseaux et de trois frégates commandée par de Kersaint détruit les établissements anglais de la côte d'Angola puis passe aux Antilles et livre bataille à une division anglaise qui est forcée de se retirer. Du Chaffault, sur la frégate l’Atalante (36 canons), réussit même l'exploit de s'emparer, au large de la Martinique, d'un vaisseau anglais de 60 canons, le HMS Warwick, et de le ramener à̀ Brest.

En Méditerranée se déroulent les opérations les plus importantes, avec l'attaque de la grande base anglaise de Port-Mahon à Minorque. L'opération, préparée avec soin, est conçue comme des représailles aux rafles de navires civils en pleine paix. Une flotte de douze vaisseaux, cinq frégates et cent-soixante-seize bâtiments de transport commandée par La Galissonnière, quitte Toulon en avril 1755 sans avoir été́ repérée par les espions anglais. Elle réussit à faire débarquer sans encombre les 12 000 hommes du Marechal de Richelieu, puis repousse les vaisseaux de Byng accourus depuis Gibraltar pour secourir la place. La victoire est complétée par le débarquement en novembre 1756 de 3 600 hommes en Corse, pour mettre l'île à l'abri des tentatives de débarquement de La Navy.

Ces succès français, ressentis comme une humiliation à Londres, valent à Byng de passer en cour martiale et d'être condamné à mort. 

1757 reste encore une année favorable à la France. Les chantiers navals, permettent à la flotte de dépasser cette année-là le chiffre de cent vaisseaux et frégates, tandis que les opérations navales sont satisfaisantes dans l’Océan Indien et l’Atlantique: une petite division de navires de la Compagnie des Indes commandée par le comte d'Aché part en mai 1757 pour Pondichéry avec un renfort de 4000 hommes qui arrivent à̀ bon port l'année suivante. Début 1757, Québec et l'île Royale sont ravitaillées, puis Louisbourg est défendue victorieusement grâce à une importante concentration navale: alors que Londres a envoyé́ une escadre de dix-sept vaisseaux, seize frégates et 15000 soldats pour attaquer la place, Dubois de La Motte rassemble en face trois divisions dans le port, soit un total de dix-huit vaisseaux, quinze frégates et 11 000 soldats. Il en résulte que les Anglais n’osent pas attaquer la forteresse de Louisbourg.

Cependant la situation se dégrade en Méditerranée, car l’escadre de Toulon est minée par les désertions du fait du non-paiement des équipages depuis un an. Il en résulte que La Clue ne réussit à mobiliser qu'une petite division de six vaisseaux et deux frégates pour escorter des renforts vers les Antilles et le Canada. Il quitte Toulon en décembre 1757, mais n'ose pas franchir le détroit de Gibraltar barré par quatorze vaisseaux anglais et se réfugie à Carthagène, poursuivi par la Royal Navy. Un petit renfort de trois vaisseaux et une frégate venue de Toulon sous les ordres de Duquesne de Menneville est anéanti devant le port (voir mon billet : « La bataille de Carthage » http://andreboyer.over-blog.com/2016/12/la-bataille-de-carthagene.html). La Clue, poursuivi par Boscawen, rentre péniblement sur Toulon en mai 1758 alors que le port, en panne de matelots, reste inactif cette année-là̀.

 

Mais la situation est encore pire à Brest.

À SUIVRE

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LE SENS DU TANGO

16 Novembre 2020 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

LE SENS DU TANGO

Voici un article réputé futile, en regard des graves sujets qui inspirent généralement ce blog. Notez aussi que je ne sais pas danser le tango et que je n’ai même pas essayé de le danser. Ceci précisé, je suis fasciné par l’image des danseurs de tango et encore plus par la passion de celles et de ceux qui le pratiquent, d’où ce billet.

 

Pour nous qui ne le dansons pas, le tango argentin a une image sensuelle, une danse entre une femme en talons hauts, robe moulante et un homme élégamment habillé. Derrière cette image se cachent des écoles de tango pour les passionnés qui savent que le tango a l’ambition de changer leur vie.

Le néophyte s’est souvent décidé à franchir le pas, c’est le cas de l’écrire, parce qu’un événement l’a obligé à se remettre en question et qu’il a choisi le tango pour « changer » de vie. Il ne vient pas forcément chercher une rencontre sensuelle, et s’il le croit, la nécessité, l’urgence même, d’accorder deux énergies différentes à travers la musique l’obligent à reconsidérer ses priorités.

Car il se trouve confronté à l’amorce d’un échange imprévisible qui exige d’être harmonieux, avant qu’il ne prenne conscience progressivement que cet échange  avec son ou sa partenaire est devenu profond, de manière inattendue.

Lorsque l’on observe une piste de danse dans une milonga*, l’on est frappé par l’impression d'intimité qui y règne. Un homme et une femme sont étroitement enlacés, agissant de manière synchrone, l’homme avançant et la femme le suivant en reculant. Le tango a en effet des racines culturelles selon lesquelles l’image masculine est celle d’un homme fier, séduisant, élégant et l’image féminine celle d'une femme sensuelle et insaisissable.

Mais le sens du tango va au-delà de ce que laisse voir son aspect technique et sensuel et c’est ce que découvrent progressivement les danseurs : tout d’abord, ils apprennent à avoir un contact physique étroit, sensuel, intime, mais non sexuel. En fixant des limites précises, le tango crée un espace sécurisant pour leur contact physique. De plus, le tango demande d'être soi-même, de montrer sa vulnérabilité et c’est le dévoilement de cette vulnérabilité qui crée une véritable intimité.

Or, en ce moment si spécial du Covid-19, il est pratiquement interdit de se toucher et même dans les conditions normales de notre vie d’individu urbanisé nous manquons tout à fait du genre de contact physique qu’offre le tango : nous osons à peine toucher nos amis, encore moins nos collègues, pas toujours nos enfants et notre famille, si bien que, si nous n’avons pas de conjoint, nous n’avons pratiquement pas de contacts physiques.

Aussi le succès du tango provient-il de ce qu'il comble en partie le besoin humain de se toucher et de bouger, sans oublier qu’il constitue un environnement propice aux rencontres sociales.

En outre, le tango oblige à agir spontanément, en vivant pleinement le moment présent. En effet, pour que la danse ait lieu, les deux partenaires doivent entrer dans un état de flux dans lequel ils sont entièrement présents, tout en communiquant constamment l'un avec l'autre par les mouvements de la danse.

De ce point de vue, on peut voir le tango comme une pratique dynamique de la conscience, qui oblige le danseur à se tourner vers lui-même, vers ses désirs, ses émotions et ses objectifs. Il s’agit d’une expérience de transformation de soi qui révèle ce que son "moi" considère de plus important, ce que l’on se permet de faire, de ressentir, de vivre. Ainsi, le tango conduit-il à se demander si l’on vit en harmonie avec soi-même et, si ce n’est pas le cas, à se demander ce qui doit être changé.

Enfin, à travers le mouvement de la danse, le tango permet de comprendre qu'une vraie connexion n'est possible qu'entre deux êtres véritablement indépendants, des êtres qui ont leur propre équilibre. Dans le tango, chaque partenaire, à tout moment, recherche activement à demeurer stable sans avoir recours à l'autre pour y parvenir. Sur la base de ces deux équilibres personnels, le tango devient possible à condition que les deux partenaires soient à tout instant à l'écoute l'un de l'autre pour  interagir harmonieusement.

Tout en se présentant comme un passe-temps agréable et une source de plaisir, le tango fournit donc le contexte d’un processus de développement personnel. Venant au tango individuellement, les danseurs découvrent  souvent leur peur d’une vraie intimité, leur dépendance émotionnelle ou leur manque de confiance en eux et les couples qui viennent ensemble au tango voient souvent se révéler de leur côté de subtils mécanismes de dépendance dans leur relation, des ressentiments enfouis ou leur propension à rejeter les fautes sur l'autre.

 

Ainsi, alors que, de l'extérieur, le tango ne semble être qu'une danse de couple synchronisée, les personnes qui le pratiquent ont le sentiment amphigourique de participer à une mystérieuse alchimie, métaphore de tous les contacts entre les êtres humains…

 

*Milonga :un bal où l'on danse une certaine forme de tango argentin.

 

Cet article a pour origine un papier publié dans un magazine féminin en ligne russe Matrony.ru traduit par Aimée Zuniga, très fortement réécrit et remanié par mes soins.

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À LA RECHERCHE DES HOMMES

11 Novembre 2020 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

À LA RECHERCHE DES HOMMES

L’homme fait partie de la famille des Hominidés, dont tous les membres sont menacés de disparition, sauf lui-même. 

 

Sauf l’homme ? C’est toute la question. Soit l’homme n’est qu’un animal comme les autres, donc l’extinction de la race n’est qu’une question de temps, soit il constitue un être à part qui est capable de maitriser son propre avenir.

Cette alternative hante la question de l’origine de l’homme, une espèce issue du singe, qui a su s’imposer par ses qualités à toutes les autres d’une manière si éclatante que notre espèce se croit en droit de proclamer qu'elle a réussi à devenir aujourd’hui une espèce à part.  

Selon ce postulat, les hommes, issus d’une espèce unique de singes, auraient évolués vers une race humaine de plus en plus avancée, jusqu’à nous, l’homo sapiens sapiens, une espèce qui non seulement s’est imposée à toutes les autres espèces, mais qui désormais maitrise son destin. Mais les découvertes successives remettent ce postulat en question.

Par exemple, la découverte de l’Homo floresiensis dans l’île de Florès en Indonésie semble démontrer que cet homme, qui en est bien un, est issu d’une autres espèce d’Hominidés que l'homos sapiens. La taille de cet Homo floresiensis est si petite, 1,06 mètres, et la difficulté pour un Hominidé d’atteindre, sans avion ni bateau, l’île de  Florès depuis l’Afrique ou l’Asie est si forte que s’impose l’idée que cet homme était issu d’autres hominidés.

Du coup, l’hypothèse selon laquelle l’Homo sapiens, c’est à dire l’être humain actuel, est la seule espèce humaine, est remise en question. Il reste cependant que l'homo sapiens s'est bien répandu et installé sur l’ensemble de la planète à l’exception de l’Antarctique, tandis que les autres espèces s’effaçaient devant lui. 

Mais de quoi est constitué l'assemblage biologique qui constitue l’homo sapiens?  Au fur et à mesure où l’on en découvre des traces, on découvre aussi qu'elles remontent à beaucoup plus loin que l'on ne croyait à l'origine, trois cent mille ans au lieu de soixante mille ans. Ensuite, les recherches génétiques récentes, fondées sur la comparaison de l’ADN nucléaire de différentes populations humaines actuelles, indiquent que l’espèce Homo sapiens s'est constituée en Afrique  au terme d'une évolution comprise entre 300 000 à 60 000 ans avant la période actuelle.  

Par la suite, vers la même époque, c'est à dire il y a soixante mille ans environ, l'Homo Sapiens aurait quitté l'Afrique pour se répandre sur tous les continents en supplantant les espèces humaines antérieures, comme l’Homme de Néandertal en Europe ou l’Homme de Denisova en Asie.

Mais l'on découvre désormais que l’homo sapiens s’est hybridé avec ces populations:  selon de nombreuses études génétiques publiées depuis 2010, des croisements ont eu lieu entre espèces humaines. On relève en particulier entre 1,8 % et 2,6% de gênes néandertaliens chez les populations non africaines modernes. En outre, plusieurs études publiées depuis 2010 indiquent que l’homme de Denisova a contribué à hauteur de 4 à 6 % au génome des Mélanésiens et Aborigènes d’Australie actuels. On a même trouvé en 2014 qu’un gêne provenant des Dénisoviens améliorait le transport d'oxygène et ne se trouvait que chez les Tibétains et dans une moindre proportion chez les Chinois.

Aujourd’hui, le résultat de ces mélanges est que le génome des humains est identique à 99,9 %, un niveau de similitude qui ne se trouve que rarement chez les mammifères. Cette similitude serait explicable par la relative jeunesse de l'espèce et par le brassage des populations.

Mais avant  que l’homo sapiens, avec ses génomes quasi identiques, n’inonde le monde, on cherche à identifier les premières traces d'êtres humains qui sont apparues sur Terre.

À SUIVRE 

 

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SIGNER UN ACCORD AVEC LA CHINE

6 Novembre 2020 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

SIGNER UN ACCORD AVEC LA CHINE

Les négociations entre le Ministère des Affaires Étrangères (MAE) et la FNEGE pour la création d’un premier IAE en Chine commencèrent en 1987.

 

J’étais intégré dans cette négociation, en tant qu’initiateur du projet, au titre de la FNEGE et de l’IAE de Nice. Mais le MAE, bien parisien, ne pouvait pas concevoir que l’IAE de Nice, situé à seulement quelques encablures de la Promenade des Anglais, soit un interlocuteur universitaire assez sérieux pour représenter l’Université française face à la Chine.

Pour le rassurer, il fallut ajouter l’IAE de Paris, à l’époque situé dans le 5e arrondissement, pour renforcer l’offre universitaire. C’est ainsi que Jean-Pierre Helfer, Directeur de l’IAE de Paris, se joignit à l’équipe FNEGE et finit par récupérer la gestion de l’IAE Chine pour l’IAE Paris à la fin du lancement du programme.

Les négociations franco-françaises portaient sur le montant de la subvention du MAE à la FNEGE pour le lancement du programme pendant les premières années. Il fallait aussi déterminer le lieu que nous choisirions pour ouvrir la première formation. Nous nous étions mis d’accord, le conseiller culturel et moi-même, sur le choix de Tianjin et de l’Université Nankai et ce choix a été entériné par le MAE et la FNEGE.

Le programme s’étalait sur deux années, une année de formation au français et une année de formation à la gestion suivie d’un stage de trois mois minima dans une entreprise française, si possible déjà installée ou en voie d’installation en Chine. Car notre objectif, mon objectif en l'occurence depuis la conception du projet, était d'aider les entreprises françaises à investir le marché chinois.

Il fallait préparer un accord, et même un double accord, avec le Ministère des Affaires étrangères et le Ministère de l’enseignement chinois, ce dernier agissant au nom de l’Université Nankai.

Il fallait aussi recruter un professeur de français en France, pour l’envoyer à Tianjin donner la première année de cours, avant de recruter les professeurs de gestion qui iraient donner trois semaines de cours à tour de rôle, avec des intervalles suffisants pour organiser les examens, matière par matière. Bref, toute l’ingénierie de cette formation bien connue en France devait être montée pour s’adapter aux circonstances particulières d’un enseignement séquentiel en Chine.

Une fois le projet structuré et transmis aux parties chinoises, Jean-Pierre Helfer et moi-même priment l’avion Paris-Londres-Hong-Kong-Pékin en juillet 1987 pour signer les accords de coopération.

Cette signature donna lieu à trois incidents instructifs et à posteriori amusants.

Tout d’abord nos bagages s’égarèrent à Londres. Donc pas de costume ni de chemise pour la cérémonie officielle. Nous cherchâmes à acheter les vêtements nécessaires dans un des rares magasins alors disponibles à Pékin, mais les tailles manquaient pour des personnes de plus d’un mètre soixante. On les acheta tout de même, mais portés sur nous, l’impression était clownesque. Aussi étions nous très inquiets pour la signature et la photo de la cérémonie officielle qui allait sûrement paraitre dans la Quotidien du Peuple, trente millions d’exemplaires, sans compter l’étonnement probable de nos interlocuteurs qui ne manqueraient pas d’en déduire que les moyens financiers des professeurs français ne leur permettaient d’acquérir que des vêtements d’occasion chez des fripiers !

Heureusement, un deuxième incident permit de résoudre cette difficulté : l’ambassade de France en Chine nous apprit que le MAE chinois n’avait pas eu le temps d’examiner les contrats. Il fallait remettre de quinze jours la cérémonie de la signature de l’accord.

Nous ne pouvions pas rester à Pékin, notamment en raison des visas qui n’étaient valables que quelques jours. Nous reprîmes l’avion dans l’autre sens, Pékin, Hong-Kong, Londres, Paris. Puis quinze jours plus tard, nous primes à nouveau le même avion vers Pékin, portant cette fois-ci par précaution notre costume dans l’avion, précaution qui se révéla inutile. Nous signâmes l’accord qui fut bien publié dans le Quotidien du Peuple, puis nous nous apprêtèrent à prendre l’avion, non sans un dernier incident tout à fait imprévu, sinon imprévisible.

Mon collègue, Jean-Pierre Helfer, prit l’initiative hasardeuse de discuter, pour quelques yuans, la note de l’hôtel. Il fit alors connaissance avec la « bienveillance » de nos hôtes chinois que j’avais bien connue deux ans auparavant. Le concierge lui demanda son passeport et partit ailleurs faire semblant de chercher quelque chose. Cela dura assez longtemps pour que son manège menace de nous faire rater le départ de l’avion. 

Nos bruyantes protestations n’eurent aucun effet et il me fallut passer par la « porte de derrière », expression chinoise du pot de vin, pour qu’il daigne retourner à son détenteur le passeport de mon collègue…

 

Dans l’avion, je racontais à Jean-Pierre Helfer les nombreux incidents similaires que j’avais vécu à Pékin afin qu'il se rende compte qu’il était très dangereux de vexer un Chinois au moment même où il avait les moyens de se venger…

 

À SUIVRE

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LES PRÉPARATIFS DE L'ENTRE-DEUX GUERRES

1 Novembre 2020 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

WILLIAM PITT LE JEUNE

WILLIAM PITT LE JEUNE

Rien n'était règlé́. Le traité n'établissait pas une paix stable, si bien que la guerre de Sept Ans apparut comme une suite logique du conflit dit de la Succession d’Espagne.

  

Le traité de paix d’Aix-la-Chapelle en 1748 rendit Louisbourg à la France en échange de Madras, sans faire disparaitre la concurrence commerciale et coloniale entre Londres et Versailles, en Amérique du Nord et aux Indes.

La même année, Maurepas liquide le corps des galères, tout en conservant les condamnés dans les ports qui formeront la majeure part de la main d’œuvre de force de la Marine Royale jusqu’au XIXe siècle. Il demande au Roi de doter la France d'une flotte de guerre proportionnelle à son empire colonial : « Quoi qu'il en soit, il convient que les forces de la France soient réglées relativement à celles des autres États maritimes. Je ne prétends pas que l'on doive avoir cent-vingt-cinq vaisseaux depuis 50 jusqu'à 100 canons, comme il parait que les Anglais les ont. (...) Il suffit d'entretenir soixante vaisseaux de guerre, lesquels réunis à ceux des alliés pourront balancer la puissance maritime des Anglais, car je suppose que le Roi aura pour alliés quelques-uns des autres États maritimes. »

Louis XV n’en augmente pas pour autant les crédits et Maurepas est disgracié en 1749 à la suite d'une cabale de Cour. Cependant les ministres qui succèdent à Maurepas jusqu’en 1757, Rouillé et Machault d'Arnouville, suivent la politique de leur prédécesseur, tandis que la suppression du corps des galères a permis de dégager des marges de financement.

Grâce au rythme élevé́ des mises en chantier, quarante-trois vaisseaux sont mis à̀ l’eau entre 1748 et 1755 et les effectifs flirtent avec les soixante vaisseaux de ligne, soit quatre-vingt-deux navires au total en y ajoutant les vingt-deux frégates, ce qui correspond à̀ l'objectif énoncé́ quatre ans plus tôt par Maurepas. Machault d'Arnouville, qui pense la reprise de la guerre inévitable réussit même à constituer un stock de bois de construction.

Si la Marine française est plus jeune et plus puissante en 1755 qu'en 1748, elle souffre de plusieurs handicaps, comme la faiblesse de son entrainement, la négligence des questions sanitaires  mais pour en arriver là, il a fallu rogner fortement sur l'entrainement, notamment des enseignes de vaisseau ou des canonniers, tandis qu’aucun progrès n'a été́ fait sur les questions sanitaires et le sort des matelots qui sont moins bien nourris, soignés, habillés, payés et entraînés que les marins anglais.

De son côté, la Royal Navy essaie de corriger ses faiblesses en copiant les vaisseaux français de 74 canons. Elle développe un système de ravitaillement à la mer en produits frais pour vaincre le scorbut, ce qui lui permet de tenir l'Atlantique des mois devant Brest, y compris en hiver. Elle construit aussi des bases bien équipées dans les Antilles pour pouvoir réparer sur place ses escadres et faire reposer les équipages pour se prémunir des épidémies tropicales.

Mais le plus important est que Versailles a fait le choix de la paix, contrairement à Londres, qui porte au pouvoir en 1754-1755, des hommes comme William Pitt bien déterminés à briser l'expansion commerciale et coloniale de la France.

Visant un maximum d’efficacité (et de perfidie), Londres engage les hostilités sans déclaration de guerre. Les Anglais commencent par s'en prendre avec une extrême violence aux populations d'Acadie qui refusent de prêter serment de fidélité. Puis, toujours sans déclaration de guerre, ils s’en prennent aux navires de commerce français. Même si Duguay, avec neuf vaisseaux, permet à plusieurs convois d'Amérique de rentrer sains et sauf sur Brest, les amiraux anglais raflent de septembre à novembre 1755 trois cents navires de commerce français et 6 000 marins, alors que le nombre total de marins dont dispose la France ne dépasse pas 50000 marins. Les Anglais confisquent les marchandises dont ils tirent 30 millions de livres tournois, presque l’équivalent du budget annuel de la Marine Royale.

Cette situation semble irréelle, avec une France qui reste stoïquement en paix face à des Anglais conduits par William Pitt qui lui font la guerre.

 

Ce n'est qu'en décembre 1755 que Louis XV, ouvrant enfin les yeux sur l'agression anglaise, lance un ultimatum exigeant, en vain, la restitution des navires saisis et ce n’est qu’au printemps 1756 qu'il rappelle ses diplomates et déclare officiellement la guerre au Royaume-Uni.

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