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Le blog d'André Boyer

QUÉBEC SE PRÉPARE AU SIÈGE

24 Février 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

QUÉBEC SE PRÉPARE AU SIÈGE

Précédant d'un peu plus d'un an la fin de la Nouvelle-France, la ville de Québec est assiégée du 26 juin au 18 septembre 1759, jour de sa capitulation.

 

Après la campagne de 1758, qui a vu la perte de la forteresse de Louisbourg et de l’Ile Royale, le succès de la bataille de Fort Carillon ne peut masquer la situation désespérée de la Nouvelle-France, faute de renforts venus de France.

En effet, en 1759, trois attaques simultanées sont programmées par l’armée britannique commandée par l’ignoble général Jeffery Amherst, l’homme qui donna l’ordre de remettre aux Indiens des couvertures infectées par la variole. Au centre, il s’agit de s’avancer jusqu'à Montréal  via le Lac Champlain, mais l’on a vu que l’opération échoua (1759, la Nouvelle-France en peau de chagrin). À l’ouest, le brigadier général John Prideaux  doit monter une attaque contre le Fort Niagara qui réussira (Le siège de Fort Niagara et la suite), et à l’est la flotte britannique, commandée par le vice-amiral Charles Saunders doit s’avancer dans le fleuve Saint-Laurent jusqu'à Québec pour y faire débarquer une force de terre et faire le siège de la ville. James Wolfe, promu au grade de major-général, est chargé de conduire le siège. 

Durant l'automne et l'hiver 1758-1759, le gouverneur de la Nouvelle-France, le marquis de Vaudreuil et le commandant des troupes de terres métropolitaines, le marquis de Montcalm élaborent leur stratégie pour défendre la colonie. Ils ont des relations exécrables et des opinions opposées sur la stratégie de défense de la Nouvelle-France. Montcalm postule que l'armée britannique est trop nombreuse, qu’il faut donc en réduire le périmètre défensif.  Vaudreuil pense a contrario qu’il faut mener la guerre à toutes les extrémités de la colonie, parce qu’un petit nombre d'hommes suffira à occuper beaucoup d'ennemis.

Tous deux ont dépêché  des émissaires à Versailles pour demander des secours. Tandis que Vaudreuil réclame l'aide de la marine royale directement contre l'ennemi dans le golfe du Saint-Laurent et une diversion contre les colonies britanniques, Montcalm estime la situation si désespérée qu’il réclame sans y croire des renforts de soldats et de munitions et suggère comme Vaudreuil une diversion sur la côte de Virginie. En même temps, il demande à être rappelé pour des raisons de santé et des dettes à payer, c’est tout dire…

En définitive, les renforts  dépêchés par Versailles restent faibles, à peine quatre cent soldats, quarante canonniers et ingénieurs  et quatre navires de munitions. Montcalm n'est pas rappelé, mais au contraire promu au grade de lieutenant général des armées, en reconnaissance de sa victoire à Carillon. De plus, sa stratégie est avalisée aux dépens de celle qui est préconisée par Vaudreuil,  qui, bien que décoré de la grand-croix de l’ordre de Saint-Louis est subordonné à Montcalm pour toutes les questions portant sur la défense de la colonie, comme l'est Bigot, intendant de la Nouvelle-France.

Au printemps 1759, la British Navy ne parvient pas à assurer le blocus du Saint-Laurent, l'amiral Philip Durell ne réussissant pas à faire sortir sa flotte de dix vaisseaux de guerre et ses trois transports de troupes du port d’Halifax avant le 5 mai.

Pendant ce temps, une flotte de seize navires français atteint Québec le 16 mai et d'autres convois arrivent au cours des jours qui suivent, dont un navire de 430 tonneaux, La Chézine, qui transporte le célèbre Bougainville. Même si les secours envoyés sont largement insuffisants, ils sont tout de même porteurs d’espérance.

Six jours plus tard, le 22 mai, ayant appris qu’une expédition anglaise se préparait contre la ville par le Saint-Laurent, Montcalm rallie Québec pour diriger les travaux nécessaires à sa défense. 

Il faut se souvenir que Québec, qui domine de son promontoire le fleuve Saint Laurent au lieu où il se resserre, a l’habitude de devoir se défendre : Il a déjà été capturé par les frères Kirke en 1629 avant d'être rendu à la France en 1632, attaqué le 16 octobre 1690 par William Phips avec une flotte d’une trentaine de navires et plus de 2 000 hommes. C’est à cette occasion que le gouverneur Louis de Buade, comte de Frontenac, répondit au messager de Phips venu le sommer de rendre la ville: «Je nay point de reponse a faire a vostre general que par la bouche de mes canons et a coups de fuzil...». Les troupes de Phips furent repoussées, perdant un millier d’hommes par le combat et la maladie.

Québec constitue en effet la clé de voute de la Nouvelle-France. Sa position géographique permet de contrôler la colonie, avec son promontoire et sa falaise abrupte face au fleuve qui en fait une forteresse naturelle. La ville étant située au point de pénétration intérieure le plus avancé sur le Saint-Laurent, les navires qui proviennent d’Europe s’y arrêtent et elle est le point de convergence de la traite des fourrures Stratégiquement, l’étroitesse du fleuve devant Québec permet de contrôler la navigation, tandis que la baie de Beauport offre un havre aux navires,

Québec compte 8000 habitants, une population importante à l’échelle de l’Amérique du XVIIIe siècle. Les villages, les champs et les pâturages entourent une ville fortifiée, unique en Amérique du Nord, dotée d’une architecture monumentale, de riches maisons mais aussi de rues boueuses et insalubres bordées de bicoques. Son port fait partie d’un réseau d’échanges commerciaux entre la France, les Antilles, l’Acadie et Terre-Neuve, les navires exportant fourrures et bois tandis qu’ils importent des produits européens et antillais. 

 

C’est cette belle ville établie sur ce site depuis un siècle et demi que le général Wolfe s’apprête à détruire avec près de deux mille canons, pour que les Britanniques puissent enfin régner sans partage sur l’Amérique du Nord et à leur suite les Américains sur le monde…

 

À SUIVRE

 

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L'IMPASSE SYRIENNE

21 Février 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

L'IMPASSE SYRIENNE

 

Tout le monde a désormais compris que Dae’ch malgré ses horreurs, n’était qu’un jouet dans le conflit qu’ont ouvert les Etats-Unis contre l'État syrien, le 13 mars 2011.   

 

On me donnera acte d’avoir dénoncé dés le 20 juillet 2012 (Voir en annexe sous forme de PDF mes huit articles précédents sur le sujet), l’illusion que le conflit syrien se ramenait à la lutte du bien contre le mal. Ce mal était personnifié  par le "régime" syrien, violent, oppresseur avec ses prisons où l’on torturait les opposants, démoniaque même, puisqu’il n’hésitait pas à utiliser des armes chimiques contre son peuple.

Contre lui, de gentils opposants s’étaient révoltés à mains nues avant d’être généreusement soutenus par les forces du Bien, invariablement personnifiées par les Etats-Unis et leurs complaisants alliés, au premier rang desquels on retrouvait la France, qui, partout et toujours, est officiellement du côté de la défense des Droits de l’Homme.  

Si vous pensez toujours cela, ne perdez pas votre temps à me lire, car mon analyse est toute autre : le but originel des États-Unis, dans la guerre qu’ils ont mené depuis sept ans contre l'État syrien, était simple : s’emparer de la Syrie pour des raisons stratégiques et économiques, comme toujours.

L’habillage de cet objectif hobbien était transparent : foin de questions humanitaires, il suffisait d’imputer au "régime" syrien les centaines de milliers de morts, d’amputés, de blessés et les millions de personnes déplacées. Plus la guerre provoquait de pertes humaines, plus elle justifiait l'intervention "humanitaire" des États-Unis et de ses alliés. Il est vrai qu'une capitulation rapide de l'État syrien aurait évité toutes ces pertes. En revanche, le massacre des Alaouites, des Chrétiens, des Druzes aurait été imputé  aux  dégâts collatéraux inévitables de toute guerre, même "juste", comme en témoignent les exemples irakien et libyen, avec sept cent mille morts et deux millions de réfugiés en Irak et avec la désintégration de la Libye.

Finalement, tous les objectifs américains initiaux ont échoués en Syrie, comme autrefois au Viêt-Nam : fini le rêve du renversement du régime et de la désagrégation de l’État sur le modèle libyen, bloquée l’implosion confessionnelle entre les alaouites et les sunnites, oublié le basculement de la Syrie dans le camp du Bien.

C’est un échec stratégique majeur pour les Etats-Unis et leurs vassaux, que vient de reconnaitre l’ancien ambassadeur américain en Syrie dans son audition du 6 février 2018 auprès du House Foreign Committee hearing au cours de laquelle il a confirmé que les États-Unis avaient dépensé au moins 12 milliards de dollars entre 2014 et 2017 pour essayer de renverser le régime syrien. Il n'a pas dit combien de morts cela avait provoqué, car il ne s'agissait que de morts syriens...

Seuls les dollars gaspillés comptent et ils ont bel et bien été perdus, car le résultat de cette brillante stratégie est la constitution d’une alliance Russie-Iran-Syrie-Hezbollah-Irak, à laquelle la Turquie est tout près de se joindre, qui est quasiment à l’opposé de leurs objectifs.

En effet, menacée de perdre son seul point d’appui dans la région par la chute programmée d’Assad, la Russie a fini par peser fortement afin de  renverser le rapport de force avec les diverses milices d’opposition. Quant aux Iraniens, il leur fallait garder leur lien avec le Hezbollah, sauf à perdre toute influence au Moyen-Orient : ils ont donc été contraints de s’impliquer, financièrement et militairement, dans le conflit syrien et à renforcer leurs liens avec l’Irak.

Désormais, il ne reste plus qu’un seul objectif réalisable pour les stratèges américains, celui du dépeçage territorial de la Syrie. Pour le réaliser, ils se rabattent sur des troupes désoeuvrées, principalement issues de Da’ech, qu’ils financent et arment contre la Syrie officielle afin de freiner le renforcement du pouvoir central: cinq mille camions d’armes, nous dit Erdogan, ont été livrés à ces milices.

Quant aux Kurdes,  les États-Unis comptent sur eux pour amputer la Syrie de sa partie orientale (la partie jaune de la carte), afin de dresser un rempart entre la Syrie et le Hezbollah à l’ouest d’une part et l’Irak et l’Iran à l’est, un objectif partagé avec enthousiasme par le vacillant premier ministre israélien Benyamin Netanyahou.

Mais cet objectif est déjà hors de portée, comme l’on peut s’en rendre compte en regardant la carte de la Syrie, qui montre que d’une part les forces gouvernementales contrôlent une partie de la frontière Syrie-Irak et que d’autre part les Turcs n’accepteront jamais la constitution d’un État kurde à leurs frontières.

Aussi les États-Unis se sont-ils placés dans une nouvelle impasse :

  • Ils sont installés sur le territoire syrien en violation du droit international.
  • Il va leur falloir choisir entre l’alliance turque et le soutien à l’autonomie des Kurdes.
  • Il va leur falloir soutenir les islamistes de Dae’ch, même rebaptisés sous un autre nom, pour tenir l’est de la Syrie par mercenaires interposés.

 

Il reste à espérer, en attendant que les Etats-Unis veuillent bien réviser leur stratégie, que les populations qu’ils manipulent comptent le moins possible de morts et de blessés supplémentaires…

 

 

PJ : SYNTHÈSE DU CONFLIT SYRIEN

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L'ÉNERGIE NUCLÉAIRE

17 Février 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

L'ÉNERGIE NUCLÉAIRE

 

Dans une situation mondiale où il sera de plus en plus difficile de répondre à la demande d’énergie électrique, la production d’énergie nucléaire est la seule source de production à la fois  abondante et non émettrice de gaz à effet de serre. C’est pourquoi je lui consacre cette série de billets.

 

Le principe de la production d'énergie par fission d'atomes lourds a été découvert en 1938, mis en œuvre pour la première fois en 1942 aux États-Unis à des fins militaires et utilisé au cours  de l’horrible attaque des deux villes japonaises d’Hiroshima et de Nagasaki les 6 et 9 août 1945.

Puis le premier réacteur expérimental de production d'électricité a été mis en service au laboratoire national de l’Idaho aux Etats-Unis le 20 décembre 1951. Ensuite, une première centrale nucléaire a été reliée au réseau électrique le 27 juin 1954  à Obninsk en Union Soviétique.

Aujourd’hui, l'énergie nucléaire, à laquelle on s’intéresse peu, sauf pour dénoncer ses risques, fournit tout de même 16% de l'électricité produite dans le monde, grâce à 438 centrales nucléaires (2014).

On envisage désormais de l’utiliser pour l'extraction des pétroles « non conventionnels » provenant des sables bitumineux au Canada et des schistes bitumineux aux Etats-Unis. En effet, ces extractions nécessitent une forte consommation d’énergie qui est aujourd’hui obtenue par le produit final ou par le gaz naturel, ce qui revient dans un cas comme dans l'autre à doubler les rejets de CO2. Or, lorsque le prix du baril de pétrole dépassera durablement les 70 dollars, l’énergie nucléaire sera moins coûteuse. De même, faudra t-il utiliser les hautes températures des centrales nucléaires pour produire de l'hydrogène afin de  remplacer le pétrole utilisé par les différents moyens de transport.

 

On constate ainsi l’extrême importance du prix du pétrole pour l’arbitrage entre les sources d’énergie, le niveau de pollution qui en résulte et le climat de la Terre.

 

La France est le pays qui utilise proportionnellement le plus d’énergie nucléaire dans le monde, car elle ne dispose pratiquement pas de ressources fossiles sur son territoire.

De 1945 à 1960, elle a tout d’abord largement recouru à l'hydraulique, puis ces ressources étant presque totalement exploitées, elle a développé des centrales à énergies fossiles, charbon et pétrole, avant d’accorder la priorité à l’énergie nucléaire après les chocs pétroliers des années 1970, afin de remplacer les combustibles fossiles.

Des investissements considérables ont été consacrés à l’énergie nucléaires, avec 58 centrales atomiques en activité en 2014, qui fournissaient 77% de l’électricité produite en France (données EDF). Pour le reste, 18,2% de l’électricité provenaient des énergies renouvelables, surtout hydrauliques, les 4,8% restant étaient fournies par des centrales thermiques.

Il faut noter que ces investissements nucléaires n'ont nullement été motivés par la volonté de diminuer les rejets de CO2. En revanche, dans les années à venir, cette diminution a de fortes chances de devenir un élément moteur de l'augmentation de la part de l'électricité d’origine nucléaire dans le panier énergétique français, comme dans les autres pays.

 

Pour saisir l’enjeu, le développement et les choix technologiques des centrales nucléaires, il est nécessaire de comprendre comment elles fonctionnent.

 

À SUIVRE

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À DAKAR, LA SIESTE ET AUTRES TÂCHES URGENTES

13 Février 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

À DAKAR, LA SIESTE ET AUTRES TÂCHES URGENTES

 

Laissons ces considérations sur la stratégie de la coopération française vis à vis de l’Afrique, pour revenir à notre installation à Dakar à l’automne 1980.

 

J’ai mentionné le studio que l’on nous avait attribué en attendant d’être logé dans l’appartement qui allait nous être affecté. Grâce à ce studio, j’ai battu un record.

En effet, un dimanche où je me trouvais seul à Dakar, mon épouse étant en déplacement, j’ai décidé de faire une petite sieste vers 13 heures, ce qui était pour moi tout à fait inhabituel. Mais je n’avais rien d’autre à faire dans cette ville où je ne connaissais, pour le moment, presque personne.

Or ce fut un moment exceptionnel.

À part quelques vagues réveils comateux, j’ai dormi jusqu’à 10 heures le lendemain matin : la sieste avait duré 21 heures, mon record de sommeil, jamais surpassé depuis ! C’était une sieste qui avait aussi un sens symbolique, car j’étais tout à coup réduit à une inactivité totale, sans cours, sans responsabilité et sans connaissances à fréquenter.

D’accord, sur ce dernier point j’exagère un peu, car je connaissais au moins une personne, Alain Massiera, qui m’avait précédé à Dakar de quelques mois. Alain, je le connaissais déjà lorsque je fréquentais le lycée à Nice vers lequel nous allions souvent ensemble. Il était venu à Dakar pour des raisons personnelles, il s’y plaisait beaucoup et il y est resté fort longtemps. Comme moi, il avait un poste d’enseignant en gestion à la Faculté de Droit, de Sciences Économiques et de Gestion de Dakar. Je le vis donc beaucoup au cours des trois années suivantes, dans toutes sortes de circonstances. Puis, dès mon retour en France, je ne le vis quasiment plus du tout. Mais ce n’est pas le cas général, car de très fortes amitiés se sont liées à Dakar. 

La sieste mémorable s’était déroulée lors du week-end. Elle n’aurait pas pu avoir lieu pendant la semaine, car nous étions très occupés malgré les cours qui tardaient à démarrer. Imaginez cela : il fallait une carte de résident, une plaque d’immatriculation et une assurance pour la voiture, un compte en banque auprès de la Trésorerie de la Coopération, puis lorsque l’appartement serait disponible, une livraison des cantines, un abonnement à l’électricité et pour les snobs un abonnement au  téléphone, qui, inimaginable aujourd’hui, ne servait pas à grand-chose, et bien sûr j’en oublie.

Toutes ces formalités supposaient des déplacements en ville, un parking souvent confié à la garde des lépreux qui nettoyaient aussi la voiture, une longue attente à  des guichets, un livre pour s’occuper l’esprit, un esprit qui petit à petit prenait conscience qu’il convenait en ces lieux de n’être ni pressé, ni énervé, ni anxieux.

Je pris donc l’habitude, pendant les semaines qui furent nécessaires à l’obtention de l’ensemble des papiers, autorisations, connections, contrats ou livraisons, de faire la queue à partir de 9 heures environ jusqu’à 11 heures précises, abandonnant alors la file d’attente quoi qu’il se fut passé, résultat atteint ou non, peu importe, pour aller tranquillement acheter Le Monde (s’il était arrivé) et me rendre au Laeticia, un café salon de thé où je m’asseyais sur une banquette en skaï de couleur orange, attendant sans qu’il soit utile de parler, que les serveurs me portent invariablement une orange pressée, un café semi allongé et un croissant.

Vingt ans plus tard, je suis revenu à Dakar pour donner une semaine de cours. Je suis allé boire un café au Laeticia, situé en plein centre de Dakar près de la Cathédrale, et sans même que j’ouvre la bouche, les mêmes serveurs avec des chevelures désormais blanchies m’ont servi, comme si j’étais venu la veille, une orange pressée, un café semi allongé et un croissant. Et bien sûr la banquette était toujours en skaï, désormais fendillé, et toujours d’une couleur orange légèrement adoucie par les deux décennies écoulées…

 

C’était le Sénégal, où chacun reconnaissait l’autre et où le temps s’écoulait avec tellement de majesté qu’il ne convenait pas de le bousculer avec des tâches à faire, des objectifs à remplir ou des contraintes à respecter : il ferait son œuvre, quand cela lui conviendrait…

Est-il possible que les choses aient changées depuis ?  

À SUIVRE

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ELIMINER L'EXCÉS DE DIOXYDE DE CARBONE

9 Février 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

ELIMINER L'EXCÉS DE DIOXYDE DE CARBONE

 

Éliminer l’excès de CO2 demande de produire de l’énergie « propre », de réduire les gaspillages de sa consommation et, à la limite, d’agir directement sur le climat de la Terre.   

 

Lorsqu’on pense énergie propre, en dehors des turbines hydrauliques de toujours, on constate le succès des panneaux photovoltaïques, qui permettent, avec seulement 30 m², de répondre à la demande d’un ménage moyen dans le Nord de l’Europe, et avec bien sûr beaucoup moins de surface dans le Sud.

On observe aussi l’installation de turbines éoliennes, qui, malgré leurs nuisances, offrent la possibilité d’obtenir de fortes puissances instantanées. À ces moyens en fort développement, il faut ajouter la biomasse, constituée de diverses matières organiques comme le bois, la paille, le blé ou le maïs, l’énergie des vagues et des marées et la géothermie.  

Mais, à moins de couvrir la Terre de panneaux photovoltaïques, la seule énergie abondante, tout en étant neutre en CO2, reste celle issue de la fusion et de la fission nucléaires, avec de nouvelles générations de réacteurs en cours d’installation ou d’expérimentation. Je reviendrai prochainement sur ce sujet curieusement négligé dans un pays où pourtant l’énergie nucléaire domine.

Disposant d’énergie « propre », il est nécessaire de bien l’utiliser, à commencer par l’organisation d’un réseau électrique plus rationnel, que l’on appelle smart grid, avec des  composants du réseau électrique qui communiquent entre eux afin d’équilibrer  l’offre et la demande. Cette organisation du réseau est en marche en Europe. On peut y ajouter la fabrication de produits moins nocifs pour l’environnement et moins consommateurs d’énergie, grâce notamment à leur recyclage.  

Mais puisque le CO2 continue à augmenter inexorablement dans l’atmosphère, on cherche à le stocker, dans des champs gaziers vides ou dans les fonds marins. Ces solutions provisoires devraient un jour laisser place au geo-engineering, qui consiste à intervenir directement dans la marche de la planète Terre. À cet égard, on projette de modifier l’albédo (le pouvoir réfléchissant) de la Terre en créant des nuages stratus au-dessus d’une grande partie de la surface des océans ou de la refroidir en projetant, comme lors des éruptions volcaniques, de grandes quantités de dioxyde de soufre (SO2). 

On prévoit aussi d’agir sur le système biologique de la Terre par la plantation d’arbres, par l’engraissage des algues océaniques par du fer ou en procédant à  la synthèse directe de la nourriture par des matières premières anorganiques.

On envisage enfin de tenter de réduire la quantité d’énergie que la Terre reçoit du soleil, en installant dans l’espace un grand écran solaire ou des ballons stratosphériques réfléchissants.

 

Tous ces projets montrent a minima que l’humanité n’est pas sans idées face à la nuisance qu’elle a elle-même créée, ce qui rassure sur ses perspectives de survie à long terme…

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LIMITER LE RÉCHAUFFEMENT DU CLIMAT

5 Février 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

LIMITER LE RÉCHAUFFEMENT DU CLIMAT

 

Pour que l’humanité parvienne à limiter le réchauffement de la planète, il lui faut réduire les émissions de gaz à effet de serre.

 

 

Parmi les activités humaines qui provoquent l’émission de gaz à effet de serre, 60 %, proviennent du CO2 dégagé lors de la combustion des carburants fossiles pour la production d’électricité, les transports, les processus pétrochimiques et industriels et le chauffage. Il s’y ajoute la déforestation, qui est responsable de 15% des émissions de gaz à effet de serre.

Ce constat a conduit la communauté internationale à se manifester à plusieurs reprises, après le rapport fondateur du Club de Rome (1972) : 

  • En 1992, une Conventioncadre des Nations Unies sur les changements climatiques a été approuvée à Rio de Janeiro, sans objectif quantitatif et timing précis.
  • En 1997, le Protocole de Kyoto a permis de prendre des engagements stricts. Il est entré en vigueur en février 2005, a été ratifié par 193 pays, mais n’a été que partiellement respecté, notamment par  les Etats-Unis, qui sont de loin, on s’en doute, les plus gros pollueurs avec la Chine. 
  • En 2015,  196 pays sur les 197 que compte l'ONU ont signé ou se sont engagés à signer l'accord de Paris sur le climat, ce qui fait que ce texte est le plus largement signé de l'histoire de l'humanité. L'accord prévoit de contenir le réchauffement climatique « bien en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels » et de diminuer les émissions des gaz à effet de serre durant les années 2150-2200 jusqu’à un niveau qui permettra de les absorber par les puits de carbone (forêts, océans, techniques de capture et stockage du carbone). Les critiques de l’Accord de Paris soulignent l’irréalisme de ses objectifs, car la  probabilité de limiter le réchauffement climatique à 2 °C d’ici 2100 serait faible, et l’insuffisance des moyens, étant donné que l’accord n'est que partiellement contraignant du point de vue juridique.

Pour la mise en œuvre de ces accords, un certain nombre de moyens doivent être en effet mobilisés pour réduire l’empreinte humaine sur le climat.

On peut répertorier des domaines d’intervention possibles sur le style de l’humanité :

  • L’évolution de l’alimentation, qui devrait donner la préférence aux produits locaux, frais et de saison, en évitant les cultures en serres chauffées, la réfrigération et le conditionnement. Il s’agit aussi de réduire la quantité de viande consommée, puisque 18 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre sont dus à l’élevage du bétail, alors qu’il faut en moyenne 7 kg de céréales pour produire 1 kg de viande. On est loin de tout ça.
  • Ensuite, réduire les émissions de CO2 dues au transport, qui est responsable de 14 % des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial, parmi lesquelles le transport routier compte pour 70 %. Alors que l’émission moyenne de CO2 d’un Français pour assurer sa mobilité est de 3 125 kg par an, un voyage en avion de Paris à New York représente à lui seul 3 880 kg de CO2 par personne, équivalent de 20 000 km de conduite en voiture. Les voitures électriques sont conçues pour réduire ces émissions, en attendant que les navires et les avions limitent leurs propres émissions
  • De plus les habitations et les bureaux peuvent aisément réduire leur consommation énergétique en mazout, en gaz naturel et en électricité grâce à de meilleures isolation et organisation. À cet égard, la croissance folle de la climatisation en Chine ne laisse d’inquiéter. Il s’y ajoute le développement d’Internet, l’accumulation des Big Data participent de plus en plus à la consommation de l’énergie et donc à la diffusion des gaz à effet de serre, puisqu’il est désormais générateur de plus de 10% de la consommation d’énergie électrique.

 

Les pistes ne manquent donc pas, du côté des consommateurs, pour réduire la consommation des gaz à effet de serre, sans entrainer des effets trop négatifs sur le cadre de vie humain. Dans le même temps, il s’agit d’accroitre la production d’énergie propre, de rationaliser sa consommation ou, à défaut d’agir carrément sur le climat.

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LE CLIMAT FUTUR

1 Février 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

LE CLIMAT FUTUR

 

La température est en train de s’accroitre, que les raisons soient anthropologiques ou pas. Il reste donc à en saisir les effets.

Pour interpréter le changement climatique actuel, les scientifiques analysent l’histoire du climat en se fondant sur l’évolution des anneaux des arbres, du corail, des sédiments ou des gaz résiduels piégés dans la glace de l'Antarctique.

Le GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat) n’est pas en mesure de prévoir l’augmentation de la température de la Terre au cours de ce siècle, puisqu’il fournit une prévision de croissance avec un écart considérable, de 0,3 à 4,8oC.

On peut en conclure que la température continuera plus ou moins à augmenter et les conséquences seront plus ou moins fortes selon le niveau d’accroissement de cette température. Ces dernières seraient de quatre ordres, à savoir des phénomènes climatiques extrêmes, des saisons plus instables, la montée du niveau de la mer et la fonte des glaciers :

  • Des phénomènes météorologiques extrêmes : les cyclones tropicaux, dont on a observé les effets en 2017, devraient  s'intensifier en raison de l'augmentation de la température des océans. Déjà, en 2005 on avait observé quatre ouragans de catégorie 5, dont Katrina et ses 700 morts aux Etats-Unis. La même année, l'Europe a connu son  premier ouragan dans la péninsule ibérique.
  • Des saisons plus instables : le printemps commence de plus en plus tôt dans l’hémisphère Nord, provoquant l’arrivée précoce de la floraison et de la nidification des oiseaux, ainsi que l’allongement de la période de croissance des plantes. Si le réchauffement du climat a un impact positif sur les récoltes dans les latitudes élevées, il a au contraire un impact négatif sur les rendements plus au sud. De plus les espèces se déplacent plus au nord, avec l’irruption de nouvelles espèces nuisibles.
  • Le niveau des mers va continuer à s'élever, ce qui menace de nombreuses zones côtières, comme le Bangladesh et des îles de l'océan Pacifique et de l'océan Indien, comme l’archipel des Tuvalu et les Maldives. Sur les côtes, les mangroves sont menacées par l'élévation rapide du niveau des océans.
  • Le réchauffement des océans met en danger la faune et la flore marines, dont le corail, en provoquant une modification de la répartition géographique des espèces. Le réchauffement des eaux marines et l’absorption du COde l’atmosphère provoque la croissance du phytoplancton, mais menace les organismes marins producteurs de calcaire, en raison de la baisse du pH de l’eau de mer.
  • La fonte des glaciers,  amorcée depuis 1850, à la fin du petit âge glaciaire, s’accélère. Elle risque d’occasionner des inondations ainsi que des pénuries d’eau, car 70 % de l'eau douce de la Terre est gelée. Ainsi les glaces de l’Himalaya alimentent sept grands fleuves, dont l’Indus, le Gange, le Mékong et le Yang-Tseu-Kiang. De plus, Le pergélisol, un sol sibérien d’une surface d’un million de  km2,jusqu’ici gelé en permanence, est en train de dégeler. Cette fonte provoque la libération de milliards de tonnes de méthane, un puissant gaz à effet de serre qui contribue à un nouvel accroissement de la température terrestre. 

 

 

Toute une série de modifications de l’environnement humain sont donc en cours, qui sont en majorité négatives. Il reste à les atténuer ou à se préparer aux conséquences.

 

À SUIVRE

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