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Le blog d'André Boyer

L'IRAN ENTRE ARABES ET MONGOLS

26 Novembre 2019 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

L'IRAN VERS L'AN MILLE

L'IRAN VERS L'AN MILLE

La civilisation sassanide n’attendait rien de la société arabe, qu’elle côtoyait et combattait depuis longtemps. Cédant à la force, elle adopta l’Islam et l’écriture, tout en s’employant à rejeter son pouvoir.

  

Peu à peu, les tribus arméniennes et iraniennes furent soumises à une imposition différentielle qui privilégiait les Arabes. La résistance aux envahisseurs diminua avec l'arabisation de l'administration effectuée par des fonctionnaires sassanides complices, qui revendiquaient pour eux-mêmes un statut d’arabisés. Même les émissions de drachmes sassanides se poursuivirent, montrant ainsi concrètement la continuité entre l’administration sassanide et le pouvoir arabe. 

Puis la révolte iranienne survint. 

Le Khorassan, la partie orientale de l’Iran, appuyée par les syro iraniens et une partie des tribus arabes, se souleva vers 740 et porta au pouvoir le petit-fils d’Ibn Abbas, un cousin de Mahomet. Cette faction perso-arabe, appelée abbasside s’empara aussi de l’Irak, prit Damas et massacra les omeyyades qui avaient conquis l’Iran. L’administration sassanide, impavide, transmit alors ses pratiques à la nouvelle administration abbasside.  

Les Iraniens reprirent du coup toutes leurs forces. Ils s’imposèrent dans l’éducation, la philosophie, la littérature, l’histoire, la géographie, la jurisprudence, la médecine et les  sciences. L’armée abbasside, composée majoritairement de Khorassaniens et complétée par des éléments arabes, fut dirigée par un général iranien, Abû Muslim : soixante-dix ans après la conquête arabe, les Iraniens avaient repris le pouvoir. 

Les Abbassides établirent leur capitale à Bagdad et intégrèrent des tribus guerrières nomades turcophones qui prirent progressivement le pouvoir, là où elles s’établirent. Des dynasties locales firent alors leur apparition dans diverses parties de l’Iran, dont, à partir de 875, les Samanides originaires de Boukhara en Ouzbékistan, qui conquirent l’est de l’Iran. Mais malgré les vicissitudes de la distribution du pouvoir politique et militaire, l’indépendance par rapport aux Arabes entraina un renouveau de la langue et de la vie intellectuelle persanes.  

Renforçant cette indépendance, un nouveau groupe turc originaire de l’Amou Darya, les Seldjoukides, prit progressivement le pouvoir central en Iran. En 1055, le calife de Bagdad reconnut leur autorité sur l’est de l’Iran, qui vécut alors une renaissance culturelle et scientifique, symbolisée par la création d’un observatoire à Ispahan, où Omar Kayyam inventa le calendrier doté d’une année bissextile.

 

C’est alors, au début du XIIIe siècle, que l’Iran subit l’invasion mongole. 

 

La conquête mongole débuta en Perse en 1219. L’empire Mongol de Gengis Khân voisinait alors avec les frontières iraniennes de l’Empire iranien, gouverné par Shâh Alâeddin Mohammad. 

À l’origine, Gengis Khan ne visait pas, semble-t-il, l’invasion de l’Iran, mais la signature d’un traité commercial. En effet, il était déjà en guerre contre la dynastie Jin en Chine septentrionale et il souhaitait éviter l’ouverture d’un second front. 

En vue de ce traité commercial, il envoya une forte ambassade de cinq cents personnes, des commerçants mongols, en Perse, mais la caravane fut emprisonnée, soupçonnée d’être composée d’espions. Gengis Khan envoya alors une seconde ambassade composée de trois personnes pour demander la libération de la première ambassade, mais le Shâh prit si mal cette demande qu’il fit exécuter tous les membres de la première caravane, décapiter l’un des ambassadeurs de la seconde et tondre les deux autres avant de les renvoyer chez Gengis Khan.

 

Ce dernier décida alors d’attaquer la dynastie iranienne. Les Mongols traversèrent les montagnes de Shan (ou Tian) et atteignirent la frontière de l’empire iranien en 1219. 

 

À SUIVRE

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LE MARQUIS DE VAUDREUIL

21 Novembre 2019 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

LE MARQUIS DE VAUDREUIL
C’est la fin de la Nouvelle-France. Chacun le sent, à commencer par son premier défenseur, le Marquis de Vaudreuil. C’est donc le moment où jamais de dresser son portrait, avant de baisser le rideau sur son ère.

Pierre de Rigaud de Vaudreuil de Cavagnial est le seul gouverneur né dans la colonie de la Nouvelle-France. Quatrième fils de Philippe de Rigaud, il est né le 22 novembre 1698 à Québec et mort à Muides (Loir-et-Cher) le 4 août 1778. 

Enseigne dans les troupes de la marine avant 10 ans, il reçoit le brevet de lieutenant avant 14 ans, promu capitaine à 17 ans et lieutenant de vaisseau à 28 ans. Il a donc une sérieuse expérience militaire, lorsque, à 35 ans, il devient gouverneur des Trois-Rivières (1733) puis de la Louisiane, où il débarque en 1743, par la Nouvelle-Orléans. 

Il a laissé un bon souvenir aux mille cinq cent habitants de la ville, parce qu’il a réussi à faire venir des troupes régulières et à achever les fortifications, d’autant plus que sa femme, la fille d’un notable de Montréal qu’il venait d’épouser et qui ne lui donna pas d’enfants, adorait les fêtes et parvint à constituer une petite cour élégante qui faisait venir de Paris des carrosses. 

Vaudreuil se montra un administrateur entreprenant, dans une situation peu favorable. D’une part la colonie défendue par quelques forts était faiblement peuplée, avec quelques villes, La Nouvelle-Orléans, Baton-Rouge, Saint-Louis du Missouri, des fermes dispersées le long du Mississippi jusqu'au Pays des Illinois et des postes de traite de fourrures. Sa situation au centre du continent faisait qu’elle était entourée par d'autres puissances coloniales et par diverses nations indiennes,  ce qui limitait les communications avec la Nouvelle-France, comme avec la France, et rendait le ravitaillement de la colonie difficile. 

Pour protéger la colonie, Vaudreuil obtint l'envoi de 1 850 soldats en 1750 et s'efforça de rattacher les Indiens à la cause française. Ainsi, à titre d’exemple, un conflit oppose Vaudreuil au printemps de 1746 à Soulier Rouge, le chef d'une faction chacta favorable aux Britanniques. Soulier Rouge appelle les autres nations à faire la paix entre elles et à se rallier aux Anglais et tue trois Français. À titre de représailles, Vaudreuil offre une récompense pour la tète de Soulier Rouge et de deux Anglais, têtes qu’il obtient.  

Vaudreuil développa le commerce avec les colonies espagnoles proches, comme Cuba et le Mexique, encourageant la production et l'exploitation des peaux, du tabac, du riz, de l'indigo. Lorsque débute la Guerre de Sept ans, le Roi le nomme, le 1er janvier 1755, gouverneur général de la Nouvelle-France avec le baron de Dieskau comme commandant en chef des troupes régulières françaises et de leurs alliés indiens. Quatre nouveaux bataillons sont affectés à la Nouvelle-France, mais Dieskau se débrouille d'être battu, blessé et fait prisonnier le 8 septembre au lac Saint-Sacrement (Lac George) par le colonel William Johnson. 

Aussi, devant l’incapacité des officiers venus de France à mener une guerre adaptée au contexte de la Nouvelle-France, Vaudreuil est réticent à accueillir un autre officier général, mais le Ministère de la Marine n’en a cure et envoie le marquis de Montcalm, qui reste subordonné à Vaudreuil et est reçu à ce titre le 26 mai 1756 à Québec. 

Vaudreuil mène alors une guerre de partisans et remporte des victoires importantes avec des troupes mélangées de réguliers, de partisans et d’Indiens conduits par De Rigaud et Montcalm. Vaudreuil reproche à Montcalm son manque d’audace, notamment contre le fort Edouard, ce qui lui a fait manquer une victoire décisive. Cependant Montcalm parvient encore, au printemps de 1758, à remporter la campagne de Carillon.  

Lorsque vient le siège de Québec, Vaudreuil fait recenser et mobiliser toutes les forces de la Nouvelle-France, en dehors des troupes régulières et des Indiens, soit quinze mille trois cent hommes valides. Il rejoint Québec, mais entretemps, hélas, Montcalm a obtenu du Ministère de ne plus être subordonné à Vaudreuil.  

Alors que Montcalm réussit à se faire battre par des troupes anglaises, qui s’étaient pourtant elles-mêmes piégées sur les plaines d’Abraham, Vaudreuil retraite jusqu’à Montréal, une fois Montcalm mort. Il engage M. de Lévis, en qui il a beaucoup plus confiance qu’en Montcalm, à livrer aux Anglais la bataille de Sainte Foy le 28 avril 1760, une victoire incomplète puisqu’elle ne permet pas de récupérer Québec. 

Dés le 15 mai, avec l'arrivée d'une flotte anglaise, il faut à nouveau retraiter sur Montréal. La suite logique de l’histoire, nous allons le voir, c’est la capitulation du 8 septembre 1760, le retour de Vaudreuil à Paris, son emprisonnement pendant huit mois à la Bastille jusqu’à ce que sa responsabilité dans la perte de la Nouvelle-France soit complètement dégagée. Le 8 mai 1764, M. de Choiseul lui écrivait : « Le roi a reconnu avec plaisir que la conduite que vous avez tenue dans l'administration qui vous a été confiée a été exempte de tout reproche et vous accorde une pension de 6,000 livres ». Il vécut le temps de sa retraite avec son frère, Pierre-François, au château de Muides dans le Loir-et-Cher où il mourut le 4 août 1778. 

 

Vaudreuil connaissait bien la Nouvelle-France où il était né et où il avait servi. Il savait comment la défendre par le biais d’une guerre de partisan plutôt qu’à l'aide d'une guerre à l’européenne. Finalement il a défendu la Nouvelle-France jusqu’au bout du raisonnable…

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DÉCOUVERTES À PÉKIN

16 Novembre 2019 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

EN VÉLO À PÉKIN EN 1985

EN VÉLO À PÉKIN EN 1985

J’ai beaucoup à raconter sur mon séjour en Chine, car j’ai copieusement appris pendant ces deux mois et les leçons que j’en ai tiré sont toujours présentes à mon esprit. 

 

Ce n’était pas la première fois que le NMTC (National Management Training Center), un organisme fondé par la Chine pour moderniser le management de ses entreprises publiques, recevait des professeurs étrangers. Il avait passé un contrat pour un programme de formation de cadres avec l’Union Européenne, qui l’avait sous-traité à l’EFMD et c’est ce dernier qui m’avait recruté avec deux collègues, un français, Philippe Dumas et un professeur italien dont j’ai malheureusement oublié le nom. 

La session d’enseignement était dédiée aux techniques quantitatives, l’informatique (Philippe Dumas), les mathématiques financières (le professeur italien) et les statistiques pour la gestion (moi-même). Rude session pour les étudiants chinois ! 

Nous étions logé dans un gigantesque établissement hotelier situé à quelques kilomètres des locaux du NMTC, le Friendship Hotel, dont la haute enceinte renfermait de nombreux bâtiments, hôtels, restaurants et établissements de service. On y trouvait évidemment des restaurants chinois, médiocres, mais aussi, oh curiosité et délice, un restaurant…bolivien ! On y trouvait même des tennis sommairement aménagés. L’ensemble avait été construit dans les années cinquante pour les besoins de la coopération soviétique de l’époque, d’où son nom, à la consonance militante. La chambre qui m’avait été attribuée, on peut même dire le petit appartement, était correcte, avec des meubles un peu rustiques, manifestement fabriqués localement dans un style communiste que je retrouverais plus tard à Prague. 

Je me suis rapidement adapté à ce cadre nouveau, un peu étrange mais fonctionnel. J’ai découvert tout de suite que l’on trouvait sans difficultés à Pékin tous les produits de première nécessité, y compris des piles ou du thé (sic) et nettement moins cher qu’en France. 

Je me suis rendu dés le lendemain de mon arrivée au NMTC, un bâtiment de dimension modeste, équipé à l’ancienne, comme dans le Friendship Hotel, de bureaux rustiques et de salles de classe fleurant bon les années cinquante, avec leur tableau noir et leurs pupitres alignés. Tout a radicalement changé depuis et les salles de cours chinoises n’ont désormais rien à envier aux nôtres, au contraire !  

J’ai rapidement résolu la question du déplacement par l’entremise de Geneviève Barré, en achetant, pour une centaine d’euros, un vélo d’occasion qui avait appartenu à un professeur précédent. Ce vélo était de la marque Flying Pigeon, marque célèbre à l’époque en Chine. Avec ce vélo, je pouvais parcourir en une heure les 21 kilomètres qui séparaient le Friendship Hotel de la Place Tian an Men, autour de laquelle on pouvait trouver quelques lambeaux de vie européenne, comme cet hôtel restaurant suisse où l’on pouvait trouver les uniques pizzas de Pékin. 

Faire du vélo à Pékin à l’époque (aujourd’hui c’est proprement impossible en raison des gigantesques embouteillages qui encombrent la ville) consistait à se glisser dans un flot, plus précisément dans le courant d’un fleuve de cyclistes. Le matin, quand j’allais au NMTC, je voyais souvent les mêmes, qui voyageaient de concert, qui se parlaient, qui se disputaient, certains dotés d’un porte-bagage fort chargé de légumes, de cages pleines de poules, de caisses, voire de réfrigérateurs. 

Tout un monde circulait au sein de ce fleuve cycliste, forcément à la même vitesse. On pouvait s’y fondre et passer la journée à pédaler et à observer du haut de son vélo le quotidien chinois. 

Lorsque, forcément, l’on s’arrêtait et posait son vélo le long d’un hutong*, surgissait aussitôt une sorte de dame patronnesse armée d’un petit ticket jaune qu’elle remettait à l’heureux possesseur du vélo contre quelques centimes de Renminbi**, lui permettant de laisser son véhicule en stationnement, je n’ai jamais su pour combien de temps. 

 

Mais bien sûr, je ne faisais pas que du vélo, je donnais aussi des cours, qui se passaient dans des conditions fort différentes de l’IUT et l’IAE…

 

Un hutong (en chinois 胡同) est un ensemble constitué de passages étroits et de ruelles, principalement à Pékin.

** Le renminbi (RMB) est le nom officiel de la monnaie chinoise qui signifie « la monnaie du peuple ». Le yuan est le nom désignant la monnaie chinoise en tant qu’unité de compte. 

À SUIVRE

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VERS LE VERTIGE DES MULTIVERS

11 Novembre 2019 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

VERS LE VERTIGE DES MULTIVERS

En 1998, l’observation de dix supernovæ* a remis en question le modèle cosmologique couramment accepté jusqu’alors, ouvrant la voie à d’autres remises en question fondamentales. 

 

En effet, les modèles d’Univers décrivaient tous une expansion de l’Univers plus ou moins décélérée, lorsque Adam Riess et ses collaborateurs publièrent leurs observations sur dix supernovæ de type Ia* qui se trouvaient 10 à 15% plus loin que prévu par les modèles standards. En d’autres termes, l’expansion de l’Univers était donc plus rapide qu’attendue.

Or, pendant plus d’un siècle, les cosmologues avaient considéré comme évident que l’expansion de l’Univers ne pouvait être que décélérée, parce que ralentie par les forces de gravitation générées par la masse de l’Univers. 

Pour obtenir une accélération, il fallait imaginer qu’il existât dans l’Univers une force répulsive et non attractive, une force inconnue que l’on a qualifié « d’énergie noire » dont on ne sait toujours pas si elle varie avec le temps, alors que son comportement va déterminer le destin de l’Univers. En effet, si la constante cosmologique , qui détermine l’accélération de l’expansion de l’Univers, reste fixe, l’Univers va se diluer et devenir de plus en plus froid, sauf si l’énergie noire contrarie cette tendance en évoluant au cours du temps.

Quoi qu’il en soit, nous avons progressé dans la connaissance de l’Univers : en découvrant que l’expansion de l’Univers était en accélération, on a pu corriger l’âge de l’Univers, qui serait plus vieux que ce qu’indiquait l’ancien modèle d’un Univers en décélération. On connait aussi la composition de l’Univers, à peine 4% de matière ordinaire, 26% de « matière noire » ** et 70% d’énergie noire. 

Comme l’hypothèse de l’énergie noire échappe pour le moment à toute détection, rien ne nous empêche de faire l’hypothèse qu’elle n’existe pas, en considérant que l’observation des phénomènes nouveaux qui ont entrainé la construction du concept d’énergie noire ne sont dus qu’à l’insuffisance de la théorie de la relativité générale. Diverses théories explorent actuellement cette piste de la remise en question de la théorie de la relativité générale, qu’un esprit curieux peut parcourir en détail : la théorie des cordes, la gravité quantique à boucle ou les théories fondées sur le principe holographique. 

Reste enfin l’explication du Big Bang. La version classique du Big Bang fait état d’une « singularité » pendant laquelle la température et la densité de l’Univers tendent vers l’infini. Mais ce que l’on appelle « singularité » n’est au fond que l’aveu d’une ignorance, provoquée par la longueur de Planck, 10-35 mètres, qui nous empêche de voir, nous les humains, ce qui se passait dans l’Univers lorsqu’il était plus petit que 10-35 mètres. Pour nous, il était alors indéterminé.  

Mais ce blocage, cette limite, ne plait pas à l’esprit humain. Alors les astrophysiciens ont élaboré des théories telles que celle de l’inflation, à la mode à l’époque où j’écris, qui décrit une période d’expansion exponentielle dans les tout premiers instants de l’Univers et qui, c’est son but, fournit des explications convaincantes à divers problèmes non résolus. 

La théorie de l’inflation a pour conséquence de prédire l’existence d’univers multiples, où les variables fondamentales de la physique pourraient prendre des valeurs différentes. L’Univers, conçu comme une totalité, serait éternel du fait qu’il produirait une infinité d’univers, des univers qui nous seraient à jamais inaccessibles, en dehors du nôtre.

Cette théorie de l’inflation reste cependant à vérifier, ou à réfuter. Si jamais, il se trouvait qu’elle soit vérifiée, et les astrophysiciens s’y emploient par tous les moyens dont ils disposent, télescopes, satellites et calculateurs de plus en plus puissants, alors oui, il faudrait accepter l’idée que l’Univers serait bien peuplé d’une multitude d’univers, les multivers, formant un ensemble hétérogène, contrasté et variable. 

 

Mais quelles incertitudes nous attendent et quel vertige nous saisit ! Qui osera encore écrire que la science a réponse à tout? L'infinité des univers! L'éternité de l'Univers! N’est-ce pas le moment de se souvenir du célèbre aphorisme de Pascal : « Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie » ? 

 

* Une supernova décrit l'ensemble des phénomènes qui résultent de l'implosion d’une étoile en fin de vie, en particulier sa gigantesque explosion finale qui accroit fortement sa luminosité. Une supernova de type Ia consiste en l'explosion nucléaire d'un cadavre stellaire de type naine blanche.  Une naine blanche est un objet céleste de forte densité et de petite taille qui conserve longtemps une température de surface élevée, d'où son nom de « naine blanche ».

** Pour expliquer la géométrie de l'Univers, la matière totale de l'Univers doit représenter 30 % de son contenu, dont 4% de matière ordinaire (baryonique) et 26 % de matière non baryonique, la matière noire.

 

FIN

 

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L'INVASION DE L'IRAN PAR LES ARABES

6 Novembre 2019 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

BATAILLE D'AL QADISYYA

BATAILLE D'AL QADISYYA

L’invasion de l’Iran* par les Arabes au VIIsiècle s’explique par la montée en puissance des seconds qui coïncida avec une période de faiblesse sans précédent du premier. 

 

L’empire perse sassanide était épuisé par des décennies de guerre contre l’empire byzantin. Le Roi des Perses Khosrow II avait vaincu les rébellions au sein de son propre empire, avant de consacrer son énergie à la lutte contre l’Empire Byzantin, ce qui lui permit d’étendre les frontières perses jusqu’à Antioche, Damas et Jérusalem, avant que les Byzantins ne contrattaquent, le battent à la bataille de Ninive en 627, reprennent la Syrie et pénètrent dans les provinces perses de Mésopotamie (Irak). Ces défaites expliquent sans doute l’assassinat de Khosrow II l’année suivante, en 628. Les prétendants au trône se succédèrent alors à vitesse accélérée, dix en quatre ans, ce qui provoqua une guerre civile entre les différentes factions. Mais l’un des facteurs principaux de la chute de l’Empire Sassanide réside dans la conquête qu’il fit de la tribu arabe des Lakhmides, en 602, lorsque Khosrow II déposa et tua le premier roi chrétien des Lakhmides, qui contestait la suzeraineté de la Perse sur sa tribu. 

La conquête arabe de la Perse commença après la mort de Mahomet en juin 632. Abou Bakr lui succéda en prenant le titre de calife de Médine. Il dut alors livrer les guerres dites d’apostasie, en pratique destinées à contraindre toutes les tribus à lui payer l’impôt, qui durèrent jusqu’en mars 633.

Débutèrent ensuite les guerres de conquêtes. Les premières razzias en Mésopotamie permirent de recueillir un important butin, grâce à la mobilité de la cavalerie légère qui permettait d’attaquer les villes à proximité du désert pour s’y réfugier ensuite. Abou Bakr commença alors à penser en termes de conquêtes. Pour attaquer la Perse, il constitua une armée d’invasion composée de volontaires et dirigée par son meilleur général, Khalid Ibn Al-Walid, qui parvint à prendre la ville frontalière d’Al-Hirah en Mésopotamie. Cet excellent stratège battit ensuite en Mésopotamie toutes les troupes sassanides au cours de l’année 633, jusqu’au moment où il fut rappelé en Syrie, ce qui permit aux Sassanides de contre-attaquer sous l'autorité d'un nouveau roi et de remporter une victoire importante à la bataille du Pont en octobre 634.

Puis, en Syrie, les Arabes battirent les Byzantins à la Bataille de Yarmouken 636 et le second calife, Omar, put alors transférer des troupes à l'Est et reprendre l'offensive contre les Sassanides, tandis que Rostam Farrokhzād, général de Yazdgard III, commettait l’erreur de conduire une forte armée au bord du désert arabe au lieu d’attendre les Arabes sur la rive opposée de l’Euphrate. Aussi fut-il battu lors de la bataille dite d'Al-Qadisiyya(la victoire des victoires) par des Arabes pourtant largement inférieurs en nombre.

Les troupes arabes poussèrent alors leur avantage jusqu'à la capitale sassanide, Ctésiphon, qui fut évacuée après un bref siège, puis continuèrent sur leur lancée vers l'Est, poursuivant Yazdgard IIIet ses troupes. Battant encore les  Sassanides à la bataille de Jalūlā', ils prirent ainsi toute la Mésopotamie. 

Yazdgard III rassembla alors une nouvelle armée pour repousser les envahisseurs. En 642, il fut à nouveau battu à Nahavandet progressivement tout le plateau iranien fut pris par les Arabes. En 674, ils avaient conquis l'Afghanistan, la Transoxiane et une partie de l'Inde. Leurs victoires successives peuvent être attribuées à leur union structurée par le premier calife, face à un Empire sassanide, supérieur en nombre mais désorganisé.

Pour conserver leur cohésion, les occupants arabes s’installèrent alors dans des villes de garnison. Les populations perses, majoritairement zoroastriennes, mais aussi juives et chrétiennes, furent autorisées à pratiquer leur foi sous la contrainte de payer un impôt spécial, la jizya, et de respecter diverses restrictions ayant trait à leur occupation, à la pratique limitée de leur culte et à l'habillement, provoquant un lent processus de conversion à la religion arabe, l’Islam prenant ainsi tout son sens de « soumission ». En outre, les envahisseurs arabes imposèrent l'arabe comme première langue à leurs sujets, mais cette fois la langue persane résista malgré le remplacement de l'alphabet pahlavi-araméen par une version modifiée de l'alphabet arabe.  

Il faut enfin souligner le rôle de l’administration sassanide, clientélisée, arabisée et islamisée, qui se donna pour tâche de répandre la propagande omeyyade en confondant soumission à son joug et adhésion à la religion coranique. Cependant une grande partie de la population iranienne agro-pastorale resta attachée au zoroastrisme traditionnel, malgré l’imposition de la jizya, réservée aux non musulmans.  

 

On aurait pu croire qu’avec la conquête de la Perse, l’histoire, d’une certaine manière, était achevée. Mais il n’en fut rien, car, peu à peu, la Perse se libéra des Arabes et reprit son autonomie millénaire. 

 

* Nous emploierons indifféremment dans ce billet et les billets ultérieurs les termes de Perse et d’Iran. 

 

À SUIVRE

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MONTRÉAL ENCERCLÉ

1 Novembre 2019 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

MONTRÉAL ENCERCLÉ

 

 

Après la bataille des Mille-Îles, les forces d'Amherst sont restées au fort Lévis pendant quatre jours avant de continuer vers Montréal, tout en perdant au moins quatre-vingt-quatre hommes noyés dans les rapides du Saint-Laurent. Puis Amherst a fusionné ses forces avec celles qui venaient de Québec et du lac Champlain pour encercler Montréal. 

 

Plus de dix-huit mille hommes convergent vers Montréal par trois voies fluviales : l'armée de Murray et ses trois mille huit cent hommes remontent le Saint-Laurent à partir de Québec, trois mille quatre cent soldats sous le commandement de Haviland passent par la rivière Richelieu venant du Fort Ticonderoga (Fort Carillon), après avoir pris le Fort Chambly et la force principale d’Amherst et ses onze mille hommes arrive par le Saint-Laurent à partir du Lac Ontario et de Fort Frontenac (aujourd’hui Kingston). 

James Murray, gouverneur militaire du district de Québec depuis septembre 1759, ordonne aux armées britanniques de tout brûler sur leur passage, fermes et maisons pour empêcher les miliciens canadiens de rejoindre l'armée française et pour les pousser à la désertion. 

En août 1760, il s’y ajouta la défection prévisible des Sept Nations, au nom du réalisme. 
Ces dernières vivaient dans des « réductions » ou des réserves. Chaque Nation était indépendante, ou selon la métaphore autochtone, avait son propre Feu, avec un Feu principal qui se trouvait à Kahnawake. Leur alliance était fondée sur des liens de parenté, liens selon lesquels les Hurons de Lorette qui détenaient l'honneur le plus élevé, étaient connus comme les oncles et tous les autres groupes étaient des frères. 
Le gouverneur et le Roi de France étaient les pères qui avaient le droit d'arbitrer les différends entre les nations alliées. Les Français entretenaient aussi des alliances dans l'arrière-pays, particulièrement avec la Confédération des Trois Feux, ces nations étant considérées comme des neveux par les Sept Feux. Les négociations avec les nations plus au Nord étaient menées par les Algonquins de Kanesetake, tandis que les négociations avec la Confédération iroquoise à New York étaient menées par les Mohawks de Kahnawake. Avant d'entreprendre une campagne conjointe, entre les Sept Nations et la Nouvelle-France, le gouverneur français et les officiers de haut rang  les visitaient toujours et participaient à la danse de guerre.
C’est ainsi que les Sept Nations avaient participé, en tant qu’alliées des Français, à la guerre de Succession d'Autriche (1744-1748) et aux premières campagnes de la guerre de Sept Ans. Mais en 1760, constatant la force croissante des Anglais, les Sept Nations entreprirent des négociations visant à établir leur neutralité dans le conflit qui opposait les Anglais et les Français. Elles obtinrent les garanties qu'elles demandaient lors du traité d’Oswegatchie d’août 1760, lequel traité était ensuite confirmé par le conseil de leur Feu principal à Kahnawake en septembre de la même année. Cette entente entre le Roi d’Angleterre et les nations indiennes était une bombe à retardement, car il fut, à mon sens, le motif principal de la volonté d’indépendance de la plupart des treize colonies britanniques. 

 

Finalement, le 6 septembre 1760, le Major-General Amherst arriva à̀ Lachine, à proximité immédiate de Montréal. Le même jour, le gouverneur Vaudreuil convoqua un conseil de guerre...

À SUIVRE

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