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Le blog d'André Boyer

UNE SAINTE RÉVOLUTIONNAIRE

30 Avril 2023 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

CHARLOTTE CORDAY

CHARLOTTE CORDAY

La levée de trois cent mille hommes pour affronter l’ensemble des pays européens auxquels la Convention a déclaré la guerre et non l’inverse, engendre de nombreux troubles.

 

Les plus graves éclatent dans le Midi et en Vendée. À Lyon, des affrontements opposent les partisans et les adversaires de la Convention. En Alsace, à Montargis ou à Orléans, on se soulève contre la conscription.

Mais la Convention se sait inexpugnable tant qu’elle dispose du soutien des sans-culottes parisiens et de leurs homologues en province. D’où l’importance stratégique de la crise des subsistances : il ne faut pas perdre le soutien des faubourgs, sinon adieu le pouvoir !

La pénurie de pain entraîne de violentes scènes de pillage et l’apparition de la faction dite des « enragés », dénonciatrice des accapareurs et des spéculateurs.La rue arrache à la Convention des décrets fixant le maximum des prix, dans une atmosphère de conflit exacerbé entre les Girondins et les Montagnards.

Une commission dite de sécurité est chargée de prendre « les mesures nécessaires à la tranquillité publique ».  Elle ordonne le 24 mai 1793 l'arrestation d'Hébert, l'homme fort de la Commune, mais une manifestation de rue aboutit à la libération d'Hébert. C’est dire le pouvoir de la rue parisienne !

Le 2 juin 1793, un nouveau coup de force des sections parisiennes contre la Convention provoque la défaite des Girondins à Paris : à l'aube du 2 juin 1793, rassemblés par Marat, les bataillons d'Hanriot prennent place autour des Tuileries, canons braqués sur le château jusqu’à ce que la Convention se résigne à voter le décret d'arrestation de vingt-neuf de ses membres et de ses deux ministres.

Mais en province, les deux tiers des départements français se soulèvent : à Lyon, le maire montagnard Chalier a été renversé dès le 28 mai. À Marseille, la chasse aux Jacobins est ouverte. Paoli en Corse a pris la tête d’un gouvernement indépendant. Toulon passe aux mains des royalistes le 12 juillet. Bordeaux, fief des Girondins, forme une Commission de Salut Public qui appelait les autres départements à se concerter. Le 13 juin 1793, l'assemblée des départements réunis est convoquée à Caen, où les cinq départements de Normandie levaient une armée fédéraliste. Le mot d’ordre est de former contre Paris une fédération de départements plus ou moins autonomes et égaux. Cette tentative a juste le temps de se constituer qu’elle est prise entre deux feux, les royalistes qui s’appuient sur le succès des Vendéens et les Montagnards qui appellent à la solidarité des républicains.

L’acte de Charlotte Corday, qui poignarde Marat, s’inscrit dans l’atmosphère ou l’indignation fait face à la terreur. Charlotte Corday est la descendante en ligne directe de Pierre Corneille. Issue d’une famille noble et pauvre, elle vit dans une petite maison dans le Pays d’Auge.  En 1791, à 23 ans, elle défend ardemment ses idées constitutionalistes dans un milieu où l’on compte beaucoup de royalistes.

Mais les massacres de nombreux prisonniers à Paris, entre le 2 et le 7 septembre 1792, soulèvent un opprobre quasi général auquel se joint Charlotte Corday qui est révoltée de lire dans l'Ami du peuple, le journal du député jacobin Jean-Paul Marat, l’approbation de ces massacres et l’appel à en faire de même dans toutes les prisons françaises.

Son indignation la convainc de répondre à la violence par la violence, et tout naturellement elle choisit Marat comme cible. Elle se rend à Paris pour le tuer, réussit à forcer sa porte le 13 juillet vers 19 heures, le trouve dans son bain et le poignarde.

Conduite à la Prison de l’Abbaye, l’on découvre un libelle dans lequel elle déclare notamment :

« Déjà le plus vil des scélérats, Marat, dont le nom seul présente l'image de tous les crimes, en tombant sous le fer vengeur, ébranle la Montagne et fait pâlir Danton, Robespierre, ces autres brigands assis sur ce trône sanglant… » 

Transférée le 15 juillet à la Conciergerie, elle est exécutée la 17 juillet.

Le poète André Chénier, qui fut lui-même guillotiné un an après Charlotte Corday, lui a consacré une ode dans laquelleil écrit notamment :

Calme sur l’échafaud, tu méprisas la rage

D’un peuple abject, servile, et fécond en outrage,

Et qui se croit alors et libre et souverain.

La vertu seule est libre. Honneur de notre histoire,

Notre immortel opprobre y vit avec ta gloire,

Seule tu fus un homme, et vengeas les humains.

Tu voulais, enflammant les courages timides,

Réveiller les poignards sur tous ces parricides,

De rapine, de sang, d’infamie engraissés.

Un scélérat de moins rampe dans cette fange.

La vertu t’applaudit.

Charlotte Corday ne s’était pas trompée sur la tournure prise par la Révolution, mais les révolutionnaires n’en avaient cure : le 21 septembre 1794, trois mois après la mort de Robespierre, un décret déclarait Marat « immortel », le fait exhumer et placer au Panthéon. Mais, sic transit gloria mundi, un autre décret annulait trois mois plus tard le décret précédent. Son cercueil était retiré du Panthéon, tous les bustes le représentant étaient brisés et jetés dans les égouts. Ses restes étaient exhumés et placés dans le cimetière de l'église Saint-Étienne-du-Mont.

 

Charlotte Corday était vengée et la Révolution jugée à l’aulne de ses crimes.

 

À SUIVRE

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NOTRE PASSÉ DEMOGRAPHIQUE

26 Avril 2023 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

NOTRE PASSÉ DEMOGRAPHIQUE

Notre révolution démographique résulte directement de l'invention de l'agriculture, au Moyen Orient et sans doute en Chine, il y a dix mille ans.

 

Cette révolution consiste à attendre que les semences produisent des plantes et à s'occuper du troupeau plutôt que de se déplacer en permanence et du coup libérer du temps. Les civilisations de Sumer, mais aussi égyptiennes, Mayas, celles de l'Indus et la civilisation Xia en sont issues.

Au début, ces civilisations sont autonomes, puis elles échangent entre elles des marchandises et rencontrent des nomades. C'est ainsi qu'elles se transmettent les maladies et finissent par s'immuniser.

En dépit des aléas, climatiques ou épidémiques, la population mondiale passe, grâce à l'agriculture de cinq ou dix millions d’individus à trois cents à quatre cent millions d’êtres humains entre la période du Christ et le début du XIVe siècle.

Un évènement terrible se produisit alors en Europe. La peste noire qui infestait les rats, et qui avait déjà sévit en 541 sous Justinien est arrivée de Chine, transmise par les Mongols. Ces derniers assiégeaient Caffa, un port génois sur la Mer Noire et ils auraient transmis la peste aux défenseurs qui l'ont ensuite transporté par bateau à Marseille en novembre 1347. La pandémie s'est ensuite rapidement répandue en Europe le long des routes commerciales, à raison de deux kilomètres par jour.

On estime que 30% à 60% de la population européenne a été anéantie en quelques années. Elle a déstabilisé les pouvoirs religieux et politiques, provoqué des pénuries alimentaires et l'inflation des prix des matières premières. En revanche, la pénurie de main d'œuvre a fait augmenter les salaires et accru la productivité.

Mais il s’est produit ensuite un évènement encore plus terrible: la colonisation de l'Amérique par les Européens a répandu des maladies qui y étaient inconnues, notamment la variole, provoquant une mortalité massive. On estime que la population amérindienne est passée de quatre-vingts millions à la fin du XVe siècle à cinq millions au début du XVIIIe siècle.

Entre 1300 et 1700, la population de la Terre a stagné, entre quatre cents et six cent millions d’habitants. Les taux de natalité et de mortalité sont élevés, du fait des famines et des maladies, avec un tiers des enfants qui meurent avant cinq ans. À partir du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle la population mondiale atteint un milliard d’habitants grâce à l’Europe où le taux de mortalité diminue tandis que le taux de natalité reste élevé :  l’alimentation y est plus abondante et de meilleure qualité, ce qui entraine une plus grande résistance aux maladies. Les Européens ont en effet ramené d’Amérique le maïs, la pomme de terre et les tomates…

Puis la révolution industrielle, avec la mécanisation de la production, entraîne un accroissement de la productivité. Certes, au XIXe siècle, la vie était très pénible pour le plus grand nombre, avec des journées de travail interminables dans des usines sinistres et en logeant dans des taudis surpeuplés.

Tout était réuni pour une nouvelle épidémie exterminatrice, mais la science a été plus rapide que la maladie en permettant d’éradiquer un fléau tel que la variole, ce qui entraine un accroissement de l’espérance de vie, tandis que la natalité reste forte en moyenne. Quant au XXe siècle, en raison des progrès scientifiques de plus en plus rapides et malgré de grands massacres, 16 millions de victimes civiles et militaires lors de la première guerre mondiale, plus de 55 millions durant la seconde guerre et la grippe espagnole qui fit entre 20 et 40 millions de morts à la fin de la guerre première guerre mondiale, la population n’en a pas moins poursuivi sa croissance rapide.

 

Or, en matière démographique, le XXe siècle n’est pas seulement la période pendant laquelle la population mondiale est passée d’un milliard six cent cinquante millions d’habitants en 1900 à six milliards cent millions en 2000. Cette période est aussi celle où les taux de natalité ont diminué alors que leur évolution constitue, pour le XXIe siècle et au-delà, la clé de notre avenir en tant qu’espèce animale.

 

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LE DOUTE AUJOURD'HUI

15 Avril 2023 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

LE DOUTE AUJOURD'HUI

« En tant qu’il affecte ou submerge un individu, sa pensée, ses sentiments, ses actions, le doute le frappe d’un désarroi dont les signes se retrouvent partout » (Saint-Sernin, 1995*)

 

Ce sont les formes actuelles du doute qui nous intéressent ici, sans écarter toutefois le doute d’autrefois. La situation de l’homme, qu’il perçoit comme naturellement  précaire, génère un état lancinant et immuable, le doute antique, que les philosophes se sont employés à décrire pour le réduire, selon deux méthodes: la première, platonicienne, tente de limiter l’incertitude en traçant une frontière entre le domaine fluctuant de l’opinion et celui, plus stable,  des idées et de l’être ; la seconde, d’ordre pratique, cherche à établir dans la conscience un état de quiétude que l’incertitude ne soit pas en mesure d’altérer.

Ces deux méthodes sont reprises et prolongées dans la méditation chrétienne, qui va plus avant dans l’ascèse du doute : elle invite à l’amenuisement du moi ; elle ne cherche pas, comme le scepticisme antique, à susciter à l’intérieur de l’individu un sursaut. Elle veut provoquer un abandon, comme nous dit Fénelon qui décrit Abacus emporté dans les airs par un ange, mais tenu par un seul cheveu. Cette perspective chrétienne vise à installer le levier de l’action, non dans l’individu empirique comme le propose la philosophie antique, mais dans un être transmuté par la conscience de son néant, qui n'en devient de ce fait que plus apte à l’action.

Cette forme de doute proposée par la religion chrétienne changea de visage dans les années 1860, quand se défit la conviction chrétienne que, même si la condition de l’homme restait faible, Dieu connaissait la mesure ultime des êtres.

C’est la « mort de Dieu » qui génère le doute et finalement le nihilisme moderne. En effet, il ne s’agit même plus de nier l’existence de Dieu, mais de considérer qu’il est inutile de faire appel à un Dieu créateur du monde pour comprendre l’Univers, en affirmant que l’homme est capable de le comprendre par ses propres forces.

Curieusement, cette affirmation positive de la puissance de l’homme va engendrer le doute moderne. Le doute chrétien prenait sa source dans la faiblesse de l’homme qui était conjurée par la méditation et l’exercice, tandis que le doute contemporain ne nait pas de l’impuissance de l’homme, mais jaillit au contraire de sa puissance.

Chez Platon, les lois de la nature résultaient de l’action d’un Dieu qui avait voulu que « toutes choses soient bonnes » (Platon, Timée, 30 a). Du coup, pourquoi douter si les idées que nous avons sont celles dont Dieu s’est servi pour confectionner l’Univers ? En somme, Dieu soutenait la géométrie et il suffisait, avec Galilée, de forcer la nature à délivrer son secret sans avoir à renier Dieu.

Mais ce dévoilement de la Nature entrepris depuis Galilée se révèle être aussi un obscurcissement. C'est ce que note Joseph Fourier lorsqu'il observe que « les causes primordiales ne nous sont point connues ; mais elles sont assujetties à des lois simples et constantes, que l’on peut découvrir par l’observation ». Fourier circonscrit ainsi la tâche de la science en la distinguant radicalement d’une recherche, réputée illusoire, de la nature ultime des choses.

Mais il en résulte que c'est à l'intérieur même de la science qu'une interrogation sans réponse s'est installée et que réside finalement le doute. Tant que la Nature était conçue comme l'œuvre de Dieu, le doute intellectuel n'empêchait pas l'espérance d'un dévoilement à la fin des temps. Tout change à partir du moment où apparait l'idée qu'il pourrait y avoir une contingence des lois de la nature (Boutroux, 1874), en d'autres termes que la nature pourrait ne pas avoir de lois. Alors le doute ne serait pas induit par l'homme, il sourdrait de la nature des choses.

La physique du XVIIe siècle a bien unifié l'Univers, mais "elle le fit en substituant à notre monde de qualités et de perceptions sensibles, monde dans lequel nous vivons et nous mourons, un autre monde : le monde de la quantité, de la géométrie réifiée, monde dans lequel, bien qu'il y ait place pour toute chose, il n'y en a pas pour l'homme (1.)

La biologie, depuis trois quarts de siècles, fait pour le vivant ce que la physique classique avait réalisé pour l’Univers : elle le réifie, et, en vertu des mêmes exigences de méthode, elle l'explore et l'exclut.

 

Par-là, elle contribue à donner au doute un nouveau visage.

 

À SUIVRE

 

1 Alexandre Koyré, Études Newtoniennes, Gallimard 1968, pp 42-43.

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TRANCHER LE NOEUD GORDIEN

6 Avril 2023 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

Alexandre tranche le noeud gordien

Alexandre tranche le noeud gordien

La force de m’arracher à l’IECS. J'en ressentais les conséquences affectives, puisque j’étais aussi attaché à son équipe qu’une bonne partie de cette dernière l’était à ma direction.

 

En outre, l’aspect matériel ne m’était pas indifférent. J’avais un salaire de directeur en sus de celui de professeur que j’exerçais toujours. Démissionner, c’était réduire mon salaire de plus de la moitié. Il s’y ajoutait des avantages non négligeables, un bureau de 40 m2 contre un bureau de 7 m2 qui m’attendait, deux secrétaires contre aucune, des crédits de déplacement illimités contre de chiches allocations à marchander avec mes collègues, en d’autres termes les avantages du pouvoir à abandonner.

Mais ce n'était pas nouveau, puisque lors de mes deux précédentes démissions, celle de la Mobil et de la direction du CEPUN, je m'étais déjà résolu à une amputation comparable de salaire et de statut, comme prix consenti de la liberté et du renouveau.

D'un autre côté, comme je l'ai exposé dans mon billet précédent, à cette époque de ma vie, je privilégiais la fonction de professeur que j'aspirais à retrouver pleinement, sur celle de directeur. En outre, j'avais un projet qui me taraudait depuis longtemps, celui d’organiser la création d'une formation à la gestion en Indonésie, puis en Inde et enfin au Brésil, avec toujours l'idée directrice d'offrir à la France et à ses entreprises des cadres francophones et francophiles dans chacun de ces grands pays en cours de développement rapide. Si je gardais la direction de l'IECS, je ne trouverais ni le temps, ni plus fondamentalement l'énergie, pour réaliser ces projets que je chérissais.

Dans le fond de mon cœur, je savais bien que je ne pourrais pas me résigner longtemps au statu quo. Il me fallait décider à bouger, en trouvant un point d'appui psychologique.

Un psychiatre m'y aida, malgré lui.

Ce devait être au mois de mars 1995, je me sentais plutôt mal, anxieux, hésitant, taciturne. Un ami me donna le nom d'un psychiatre dont le cabinet était proche de l'IECS. J'y allais deux fois, durant des après-midis gris, bien en harmonie avec mon humeur. Il en allait de même pour le psychiatre, gris aussi, petit, grognon.

Naturellement, il me fit parler et en particulier de mon adolescence et nous en vînmes à mes déplacements bimensuels entre Nice, où se trouvait mon lycée et Puget-Théniers, résidence de mes parents. Je racontais tout le mal que je pensais du déplacement dans un autocar orange dans lequel flottait une odeur tenace de vomi. Il en déduisit audacieusement que j'exprimais ainsi ma réticence à rejoindre Puget-Théniers, donc ma mère que je ne supportais pas, d'après lui.

Ces déductions me parurent aussi péremptoires que déplacées. Quand il mit fin à la deuxième séance, je lui indiquais in petto qu'elle serait la dernière car il m'était antipathique. Je revins en colère à l'IECS, une colère qui se retourna rapidement contre moi-même : étais-je tombé si bas qu'il fallait que je m'impose une psychothérapie aussi fumeuse ? J'en concluais que je me mettais en danger en acceptant de vivre dans un état psychique aussi précaire et qu'il était grand temps de partir. Ainsi, grâce à ce psychiatre avec qui le dialogue m'avait paru si pitoyable, j'avais tranché en quelques dizaines de minutes le nœud gordien qui m'obsédait depuis si longtemps.

Dès le lendemain, j'informais mes proches de ma décision, cette fois-ci irrévocable et proche. Dans mon esprit, elle devint rapidement une question de survie, comme je l'avais ressenti quelques fois dans ma vie, la marquant telles des bornes d'orientation qui m'avaient fait prendre le bon chemin par un sursaut vital instinctif, quoique longuement ruminé.

Je venais de trancher le nœud gordien, une résolution à laquelle il faut se convaincre sans fébrilité et en s'appuyant sur une détermination profonde, car cela allait tanguer, dans l'IECS, à l'IAE de Nice où j'allais revenir, chez mes proches bien sûr et dans ma tête surtout.  

 

Car il restait à régler les détails, à savoir la date de la mise en œuvre de ma décision, donc la procédure du passage de témoin, et surtout le nom de mon successeur.

Je ne fus pas déçu, ce fut homérique.

 

À SUIVRE 

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BORDEAUX SOUS LA TERREUR

1 Avril 2023 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

BORDEAUX SOUS LA TERREUR

Voici ce qui se passa à Bordeaux, après la mort du roi, selon le témoignage de la marquise de la Tour du Pin :

« La ville de Bordeaux, animée par les Girondins qui n’avaient pas voté la mort du roi, était en état de demi-révolte contre la Convention. Mais Bordeaux ne possédait pas, loin de là, l’énergique courage de la Vendée (…) Pouvait-on présumer qu’une ville de 80000 âmes se soumettrait sans résistance à 700 misérables, appuyés par deux canons seulement, tandis qu’une troupe d’élite, composée de tous les gens les plus distingués de la ville, était rangée derrière une nombreuse batterie en avant de la porte ? »

Pourtant, le matin du 13 septembre 1793, « l’armée révolutionnaire » entra dans Bordeaux…

La marquise de la Tour du Pin poursuit son récit :« Moins d’une heure après, tous les chefs fédéralistes étaient arrêtés et emprisonnés. Le tribunal révolutionnaire entra aussitôt en séance et il siégea pendant six mois, sans qu’il se passât un jour qui ne vit périr quelque innocent.

La guillotine fut établie en permanence sur la place Dauphine.

« La terreur dans la ville était telle qu’un ordre ayant été placardé prescrivant aux détenteurs d’armes, de quelque nature qu’elles fussent, de les porter avant midi du lendemain, sur la pelouse du Château-Trompette, sous peine de mort, on vit passer dans les rues des charrettes où chacun allait jeter furtivement celles qu’il possédait, parmi lesquelles on en remarquait qui n’avait pas servi depuis deux générations. On les empila toutes sur le lieu indiqué, mais il ne vint à personne la pensée qu’il eut été plus courageux d’en faire usage pour se défendre. » 

La Terreur a aussi inventé les cartes de rationnement, qui ont fini par couter la vie à Robespierre et ses amis :

« Le jour même de l’entrée des représentants du peuple, on avait publié et affiché ce que l’on nomma le maximum. C’était une ordonnance en vertu de laquelle toutes les denrées, de quelques natures qu’elles fussent, étaient fixées à un prix très bas, avec interdiction, sous peine de mort d’enfreindre cette ordonnance »

Que produisit donc ce blocage des prix, peine de mort ou pas peine de mort ? : « Il en résulta que les arrivages cessèrent à l’instant. Les marchands possesseurs de grains les cachèrent plutôt que de les vendre à meilleur marché qu’ils ne les avaient achetés, et la famine conséquence naturelle de cette interruption des échanges fut imputée à leur incivisme. »

« On nomma alors, dans chaque section, un ou plusieurs boulangers chargés de confectionner du pain, et ils reçurent l’ordre formel de n’en distribuer qu’à ceux qui seraient munis d’une carte délivrée par la section. Il en fut de même pour les bouchers. On fixa la quantité de viande, bonne ou mauvaise, à laquelle on avait droit quand on était muni d’une carte semblable à celle destinée au boulanger. Les marchands de poisson, d’œufs, de fruits et de légumes abandonnèrent les marchés. Les épiciers cachèrent leurs marchandises, et l’on ne pouvait obtenir que par protection une livre de café ou de sucre.

On aura peine à croire à un tel degré d’absurdité et de cruauté, et surtout qu’une grande ville tout entière se soit docilement soumise à un pareil régime. Le pain de section, composé de toutes espèces de farine, était noir et gluant, et l’on hésiterait maintenant à en donner aux chiens. »

La marquise de la Tour du Pin décrit aussi les manifestations contre l’Église:   

«La Terreur était à son comble à Bordeaux. L’horrible procession qui marqua la destruction de toutes les choses précieuses possédées par les églises de la ville venait d’avoir lieu. On rassembla toutes les filles publiques et les mauvais sujets. On les affubla des plus beaux ornements trouvés dans les sacristies de la cathédrale, de Saint-Seurlin, de Saint-Michel, églises aussi anciennes que la ville et dotées, depuis Gallien, des objets les plus rares et les plus précieux. Ces misérables parcoururent les quais et les rues principales. Des chariots portaient ce qu’ils n’avaient pu mettre sur eux. Ils arrivèrent ainsi, précédés par la Déesse de la Raison, représentée par je ne sais quelle horrible créature, jusque sur la place de la Comédie. Là, ils brûlèrent, sur un immense bûcher, tous ces magnifiques ornements. »

 

Ces faits n’étaient pas propres à Bordeaux, Ils eurent lieu aux quatre coins de la France.

 

À SUIVRE

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