SAUDI'S ARABIA BOSS
26 Juin 2017 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ
J’ai publié en janvier et février 2016 cinq articles sur la politique suivie par l’Arabie Saoudite, dont un article sur la structure de son pouvoir. Je vous propose ci-après une remise à jour de ce dernier article, compte tenu des derniers événements dynastiques.
Par décret royal, le mercredi 21 juin 2017, le roi d’Arabie Saoudite, Salman ben Abdelaziz Al Saoud, a nommé son fils, Mohammed Ben Salman Al Saoud, prince héritier, à la place du prince Mohammed Ben Nayef. Il s’agit de la toute dernière étape avant que Mohammed Ben Salman, appelons-le MBS, ne devienne Roi.
Pour le moment, en apparence, le Roi reste Salmane ben Abdelaziz Al Saoud, qui a succédé à son demi-frère Abdallah début 2015. Sixième fils du fondateur de la dynastie, Abdelaziz ben Abderrahmane Al Saoud, il est devenu le septième roi d'Arabie saoudite, après le fondateur et ses cinq frères ou demi-frères.
Il est vrai que la famille Saoud détient le pouvoir en Arabie Saoudite depuis 1744, lorsqu’elle a réussi à soustraire l’oasis de Dariya, prés de Riyad, de l'emprise de l'empire ottoman et des chérifs de La Mecque. Si les descendants du premier fondateur de la dynastie, Mohammed ben Saoud Al Mouqrin, sont au nombre d’environ vingt mille princes et princesses de sang, seuls les descendants directs d’Abdelaziz ben Abderrahmane Al Saoud dit Ibn Saoud (1880-1953), fondateur du royaume d'Arabie saoudite actuel, ont droit au titre d’altesse royale.
La règle de succession dynastique traditionnelle des tribus arabes prévoit la transmission du pouvoir aux frères puis aux demi-frères du roi par rang d'âge, l'héritier étant ensuite confirmé par le conseil de famille. Selon ces principes, six enfants mâles du roi se sont succédés depuis sa mort, mais une nouveauté a été introduite par le roi Fahd en 2006, qui redoutait l'influence grandissante des membres du clan des Soudayris dont il ne faisait pas partie. Le Roi Fahd décida de créer un Conseil d’allégeance pour diluer l’influence des Soudayris en incluant plus de personnes dans le processus décisionnel et il ouvrit la loi de succession à la génération des cinq cent petits-fils d’Ibn Saoud.
Le prince héritier doit désormais être choisi par ce Conseil d'allégeance, qui comporte trente-cinq membres de la famille royale représentant les principales branches de la famille, dont les Soudayris et les Chammars qui en constituent les clans les plus puissants.
Mais les attentes du Roi Fahd ont été déçues car, lorsque le Conseil d’allégeance s’est réunit pour la première fois, il a désigné un Soudayri, Nayef ben Abdelaziz Al Saoud, puis lorsque ce dernier est mort à son tour, le Conseil a encore désigné un Soudayri, le prince Salman ben Abdelaziz Al Saoud, comme prince héritier le 18 juin 2012.
C’est ce dernier qui est devenu le Roi, le 23 janvier 2015, sans vraiment détenir le pouvoir, car il semble qu’il ait été atteint par la maladie d’Alzheimer avant même de devenir roi. Le vrai détenteur du pouvoir reste le clan Soudayri, qui l’a à son tour confié à un jeune homme, âgé d’à peine trente et un ans, Mohammed ben Salman Al Saoud (MBS), le cadet d’une des trois femmes du roi Salmane, elle-même une Soudayri.
Parachevant cette prise de pouvoir, MBS vient d’être désigné Prince Héritier par le roi, désignation approuvée par 31 des 34 membres du Conseil d'allégeance. Ce titre s’ajoute aux multiples fonctions régaliennes qu’il occupe déjà : il est Vice-Premier ministre, en réalité Premier Ministre puisque c’est le Roi qui est traditionnellement le Premier Ministre, il est Ministre de la Défense, Président du Conseil économique et du développement (en d’autres termes, Ministre de l’Économie et des Finances), Conseiller spécial du Roi et Directeur du Cabinet Royal!
Tout cela à 31 ans, soit huit ans de moins que le Président Macron…
Il est donc aisé de comprendre qui est l’auteur des décisions brutales prises par l’Arabie saoudite depuis le début 2015, puisque depuis la prise du pouvoir de MBS sur l’Arabie Saoudite, le Royaume s’est lancé dans une politique d’agressions tous azimuts, en prenant quasiment le contrôle militaire de Bahreïn, en se lançant dans une guerre brutale au Yémen, en menaçant désormais le Qatar, tout en proclamant haut et fort que l’Iran, la première puissance de la région, est son ennemi juré.
On est donc fondé à suivre avec attention la voie périlleuse qu’emprunte l’Arabie Saoudite entre les mains téméraires de MBS…